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Algérie – France : Sabrina Sebaihi, la députée qui fait avancer les choses

Algérie – France : Sabrina Sebaihi, la députée qui fait avancer les choses

La députée d’origine algérienne, Sabrina Sebaihi, est une figure bien connue à l’Assemblée nationale française.

La Grande mosquée de Paris lui a rendu, ce jeudi 18 avril, un vibrant hommage pour tout ce qu’elle fait pour la reconnaissance par la France de son passé colonial en Algérie, condition capitale pour des relations apaisées entre les deux pays. « Un travail formidable », reconnaît le recteur Chems-Eddine Hafiz dans une déclaration à TSA.

Députée des Verts (écologistes) des Hauts-de-Seine depuis 2022, Sabrina Sebaihi ne fait pas que porter la cause de l’environnement dans les travées du Parlement français.

Sa voix, en fait, elle l’a prêté à toutes les causes justes. Avec ses collègues de gauche, notamment de La France Insoumise (LFI), elle a défendu sans relâche la cause du peuple palestinien, appelant notamment à un cessez-le-feu depuis le déclenchement de la guerre dans cette enclave palestinienne, il y a plus de deux mois.

Elle a été aussi rapporteure de la commission d’enquête parlementaire sur les défaillances dans le sport français, notamment les agressions sexuelles, le harcèlement et les salaires trop élevés de certains dirigeants.

Sabrina Sebaihi fait parler d’elle aussi pour les actions qu’elle mène pour faire admettre en France les crimes de la colonisation.

Née à Ivry-sur-Seine en 1981 de parents immigrés Algériens installés en France après l’indépendance, la femme politique qu’elle est devenue est restée très attachée au pays de ses origines.

Elle est surtout consciente que le rapprochement entre les deux rives et l’apaisement des relations entre la France et l’Algérie passe par un travail de mémoire réel et la vérité assumée sans calculs.

Son action dans ce sens-là, plus retentissante, donc la plus médiatisée, remonte à quelques semaines seulement.

Jeudi 28 mars, l’Assemblée nationale française a adopté, un peu à la surprise générale, une résolution condamnant la répression de manifestants algériens par la police française le 17 octobre 1961.

Derrière la résolution, se trouvait Sabrina Sebaihi qui l’a déposée avec la députée « Renaissance » Julie Delpech.

Adoptée par 67 voix pour et 11 contre (celles de députés du Rassemblement national), la résolution condamne dans des termes sans équivoque « la répression sanglante et meurtrière des Algériens commise sous l’autorité du préfet de police Maurice Papon » le 17 octobre 1961, appelle à « l’inscription d’une journée de commémoration » de ce massacre et invite le gouvernement français à « travailler en commun avec les autorités algériennes pour appréhender leur histoire commune ».

Algérie – France : la députée Sabrina Sebaihi honorée par la Grande Mosquée de Paris

Cette résolution fera date parce qu’elle constitue un autre pas important vers la reconnaissance officielle de ces massacres, après les gestes faits par le président François Hollande en 2012 puis Emmanuel Macron en 2021.

Pour la faire passer, la députée franco-algérienne a dû batailler contre le courant extrémiste et les nostalgiques de l’Algérie française, présents aussi à l’Assemblée à travers certains députés du Rassemblement national.

Que ce soit en coulisses ou plénière, les débats ont été houleux. Un député RN a même qualifié dans son intervention les massacres du 17 octobre de « fake News ».

« Il ne faut rien céder à ceux qui veulent réécrire l’histoire pour se racheter une vertu sur le dos des morts », a estimé en plénière Sabrina Sebaihi qui a fait de ce vote une plaidoirie pour la reconnaissance des crimes de la colonisation et un réquisitoire contre ceux qui, hier les ont commis et ceux qui aujourd’hui les défendent.

Au final, le texte a été voté. « VICTOIRE ! », s’est écriée Sabrina Sebaihi sur les réseaux sociaux, immédiatement après le vote de la résolution qui, désormais, portera son nom.

Moins d’un mois après cette action retentissante, la Grande mosquée de Paris l’a honorée de fort belle manière, en organisant un déjeuner en son honneur, en présence d’une autre députée d’origine algérienne, Fatiha Keloua-Hachi qui a défendu, elle aussi, le texte sur les massacres du 17 octobre.

Une position qui lui a valu un déferlement de haine sur les réseaux sociaux de la part des nostalgiques de l’Algérie française et tous ceux qui veulent nuire aux relations franco-algériennes.

La députée Sabrina Sebaihi n’a pas échappé, elle aussi, aux menaces et ce déferlement de haine. Mais les deux députées s’assument. Tout en étant françaises, elles revendiquent avec fierté leurs origines algériennes.

« Je suis très honorée d’être reconnue par les siens. Je ne m’attendais pas à ce que la Grande mosquée de Paris organise un déjeuner en mon honneur. C’était une belle surprise pour moi », réagi Sabrina Sebaihi dans une déclaration à TSA.

Pendant le déjeuner, elle a détaillé la démarche qu’elle a entreprise depuis un an et demi pour faire adopter le texte sur le massacre du 17 octobre 1961 à Paris, notamment les négociations avec l’Élysée. Mais pour elle, la bataille n’est pas terminée. Elle compte aller jusqu’au bout pour que ce massacre soit reconnu comme un crime d’État.

« Je tenais à inviter la députée Sabrina Sebaihi pour le formidable travail qu’elle est en train de réaliser notamment la dernière action qu’elle a menée auprès de l’Assemblée nationale sur la fixation d’une date de commémoration pour le 17 octobre », a déclaré à TSA le recteur de la GMP, Chems-Eddine Hafiz, lui aussi d’origine algérienne.

« Le peuple algérien a énormément souffert pendant la colonisation et, aujourd’hui, cette députée est en train de faire un travail formidable pour qu’il y ait véritablement ce travail de mémoire », a ajouté le recteur.

Pour lui, cette mémoire doit être « apprise par tout le monde et vulgarisée », car, explique le recteur de la Grande mosquée de Paris, « pour l’apaisement des relations entre la France et l’Algérie, nous avons besoin de ce genre d’actions qui sont capitales ».

« Je voulais lui montrer que la Grande mosquée de Paris est à la fois honorée de l’inviter ici et en même temps la soutient dans toutes ses actions », a conclu Chems-Eddine Hafiz à propos de la députée franco-algérienne.

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