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Alger, au lendemain de la grande mobilisation contre le 5e mandat

Alger, au lendemain de la grande mobilisation contre le 5e mandat

Au lendemain des marches populaires à Alger contre le 5e mandat que brigue le président Bouteflika et pour le changement de régime, un léger dispositif policer est maintenu dans les principales artères de la capitale, envahie comme chaque samedi par une foule bigarrée de jeunes et moins jeunes venus faire leurs courses.

Des policiers anti émeutes sont positionnés sur le boulevard Mohamed V et près de l’esplanade de la Grande poste. Ce petit déploiement policier ne dérange pourtant pas les Algérois et les visiteurs, qui profitent pleinement d’une journée ensoleillée.

La place Maurice Audin, qui a été submergée vendredi pour la deuxième grande mobilisation populaire contre le 5e mandat, a retrouvé ce samedi 2 mars son habituelle animation : beaucoup de clients attablés aux terrasses des cafés, et prennent le temps de profiter du climat printanier, les boutiques mitoyennes sont pour certaines envahies de clientes, venues faire de bonnes affaires.

La rue Didouche Mourad, envahie vendredi par des milliers de manifestants, offre quant à elle cet aspect calme et serein d’une artère très commerçante, avec les nombreuses boutiques de franchises internationales de l’habillement et du prêt à porter.

Une ambiance tout à fait habituelle pour ce quartier du centre de la capitale, devenu cependant le lieu de regroupement, depuis le vendredi 22 février, des manifestants et partisans anti 5e mandat.

« Hier j’ai manifesté. Je suis sortie comme les autres Algériens et Algériennes pour dénoncer le 5e mandat », explique une jeune fille, qui se dit « fière » et « contente » d’avoir manifesté (contre le 5e mandat).

« Globalement, cela s’est bien passé, à part les tirs de lacrymogène près de l’École des Beaux-arts. Mais dans l’ensemble, cela s’est bien passé, il y avait des familles, la sécurité…. ».

Un jeune, sur le chemin de la bouche de métro de Tafourah, déplore de ne pas avoir participé à la marche de vendredi 1 mars. « Mais, vendredi prochain, j’y serai. Nous voulons tous que le régime change », lance t-il avant de s’engouffrer dans la bouche de métro.

J’ai dit à Rebrab : « c’est toi normalement, le président »

Ambiance calme par ailleurs à la rue Larbi Ben M’hidi, une des grandes artères commerçantes du centre-ville. Là également, aucune trace du passage la veille de dizaines de milliers de manifestants, qui sont ensuite montés vers le Palais du Gouvernement ou vers la Place Audin par le tunnel des Facultés.

Des jeunes, qui avaient participé à la manifestation, discutent bruyamment de leur rencontre avec l’industriel Algérien Issad Rebrab.

« On a dit à Rebrab qu’on te fera président. C’est toi qui devrais être normalement le président du pays », raconte à ses amis un des jeunes sa rencontre avec le patron de Cevital, qui a manifesté contre le 5e mandat. « Je lui ai dit : nous les jeunes, on compte sur toi ».

Au début de la rue Debbih Chérif, qui serpente, à partir de l’ex-rue de la Lyre, en méandres jusqu’à Soustara, le fief des fans de l’USM Alger, l’activité des « delalates », ces femmes qui ont fait de la vente à la sauvette de bijoux et d’or cassé leur gagne-pain, semble toujours florissante.

Les revendeurs « masculins », eux, ont de petites tables pliables, qui sont posées devant l’entrée des immeubles, et proposent différents articles de bijouterie. Une activité prohibée, mais tolérée par la police.

C’est la basse Casbah, avec ses activités commerciales plus ou moins tolérées, à la limite de la régularité. C’est surtout de ce quartier d’où les manifestants ont transité de Bab El Oued vers la Grande Poste et le Palais du Gouvernement.

Là, on rencontre des jeunes, vivotant de petits métiers, qui ont marché vendredi 1 mars pour « le changement de régime », et  »le départ de Bouteflika ».

Ali A. accuse ouvertement : « c’est Eddoula (l’État) qui est derrière les baltaguias, qui sont responsables de la casse en fin de manifestation ».

Parlant des incidents qui avaient visé l’hôtel El Djazair, et les affrontements avec les forces de police, il explique : « la marche s’est bien passée. Mais, il y a eu des troubles à la fin. Ce sont des Baltaguias de l’état, ils ont voulu casser la marche ». « Nous, on a dit à ces jeunes de ne pas suivre le régime, car tôt ou tard, il se retournera contre vous ».

« Nous sommes allés à cette manifestation avec nos amis de la Casbah, de Bab El oued, de la Place des Martyrs. On est allé tous la main dans la main, on veut que le régime change’ », poursuit Ali. « Moi, j’ai 34 ans. J’ai vécu 14 ans de terrorisme, et 20 ans de Bouteflikisme ». « On espère que notre pays se réveille, qu’il soit de nouveau en fleurs, c’est le meilleur dans le monde ».

Samedi, journée sandwich

Direction place du 1er mai et ses grands ensembles de bâtiments, un quartier tentaculaire, entre le haut de Mustapha, Belouizdad, Hassiba Ben Bouali, l’avenue de l’ALN et vers les Annassers par le sud.

Là, on rencontre des jeunes, qui semblent encore revivre la manifestation, la seconde en une semaine, contre le 5e mandat.

Contents du caractère pacifique des deux précédentes manifestations, ils sont unanimes à affirmer que « vendredi prochain, on y sera ».

À Bab el Oued, Hussein Dey et tant d’autres quartiers de la capitale, « les gens ont manifesté pour le changement, contre le 5e mandat. Barakat », lance un sexagénaire.

Une grand-mère, n’hésite pas, quant à elle de lancer un tonitruant « H’chouma » (honte à vous) contre ceux qui s’accrochent au pouvoir, malgré  »leur âge avancé ».

À la Grande poste, le dispositif sécuritaire est toujours là. « Aujourd’hui, c’est une journée sandwich », lance en ironisant Abdou, un étudiant rencontré près de la faculté d’Alger, faisant référence à la journée de samedi 2 mars, intercalée entre vendredi 1 mars et dimanche 3 mars, deux journées consacrées aux manifestations contre le 5e mandat.


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