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À qui profite l’accord entre l’Algérie et la France sur l’échange de jeunes actifs ?

À qui profite l’accord entre l’Algérie et la France sur l’échange de jeunes actifs ?

L’Algérie a ratifié l’accord avec la France portant sur les échanges des jeunes actifs entre les deux pays conclu en octobre 2015 dans le cadre des travaux de la 3e session du Comité mixte économique franco-algérien (Comefa).

Cet accord, qui vise à encourager les échanges entre les deux pays, s’applique aux jeunes actifs algériens ou français âgés de plus de 18 ans et de moins de 35 ans qui entrent « dans la vie active ou ayant une expérience professionnelle ».

Selon le texte, il s’agit de jeunes « qui se rendent sur le territoire de l’autre État pour approfondir leur connaissance et leur compréhension de cet État et de sa langue, ainsi que pour améliorer leurs perspectives de carrière grâce à une expérience professionnelle dans l’autre État sans que leur soit opposée la situation de l’emploi ».

200 jeunes actifs par année 

Deux « catégories » de jeunes actifs sont concernés par cet accord bilatéral : ceux « temporairement recrutés dans le respect des procédures de recrutement prévues à cet effet et rémunérés par une entreprise ou une institution établies sur le territoire de l’État d’accueil, en partenariat avec un employeur de leur État », puis ceux qui effectuent « sur la base d’une indemnité, une mission ou un détachement auprès d’implantations, de représentations dans l’État d’accueil ou d’entreprises de l’un des deux États ».

En outre, le texte précise que « les jeunes actifs doivent être titulaires d’un diplôme correspondant à la qualification requise pour l’emploi offert ou posséder une expérience professionnelle dans le domaine d’activité concerné ». Le nombre de bénéficiaires du dispositif est toutefois limité puisqu’il ne doit pas dépasser 200 par an dans chacun des deux pays.

Enfin, la durée autorisée de l’emploi « dans l’État d’accueil » est comprise entre six et douze mois. Toutefois, elle peut éventuellement faire l’objet d’une ou plusieurs prolongations, la durée totale du séjour ne pouvant excéder 24 mois, prévoit le texte de l’accord.

« Avant leur départ, les jeunes actifs concernés doivent s’engager à ne pas occuper un autre emploi, ni à poursuivre leur séjour à l’expiration de la période autorisée », prévoit d’ailleurs le texte.

Répondre aux besoin des entreprises françaises en Algérie 

Cet accord a été conçu par la France dans le but de relancer la mise à disposition de volontaires internationaux en entreprises (VIE) -dispositif non reconnu en Algérie- au sein des 450 entreprises françaises installées en Algérie.

Pour rappel, le Volontariat International en Entreprises (V.I.E), créé en 2000, permet aux entreprises françaises de confier à un jeune jusqu’à 28 ans, une mission professionnelle à l’étranger durant une période de 6 à 24 mois, renouvelable une fois.

Dans son rapport de juillet 2017, la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française indique que l’accord « répond essentiellement à une demande formulée par les entreprises françaises implantées en Algérie qui souhaitent pouvoir employer des volontaires internationaux en entreprises (VIE), pratique qui a été abandonnée depuis 2013 en raison de la difficulté à obtenir des visas algériens, mais aussi envoyer de jeunes cadres algériens qu’elles emploient se former en France »

Les entreprises françaises souhaitent également avoir la possibilité d’envoyer en formation en France de jeunes cadres algériens « appelés à exercer un jour des fonctions de direction dans leurs filiales en Algérie ».

Accord à sens unique, contrôle migratoire : les critiques en France 

Au moment de l’examen puis de l’adoption du texte de l’accord en juillet 2017 par le Parlement français, certains élus s’étaient inquiétés des conséquences d’un tel échange.

La présidente du Front National, Marine Le Pen, avait souligné les failles d’un tel accord en matière de contrôle. « Sur le fond, qu’il puisse y avoir des échanges sur la formation n’est pas choquant, même si je vois que c’est le ministère de l’Immigration qui est en charge de cela. J’ai quand même quelques interrogations. On nous dit que ces jeunes repartiront dans leur pays d’origine, mais qui va contrôler ce retour ? (…) Ne faut-il donc pas poser des conditions plus strictes pour s’assurer du retour des jeunes actifs dans le pays d’origine et pour que les chiffres ne puissent pas être augmentés sur simple déclaration ? ».

De son côté, Jean-Luc Mélenchon, leader de la France insoumise, avait rappelé que l’Algérie n’était pas « seulement un marché », et qu’elle ne verrait pas forcément d’un bon œil l’arrivée de jeunes diplômés français qualifiés dans le pays. « Il est normal que l’Algérie, qui a un taux de chômage élevé, voie de façon critique l’arrivée de jeunes cadres de France, très qualifiés et peu payés compte tenu de leur niveau. Ce sont plutôt ces restrictions qu’il faut craindre ! ».

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