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Algérie – Maroc : des politiques français soufflent sur les braises

Algérie – Maroc : des politiques français soufflent sur les braises

Plus de deux ans après Donald Trump, des politiques français comme Eric Ciotti plaident pour la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur les territoires occupés du Sahara occidental.

Au passage, un « rééquilibrage » de la politique étrangère française au Maghreb, jugée en faveur de l’Algérie, est préconisé.

La position d’Eric Ciotto sur le Sahara occidental n’est pas étonnante. Ce « disciple » de Donald Trump a déjà plaidé en 2021 pour la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël, dans le sillage d’un mouvement initié par l’ex-président américain en 2018.

Les accointances entre le régime marocains et les courants extrémistes se confirment. Faut-il rappeler que, pour défendre ses visées farfelues sur le territoire algérien, le Maroc n’a trouvé que Bernard Lugan, un personnage connu en France pour ses thèses suprématistes et racistes ? Trump lui-même n’était pas très éloigné de ce courant.

Eric Ciotti, le personnage le plus à droite du parti Les Républicains, devenu son président, était en visite au Maroc entre le 3 et le 5 mai. Il était accompagné de Rachida Dati, l’ancienne ministre française de la Justice, d’origine marocaine.

La visite a été très médiatisée et les deux personnalités continuent de faire la Une de la presse marocaine. Ce n’est pas sans raison puisqu’ils ont tenu un discours cru et qui tranche avec les positions actuelles du gouvernement de leur pays. Ils ont notamment fait part de leur reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.

En décembre 2020, le président américain de l’époque avait reconnu la souveraineté marocaine sur le territoire occupé illégalement depuis le milieu des années 1970, en contrepartie de la normalisation par le Maroc de ses relations avec Israël.

Sans dénoncer formellement cette décision, son successeur Joe Biden et son administration ont adopté une posture plus équilibrée, revenant presque à la position qui était celle des États-Unis avant les accords de normalisation.

Biden refuse toujours d’ouvrir un consulat dans les territoires occupés, comme le réclame Rabat. Aussi, la décision de Trump n’a pas fait tache d’huile comme espéré au Maroc, puisqu’aucun pays n’a annoncé depuis sa reconnaissance de la souveraineté marocaine, pas même Israël, le nouvel allié du royaume.

Le seul « gain » diplomatique engrangé par le Maroc depuis, c’est l’appui apporté par l’Espagne à son plan d’autonomie en mars 2022.

Une maladresse qui a coûté très cher à l’Espagne dans ses relations avec l’Algérie qui a notamment suspendu le traité d’amitié et les échanges commerciaux entre les deux pays.

Hormis cet appui de l’Espagne, le Maroc a beaucoup perdu de son influence en Europe notamment après la révélation du scandale de corruption par ses services de nombreux membres du Parlement européen.

Sahara occidental : Eric Ciotti plaide pour la reconnaissance de la souveraineté marocaine

Si la position de Rachida Dati se comprend aisément par le fait qu’elle a toujours fait du lobbying en France pour son pays d’origine, celle d’Eric Ciotti ne peut s’expliquer que par l’animosité et l’inimitié que ne cache plus l’extrême-droite et une partie de la droite françaises à l’égard de l’Algérie.

Eric Ciotti est certes le président d’un parti de la droite traditionnelle, mais son discours a toujours été calqué sur celui de l’extrême-droite et il a toujours été considéré comme Eric Zemmour, le chantre de l’extrême-droite identitaire.

Lors de sa visite au Maroc, l’Algérie a justement été abordée, du point de vue des relations de la France avec le Maghreb.

Eric Ciotti a jugé la politique actuelle du président Emmanuel Macron comme étant plus favorable à l’Algérie, au détriment du Maroc. Il est vrai que les relations algéro-françaises se portent mieux sous Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron, malgré quelques brouilles.

Mais il a échappé à Eric Ciotti et Rachida Dati que si rien ne va plus entre le Maroc et la France c’est, entre autres raisons, à cause des agissements des services marocains qui ont poussé l’audace jusqu’à espionner le téléphone du président Macron via le logiciel israélien Pegasus.

Aussi, ce sont ses agissements qui ont fait que le Maroc se retrouve aujourd’hui dans une mauvaise posture en Europe. Longtemps considéré comme l’enfant gâté du Vieux continent, le royaume est désormais régulièrement mis au pilori, depuis l’éclatement du scandale de corruption de députés européens.

L’audace marocaine est allée crescendo ces dernières années, particulièrement depuis la décision de Donald Trump de reconnaitre la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Grâce à cet appui, le Maroc a redéfini sa politique étrangère en fonction des positions de chaque pays sur le conflit Sahara occidental. Il se permet même de faire pressions sur des pays européens pour les forcer à reconnaître sa souveraineté sur le Sahara occidental.

L’Espagne par exemple a fait l’objet d’un chantage migratoire de la part du Maroc qui a laissé à plusieurs reprises des milliers de migrants prendre d’assaut les enclaves de Ceuta et Mellila.

Dans le contexte de l’exaspération des tensions entre le Maroc et l’Algérie qui sont en partie le résultat de la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental par Donald Trump, l’appui d’Eric Ciotti et de Rachid Datti à Rabat sur un dossier aussi sensible est un motif supplémentaire pour le royaume maghrébin afin de poursuivre sa politique belliqueuse à l’égard de ses voisins.

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