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Algérie – France : retour brusque à la case départ

Algérie – France : retour brusque à la case départ

Énième brouille entre l’Algérie et la France. « L’exfiltration » de l’activiste Amira Bouraoui en Tunisie grâce à l’intervention des services consulaires français, selon les autorités algériennes, a suscité l’ire d’Alger qui a procédé au rappel de son ambassadeur à Paris en consultations.

Sur l’échelle des mesures diplomatiques, le rappel d’un ambassadeur est un acte qui dénote d’une crise grave.

Cet épisode et les événements de ces derniers mois rappellent que les relations algéro-françaises sont capables du meilleur comme du pire.

Il y a à peine une quinzaine de jours, le chef d’état-major de l’ANP était reçu à Paris dans une première visite du genre depuis 17 ans. Au même moment, la visite du président Abdelmadjid Tebboune en France était annoncée pour mai prochain.

Une visite qui « fera sens dans l’histoire du peuple algérien », avait indiqué quelques jours plus tôt le président français Emmanuel Macron dans un entretien au journal Le Point.

Les présidents Tebboune et Macron entretiennent d’excellents rapports et ils ne l’ont jamais caché. Fin décembre, le président algérien, dans un entretien au Figaro, réitérait qu’il avait son homologue français « une certaine complicité » et « une amitié réciproque », assurant qu’il voyait en Emmanuel Macron « l’incarnation d’une nouvelle génération qui peut sauver les relations entre nos deux pays ». « Nous avons eu, lui comme moi, des formules malheureuses », a concédé toutefois Abdelmadjid Tebboune.

Parmi ces « formules malheureuses », celles utilisées par le président français en septembre 2021 pour décrire le système politique algérien et dénier à l’Algérie toute existence avant sa colonisation par la France.

La crise qui s’en est suivie a été qualifiée de l’une des plus graves que les relations entre l’Algérie et la France ont eu à connaître depuis 1962. Certains se sont même hasardés à prévoir que la relation ne retrouvera pas son cours normal avant très longtemps.

Mais c’était compter sans le caractère imprévisible de cette relation bien particulière. La brouille n’a duré que quelques mois grâce en grande partie aux rapports cordiaux entre les deux chefs d’État.

Algérie – France : l’autre question qui fâche

Moins d’une année après ses propos controversés, en août 2022, Emmanuel Macron s’est rendu en Algérie dans une visite qualifiée de « très réussie », au cours de laquelle les deux parties ont signé la « Déclaration d’Alger pour un partenariat renouvelé ». En octobre dernier, c’est la Première ministre Elisabeth Borne qui a déplacé avec elle à Alger la moitié de son gouvernement.

A la mi-décembre, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé à Alger le retour à la normale en matière de délivrance des visas pour les ressortissants algériens, après plus d’une année de restrictions drastiques destinées à contraindre les gouvernements des pays du Maghreb à coopérer sur la reconduction aux frontières de leurs ressortissants clandestins en France.

L’Algérie et la France ont aussi avancé sur le dossier de la mémoire, confié, en vertu de la Déclaration d’Alger, aux historiens qui auront à travailler loin de la politique. Le panel s’est complété il y a quelques jours avec la désignation par Macron de cinq historiens français pour la mission, parmi lesquels Benjamin Stora.

C’est dire si cette nouvelle crise était totalement inattendue. Mais il n’y a pas que les visas et la mémoire qui peuvent assombrir le ciel des relations entre l’Algérie et la France.

Il y a aussi cette question des personnes présentes sur le sol français et que réclame la justice algérienne. Dans son entretien avec Le Point, Emmanuel Macron a reconnu la complexité de la question, parlant de « grande difficulté » à expliquer à de nombreux pays  « cette indépendance du juge », et proposant un « équilibre » qu’il faudra trouver.

« Tout en respectant notre Constitution et notre droit pour que des femmes et des hommes puissent librement défendre leurs idées, il ne faut pas participer à l’injure à l’égard des responsables politiques de ces pays ni l’encourager, et ne pas rendre impossible la relation bilatérale par cela. »

Maintenant que cette relation bilatérale est brusquement revenue à la case départ, il reste à savoir quel effet aura cette brouille sur l’agenda tracé entre les deux pays, particulièrement la visite annoncée du président Tebboune à Paris.

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