Économie

Agriculture algérienne : Tebboune veut plus et plus vite

Le président Abdelmadjid Tebboune a souligné ce mardi 28 février l’ « importance extrême », qu’il accorde à l’agriculture pour garantir la sécurité alimentaire à l’Algérie.

« Notre indépendance est liée aux hydrocarbures, certes, mais elle est surtout liée à l’agriculture. Le jour où notre agriculture contribuera au PIB à hauteur de 30 %, on aura franchi une autre étape. Ce jour-là, que le pétrole subsiste ou pas, ce ne sera pas important ».

Par cette phrase, le président Abdelmadjid Tebboune a exprimé l’ « importance extrême », qu’il accorde à l’agriculture « en tant que secteur stratégique » pour l’Algérie.

Le chef de l’État s’exprimait à l’ouverture des assises nationales sur l’agriculture, tenues ce mardi 28 février au Palais des nations à Alger sous le slogan : «  Agriculture, pour une sécurité alimentaire pérenne ».

Le développement de l’agriculture algérienne est déjà sur la bonne voie, suivant les quelques chiffres dévoilés par le président de la République dans son intervention.

En 2022, la production agricole a bondi en valeur de 38 % par rapport à 2021, passant de 3500 milliards de dinars (25 milliards de dollars) à 4550 milliards de Da (33 milliards de dollars).

Avec 14 %, l’agriculture est aujourd’hui le deuxième secteur contributeur au PIB algérien, après les hydrocarbures (24 %). Il emploie en outre 2,7 millions de travailleurs et couvre 75 % des besoins du marché national en produits agricoles.

Les chiffres sont éloquents, le président Tebboune en est satisfait, mais il veut plus et surtout une meilleur cadence du développement car, estime-t-il, l’Algérie a tous les atouts pour disposer d’une agriculture plus performante.

Surtout que, paradoxalement, ce sont les filières les plus stratégiques qui présentent les plus faibles taux de couverture des besoins du pays, comme la céréaliculture, et les filières laitière et de production de viandes. Pour les deux premières filières, l’Algérie est toujours un importateur net de ces produits de première nécessité.

Tout en reconnaissant qu’il n’y a jamais d’ « autosuffisance totale », Abdelmadjid Tebboune a souligné néanmoins que certains produits agricoles stratégiques doivent impérativement être produits à 100 % localement.

La marge de manœuvre de l’agriculture algérienne est dans ces vastes terres inexploitées, des rendements encore faibles notamment dans la céréaliculture, et des divers atouts tant naturels que techniques.

Dans le sud du pays, où les terres sont « vastes et plates », l’eau est à seulement 50 mètres du sol, a-t-il relevé, rappelant aussi que l’Algérie dispose de 87 barrages fonctionnels, d’instituts d’agronomie…

Garantir la sécurité alimentaire de l’Algérie : Tebboune avance une échéance

Mais des insuffisances subsistent. D’abord dans la remontée de l’information, avec des chiffres qui ne reflètent pas toujours la réalité, a déploré le président de la République.

Si les chiffres d’aujourd’hui sont exacts, cela n’a pas toujours été le cas par le passé, où des données « approximatives » ou carrément erronées, ne permettaient pas de prendre les bonnes décisions concernant les stratégies à mettre en place ou les exportations.

Exemple : on a toujours parlé de 3 millions d’hectares emblavés chaque année dans la céréaliculture et les nouvelles statistiques ont révélé qu’on n’a jamais dépassé 1,8 million d’hectares.

Ou encore : il est arrivé que le cheptel ovin national soit évalué jusqu’à 29 millions de têtes, mais il s’est avéré qu’il ne dépasse pas les 19 millions de têtes.

Comme il le fait presque à chacune de ses sorties, Abdelmadjid Tebboune a insisté sur la numérisation, qui ne doit pas épargner le secteur agricole afin d’avoir des données fiables et exactes.

La plus stratégique de toutes les filières, la céréaliculture, a eu la part du lion dans l’intervention du président de la République.

L’Algérie consomme annuellement 90 millions de quintaux de céréales, mais ne produit pas la moitié de cette quantité. Les rendements moyens demeurent très faibles, environ 23 quintaux à l’hectare.

Or, le « rendement qu’il nous faut », c’est 30 à 35 quintaux à l’hectare. « À l’étranger, on ne comprend pas que l’Algérie, avec tous les atouts dont elle dispose, continue à importer des céréales », a-t-il dit.

La situation n’est pas due à de la « nonchalance », mais au « manque de fermeté », appelant à « appliquer strictement les instructions ».

En septembre dernier, le président Tebboune avait appelé à « moderniser les techniques et les mentalités ».  Il insiste encore sur la nécessité de rompre avec cette habitude de voir dans l’agriculture une simple perpétuation des « traditions », pour en faire un investissement « scientifique et étudié ».

En 2023, a-t-il dit, il faudra en finir avec tous ces problèmes de foncier et de propriété.

L’Algérie doit faire plus vite dans le développement de son agriculture car, a mis en garde le président Tebboune, si la situation géostratégique mondiale demeure ce qu’elle est, des pénuries de produits alimentaires risque de survenir dans le monde.

Or, aucun État ne peut maintenir  la souveraineté de sa décision s’il dépend des autres pour son alimentation, a-t-il souligné.

Bien que certaines filières ne couvrent pas la totalité des besoins, Abdelmadjid Tebboune s’est montré globalement satisfait des performances réalisées grâce aux « recettes » précédemment données.

Surtout, le chef de l’État s’est montré très optimiste quant à la possibilité d’atteindre les objectifs escomptés. « Nous ne sommes pas très loin de garantir notre sécurité alimentaire », s’est-il félicité.

Le président Tebboune a même  parié sur une échéance pour réaliser définitivement l’objectif : « Si on n’y arrive pas en 2024 ou 2025, alors considérez que je suis en train de vous mentir ».

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