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Abdennour Ali Yahia : un siècle au service de l’Algérie

Abdennour Ali Yahia : un siècle au service de l’Algérie

Abdennour Ali Yahia, figure incontournable de la lutte pour les droits humains et politiques en Algérie, a tiré sa révérence ce dimanche 25 avril à l’âge de cent ans.

Une longue vie qu’il a consacrée à son pays, pour la cause de sa libération du colonialisme d’abord, pour celle de sa construction et sa démocratisation ensuite.

Né en janvier 1921 dans la commune d’Aït Yahia (wilaya de Tizi-Ouzou), Abdennour Ali Yahia n’a pas cessé de lutter, que ce soit avant ou après l’indépendance du pays. Son dernier combat est celui pour le respect des droits humains en Algérie et la démocratisation du système politique qu’il a mené jusqu’à la fin de ses jours.

Instituteur de formation, Abdennour Ali Yahia devient militant très tôt dans sa vie en rejoignant le Parti du peuple algérien (PPA) puis le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD).

En 1955, il s’oriente vers le syndicalisme et participe à la fondation de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA). Il est arrêté en 1957 par l’armée coloniale suite à la grève générale de janvier et passe trois ans en prison.

À l’indépendance du pays, M. Ali Yahia choisit d’entrer dans la vie politique en devenant député de Tizi-Ouzou au sein de l’Assemblée constituante de 1962. Il prend fait et cause, en Kabylie, pour la rébellion de Hocine Aït Ahmed en septembre 1963, puis se range à la position de Ben Bella et accède au comité central du FLN en avril 1964.

En 1965, après le coup d’État du 19 juin, Abdennour Ali Yahia est nommé le 10 juillet par le colonel Boumediene comme ministre des Travaux publics et des Transports, avant de devenir ministre de l’Agriculture et de la Réforme agraire en 1966 puis de quitter le gouvernement en mars 1968.

Se lançant dans des études de droit, M. Ali Yahia devient avocat à la Cour d’Alger et à la Cour suprême. Il est arrêté en 1983 et emprisonné jusqu’en 1984. Il est l’un des fondateurs de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH) en 1985.

En 1992, il s’oppose à l’interruption du processus électoral. La droiture de ses convictions le mène à défendre également les droits des membres du Front islamique du salut (FIS). Les critiques dont il fait l’objet ne le perturbent pas dans sa position de défense des droits humains et non d’un projet politique ou idéologique.

« Tourner la page de la dictature »

En 1995, il est l’un des principaux acteurs de la plateforme de Sant’Egidio visant à trouver une solution pacifique et politique à la guerre civile dont l’Algérie est victime.

En 2011, Ali Yahia Abdennour se joint à l’appel de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) dans un contexte de Printemps arabe.

« Si l’on ne laisse pas le changement s’opérer pacifiquement, il y a un risque à ce qu’il se produise par la violence », soutient-il alors, soulignant la nécessité de « tourner la page de la dictature » et estimant que « l’Algérie indépendante est devenue une copie de l’Algérie coloniale ».

En mai 2019, trois mois après  le début du Hirak du 22 février, M. Ali Yahia appelle, dans une lettre ouverte signée conjointement avec Ahmed Taleb-Ibrahimi et Rachid Benyelles, le haut commandement de l’ANP à « nouer un dialogue franc et honnête avec des figures représentatives du mouvement citoyen ».

« Par leur caractère massif et strictement pacifique, les manifestations grandioses de ces treize dernières semaines ont forcé l’admiration du monde entier et nous ont rendu notre dignité trop longtemps bafouée, comme elles nous ont permis de recouvrer notre fierté d’appartenir à une grande nation », affirme notamment la lettre ouverte.

Fidèle à ses convictions quant aux droits de tous les citoyens, il signe en décembre 2019 une lettre appelant à ne pas empêcher les Algériens de voter, considérant la présidentielle du 12 décembre imposée par le pouvoir.

M. Abdennour Ali Yahia appelle notamment à « ne pas empêcher l’exercice par d’autres citoyens de leur droit à s’exprimer librement malgré les divergences d’approche et des positions politiques. De même, le devoir de tout un chacun implique d’éviter tout dépassement et de ne pas répondre aux provocations d’où qu’elles viennent ».

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