Politique

Algérie – France : la solution d’un député français pour contourner le « blocage »

La relation entre l’Algérie et la France est « foisonnante au plan humain » mais « dysfonctionnelle au plan politique ». Tel est le paradoxe de la relation franco-algérienne, relevé dans un rapport par un député français.

Frédéric Petit, député de 7e circonscription des Français établis hors de France, propose dans son rapport sur le budget de la diplomatie culturelle et d’influence, présenté en octobre dernier, une nouvelle approche pour pouvoir dépasser les blocages permanents de « la relation bilatérale d’État à État », selon le compte rendu publié sur le site Français à l’étranger.

Ni les déclarations communes au plus haut niveau ni la signature d’accords bilatéraux n’ont permis jusque-là d’entrer dans « une nouvelle ère de partenariat » comme escompté.

Le parlementaire français rappelle les déclarations des chefs d’État algérien et français en 2003, 2012 et 2022 et la signature de dix accords sectoriels en 2022.

Pour lui, il n’y a pas de doute que « cette nouvelle relance de la coopération va buter sur les mêmes obstacles que les précédentes tentatives », voulant pour preuve la résurgence des tensions diplomatiques quelques mois après la Déclaration d’Alger et la signature de nombreux accords sectoriels en 2022.

Frédéric Petit estime que le blocage des relations entre l’Algérie et la France est « structurel », expliquant que « les coopérations initiées sont rarement interrompues de façon formelle par la partie algérienne », mais « elles cessent faute d’interlocuteurs » et cela « sans que le choix d’une rupture soit assumé ».

En Algérie, il y a « une hostilité à la France » qui a plusieurs points d’ancrage, relève le député, mais il estime possible de dépasser le blocage en misant sur la diplomatie des sociétés civiles.

« Si la diplomatie des chancelleries bute, en Algérie, sur un désintérêt du partenaire institutionnel », le parlementaire croit que les réseaux de coopération culturelle ont « un vrai rôle à jouer pour fluidifier les relations entre les deux pays ». Il dit avoir constaté cela lors d’un déplacement à Alger et Oran.

Algérie – France : la diplomatie des sociétés civiles pour contourner les blocages politiques ?

Il y a un vrai succès de « l’institution culturelle en Algérie », représentée par l’Institut français et ses cinq antennes (Alger, Annaba, Constantine, Oran, et Tlemcen), suivi sur Instagram par 68.000 personnes, contre seulement 12.000 pour l’Institut français en Grèce par exemple, relève Frédéric Petit.

Le député préconise plusieurs actions en faveur de l’Institut français d’Algérie qui « déploie une large palette d’activités de coopération artistique en soutenant la diffusion des productions françaises et franco-algériennes ».

Parmi ces actions, la rénovation de l’antenne d’Alger, « l’un des principaux lieux de culture de la capitale », et l’ouverture de nouvelles antennes dans le grand sud algérien, qui est d’ailleurs envisagée.

« L’utilisation de canaux de communication différents paraît, en Algérie, de bonne politique », écrit-il.

« L’enjeu est aussi, pour notre diplomatie, d’identifier les personnalités d’avenir en Algérie susceptibles de contribuer à une refonte de nos relations à long terme », estime le parlementaire qui incite à mettre en place des outils pour permettre à la représentation diplomatique française de participer activement à cette sélection.

Le député souligne par ailleurs un « grand intérêt » des étudiants algériens pour les études en France, indiquant que 79 % des étudiants algériens en mobilité sont inscrits dans les universités françaises, et « le réseau des espaces Campus France au sein de l’Institut français d’Algérie est celui qui recueille le plus de dossiers de candidature au monde ».

Il y a néanmoins un grand décalage entre l’offre et la demande. Pour l’année 2022-2023, 50.000 dossiers ont été déposés par des étudiants algériens pour seulement 10.525 acceptés par les universités en France.

Fréderic Petit plaide en outre pour une meilleure mobilité des entrepreneurs, invitant à entamer « une renégociation » de l’accord algéro-français de 1968 de façon à permettre « de mieux prendre en compte la question des circulations professionnelles, tant pour les Algériens en France que pour les Français en Algérie ».

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