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Affaire Leila Aïchi : récit d’une semaine très polémique

Affaire Leila Aïchi : récit d’une semaine très polémique

Contestée par le Maroc, Leila Aïchi, candidate franco-algérienne investie par la République En marche (REM) pour les législatives dans la 9e circonscription des Français de l’étranger (Afrique du nord et de l’Ouest) a finalement renoncé à se présenter. Retour sur une semaine très polémique.

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Parachutée par le MoDem

Le jeudi 11 mai, quatre jours après l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République française, son mouvement dévoile la liste des candidats aux législatives de juin. Parmi eux, figure Leila Aïchi, sénatrice MoDem (le parti de François Bayrou, un des principaux soutiens de Macron). La présence d’une candidate du parti de François Bayrou est le fruit de tractations menées par le MoDem avec En Marche pour obtenir des circonscriptions.

Mais cette annonce va provoquer l’ire du comité du mouvement au Maroc pour d’autres raisons. Le comité de soutien local, « la République En Marche Maroc » refuse alors de soutenir la candidate en raison de positions supposées « pro-Polisario », et indique suspendre sa campagne.

Des positions qui fâchent le Maroc

En réalité, Leila Aïchi se voit aujourd’hui reprocher des propos tenus en février 2013 à la suite d’un colloque au Sénat sur « Les droits de l’Homme au Sahara occidental », qu’elle avait accepté de parrainer. « Le Sahara occidental et ses habitants subissent l’occupation marocaine depuis près de quarante ans », déplorait alors la sénatrice.

Dans une interview au journal El Watan, elle rappelait également que « le Sahara occidental n’appartient pas au Maroc, c’est un territoire dont le statut juridique n’est pas encore tranché ». À l’époque, cette voix dissonante à la diplomatie française (qui soutient historiquement la position marocaine) et l’organisation d’un tel colloque avaient manifestement irrité les autorités marocaines.

En France, En Marche ! observe le silence sur l’affaire. Pour tenter de mettre un terme à cette polémique et à des allégations qu’elle juge mensongères, Leila Aïchi a publié, le 16 mai, un communiqué dans lequel elle nuance ses propos et dément « être pro-Polisario et défendre des positions hostiles au Maroc ». « Élue de la République, je n’ai aucune relation d’assujettissement envers une puissance ou des intérêts étrangers », ajoute-t-elle afin de mettre un terme aux accusations de parti pris pour l’Algérie d’où sa famille est originaire.

Sur la question du Sahara occidental, elle affirme soutenir « fermement la recherche d’une solution juste, durable et mutuellement agréée, sous l’égide des Nations unies ».

Tambouille politicienne derrière la polémique

Leila Aïchi tente même de dédouaner le Maroc. Pour la principale intéressée, il n’y a pas de doute sur l’origine de cette polémique. Elle a « été orchestrée par un candidat à la 9e circonscription des Français de l’étranger qui a été agacé de ne pas avoir été sélectionné par La République en marche ! et qui a tenu des propos complètement stériles à mon égard », explique-t-elle dans une interview accordée à Jeune Afrique le 17 mai.

Elle fait ainsi référence à M’jid El Guerrab, franco-marocain, ancien chef du service de presse de la Caisse des dépôts, et soutien d’Emmanuel Macron. Selon le Huffpost, il a même accompagné Emmanuel Macron lors de ses déplacements en Tunisie et en Algérie, respectivement en novembre 2016 et en février dernier. « Les élections créent des frustrations. Ce sont des techniques de tambouille politicienne, une tentative de déstabilisation alors que les désignations de candidats pour les législatives seront closes demain », confie Leila Aïchi au journal Le Monde le 16 mai.

Pression des lobbys pro-marocains à Paris

Pendant ce temps, et alors que la presse marocaine outrée voit l’investiture de cette candidate comme une provocation, le lobby pro-marocain s’active à Paris. Le cercle Eugène Delacroix, qui regroupe des élus français pro-Maroc s’insurge : « Nous, élus du Cercle Eugène Delacroix sommes profondément choqués d’apprendre l’investiture de Madame Leila Aichi (.…). Madame Aichi n’a eu de cesse d’entretenir des relations de connivence avec l’insignifiant groupe Polisario en vue de déstabiliser la relation séculaire qui unit la France et le Royaume du Maroc », peut-on lire dans un communiqué en date du 11 mai.

Dans une interview accordée à Atlasinfo le 16 mai, « l’ami du Royaume » Jack Lang, président de l’Institut du monde arabe (IMA), et ancien ministre, critique vivement l’investiture de Leila Aïchi. « Ce ne serait pas acceptable qu’une personne qui professe des opinions anti-marocaines sur le Sahara soit soutenue par le principal mouvement politique en France ». Il précise en outre avoir saisi les plus hautes autorités de l’État pour demander son retrait. Le même jour, l’ex-ministre s’entretient avec la candidate qui lui réaffirme qu’elle n’a « jamais tenu de propos insultants envers le Maroc ».

Aucun candidat En Marche ! dans cette circonscription

Presque une semaine après le début de cette crise, Leila Aïchi a été retirée de la liste des candidats de « la République en Marche ». Quant à M’jid El Guerrab, il est bien investi dans la 9e circonscription des Français de l’étranger, mais ne figure pas sur la liste du parti du président Macron.

Aucun nom de candidat n’a d’ailleurs été mentionné par le parti pour cette circonscription qui compte 107 788 électeurs inscrits, dont 32% vivent au Maroc selon Jeune Afrique.

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