search-form-close
Algérie – Maroc : le match des indicateurs économiques

Algérie – Maroc : le match des indicateurs économiques

Une étude publiée en 2016 par le think-tank Carnegie Middle East Center indiquait que les relations entre l’Algérie et le Maroc ressemblaient à une version nord-africaine d’une « guerre froide arabe » en raison de leur lutte pour le leadership régional. Mais sur le plan économique, qui des deux grands rivaux marque le plus de points ? Revue de détail.

Croissance : Maroc 1, Algérie 0

Dans une note en date du lundi 20 mars 2017 consacrée à l’Algérie, le Fonds monétaire international (FMI) indique que « l’activité économique en général s’est montrée résiliente, mais que la croissance dans le secteur hors-hydrocarbures a ralenti en raison des réductions des dépenses. Elle est estimée à 3,4% en 2016 ».

Par ailleurs, l’institution financière basée à Washington avait indiqué, en janvier, maintenir ses prévisions de croissance à 2,9% pour 2017. En dépit d’un contexte difficile en raison de la chute des recettes des hydrocarbures (environ 60% des recettes du gouvernement), le FMI indique que le pays « fait des progrès en améliorant l’environnement des affaires et travaille sur une stratégie à long terme pour remodeler le modèle de croissance du pays visant à favoriser une plus grande activité du secteur privé et la diversification économique ».

Concernant le Maroc, l’institution financière internationale estime, dans une note de janvier 2017, que « la situation macroéconomique s’est améliorée depuis 2012, mais la croissance reste timide ». En 2016, celle-ci a accusé un repli en raison d’une « forte contraction de la production agricole et de l’atonie de l’activité hors agriculture », indique le FMI. La croissance devrait rebondir à 4,4 % en 2017 et se hisser à 4,5 % d’ici 2021. Contre 2,4 % en 2014.

Inflation : le Maroc domine

En Algérie, le taux d’inflation -c’est-à-dire la hausse des prix- continue de grimper. Il est ainsi passé de 4,8 % en 2015 à 6,4% en 2016, et atteignait 8,1% en glissement annuel en janvier 2017, selon les données du FMI.

Si la dévaluation du dinar -qui permet de rendre les devises plus chères et donc réduire les importations – a aggravé l’inflation, elle n’est toutefois pas la seule explication. La réduction des importations de produits décidée par le gouvernement a également engendré une hausse des prix des fruits et légumes sur les marchés algériens. En outre, cette hausse des prix contribue au développement de l’économie informelle. Selon le Centre de recherche en économique appliquée pour le développement (Cread) – établissement public- un accroissement de 1% du taux d’inflation entraîne une hausse de 0,42% de l’économie informelle.

A contrario au Maroc, l’inflation demeure faible, Ainsi, l’inflation globale (incluant l’alimentation et l’énergie), en glissement annuel, reste, en 2016, identique à 2015, soit à 1,6 % selon les chiffres officiels. 

Pourtant, la banque centrale, Bank al-Maghrib, a plusieurs fois réduit son taux directeur, taux d’intérêt à court terme fixé par les banques centrales, afin de stimuler l’économie. En effet, une baisse de ce taux directeur vise à encourager les banques à appliquer un faible taux d’intérêt aux entreprises et aux particuliers. Un tel mécanisme doit ainsi encourager la demande, et donc provoquer mécaniquement une hausse des prix.

Chômage : match nul

Selon les chiffres de l’Office national des statistiques (ONS), le taux de chômage en Algérie, qui compte près de 40 millions d’habitants, a atteint 10,5% en septembre 2016. Chez les jeunes âgés entre 16 et 24 ans, le taux de chômage atteignait 26,7% en septembre 2016 (contre 24,7% en avril 2016). Au premier semestre de 2016, le chômage restait encore particulièrement élevé chez les femmes (16,6 %), indique de son côté la Banque mondiale.

Au Maroc, qui totalise près de 34 millions d’habitants, le taux de chômage est descendu à 9,6 % au troisième trimestre 2016, mais il reste élevé chez les jeunes (21,8 %), note le FMI dans un communiqué de janvier 2017. « Près d’un jeune sur quatre âgés de 15 à 24 ans (1.685.000 jeunes)  au niveau national ne travaille pas, n’est pas à l’école et ne suit aucune formation. Cette proportion atteint 44% parmi les jeunes femmes (1.319.000 personnes), et 11,7% parmi les jeunes hommes (366.000 personnes) » indique par ailleurs le Haut commissariat au Plan. La Banque mondiale s’inquiète quant à elle du taux de chômage extrêmement élevé chez les jeunes en milieu urbain, où il atteignait 38,8 % en juin 2016.

Taux de pauvreté : Maroc 1, Algérie 0

La croissance économique au Maroc au cours des quinze dernières années a permis de faire baisser le taux global de pauvreté de 8,9% de la population du pays en 2007, à 4,2% en 2014, indique une note de la Banque mondiale d’octobre 2016. Toutefois, près de 19% de la population rurale agricole du Maroc est encore pauvre ou en danger.

Dans ce même document, la Banque mondiale indique que le taux de pauvreté de l’Algérie se chiffrait à 5,5% de la population en 2011, tout en précisant qu’il s’agit des chiffres les plus récents disponibles sur le sujet. En raison de la chute des cours du pétrole amorcée en 2014 et de la baisse des subventions, ce chiffre doit certainement être revu à la hausse. En outre, « près de 10% de la population algérienne (soit quelques 4 millions de personnes) se trouvent dans une situation précaire et risquent de basculer de nouveau dans la pauvreté », prévient la Banque mondiale. De plus, « les inégalités de consommation sont très élevées, avec un écart de 27,7 % entre les riches et les pauvres », détaille l’institution financière internationale.

Investissements directs étrangers : Maroc 1, Algérie 0

L’encours des Investissements directs étrangers (IDE) au Maroc en 2015 se chiffre à 3,2 milliards de dollars en 2015, selon les chiffres de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) publiés en juin 2016.

A contrario, selon cette même source, l’Algérie a vu ses IDE baisser en 2015 de 587 millions de dollars par rapport à 2014 (1,5 milliard de dollars), alors même qu’ils avaient augmenté régulièrement entre 2010 et 2015. Néanmoins, le rapport s’était montré optimiste en raison de l’intention de la Sonatrach de vendre sa participation dans 20 champs de pétrole et de gaz situés dans le pays.

En revanche, le rapport ne mentionne pas que la participation d’un investisseur étranger dans une société de droit algérien est toujours limitée à 49%, en vertu de la règle 51/49%.

À noter que sur le continent africain, les IDE (Investissements directs étrangers) n’atteignent que 51 milliards de dollars en 2016 (une baisse de 5% par rapport à 2015) selon une note de février 2017 de la Conférence des Nations unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED).

Défense : Algérie 1, Maroc 0

Selon un rapport en date du 11 février de la Strategic Defence Intelligence (SDI), une plateforme d’intelligence économique sur le marché mondial de la défense, le Maroc prévoit d’augmenter son budget consacré à la défense dans les cinq années à venir. Il devrait ainsi passer de 3,5 milliards de dollars en 2018 à 3,9 milliards de dollars d’ici 2022.

L’Algérie, en dépit de la baisse de ses revenus issus de la manne pétrolière et d’une baisse de la dépense publique, continue de disposer d’un budget défense de 10,46 milliards de dollars. Le pays se hisse à la 20e place des plus grands budgets militaires du monde, selon le dernier classement du cabinet IHS Jane’s pour 2016.

  • Les derniers articles

close