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Algérie – Maroc : les engrais, nouveau terrain de bataille en Afrique

Algérie – Maroc : les engrais, nouveau terrain de bataille en Afrique

Les engrais sont devenus le nouveau terrain de bataille en Afrique entre le Maroc et l’Algérie qui est déterminée à devenir un acteur majeur sur les marchés africain et mondial.

La tenue, mardi 7 mai à Nairobi (Kenya), d’un sommet africain sur les engrais et la santé des sols a été l’occasion pour le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, de réitérer les ambitions de l’Algérie dans la filière stratégique des phosphates. C’est l’occasion aussi pour les deux pays de courtiser l’Afrique.

Lors des travaux de ce sommet, l’Algérie et le Maroc ont présenté chacun leurs potentialités et ont proposé leur expertise dans le domaine des engrais aux autres pays africains.

Et pour annoncer la couleur, l’Algérie a fait un don de 16.000 tonnes d’engrais au Kenya en janvier dernier.

Engrais : l’Algérie prépare le terrain en Afrique

Les potentialités de l’Algérie dans la production de phosphates sont énormes. Dans le cadre de l’orientation globale de diversification de son économie, l’Algérie a lancé en 2020 le projet d’exploitation d’un important gisement de phosphate à Tébessa. Le projet est mené en partenariat avec les Chinois et devrait permettre au pays d’exporter 6 millions de tonnes d’engrais phosphatés par an.

Le choix de la filière s’explique par les réserves importantes de l’Algérie et le caractère stratégique et sensible des engrais.

En décembre dernier, le chef de l’État a évoqué le projet intégré de Tébessa à l’occasion de la foire de la production nationale et mis en exergue l’importance de la filière, allant jusqu’à affirmer que « celui qui détient les engrais détient le pouvoir ». La production de l’Algérie couvrira une bonne partie des besoins de l’Afrique, a-t-il indiqué.

L’instruction du président Tebboune à la même occasion est de ne plus exporter du brut, mais des produits finis à forte valeur ajoutée.

La semaine passée, dans son discours prononcé à l’occasion du 1ᵉʳ mai au siège de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), il a assuré que l’économie de l’Algérie reposera désormais sur le pétrole et le gaz ainsi que les produits miniers et l’agriculture.

Outre le gisement de phosphate de Tébessa, l’Algérie a lancé parallèlement l’exploitation du gisement de fer de Gara Djebilet (Tindouf) et celui de zinc et de plomb de Oued Amizour (Béjaïa).

Marché africain des engrais : la position du Maroc menacée

Dans le discours lu en son nom au sommet de Nairobi par Youcef Cherfa, ministre de l’Agriculture, le président Tebboune a insisté sur le « rôle pionnier » de l’Algérie en matière d’engrais.

« Outre sa capacité de répondre aux besoins du marché local, l’Algérie occupe une place de choix en tant que pays fournisseur du marché mondial en Afrique, en Europe, en Asie et en Amérique du Sud », a-t-il souligné.

L’autre grand avantage de l’Algérie, c’est ses réserves et ses capacités de production de gaz, élément nécessaire dans l’industrie des engrais.

Grâce à tout ce potentiel, l’Algérie ambitionne de doubler sa production d’engrais d’ici à 2033, a fait savoir le chef de l’État. Le gisement de Tébessa, dont l’investissement s’élève à 6 milliards de dollars, devrait booster les capacités d’exportation de l’Algérie.

Selon les chiffres révélés en octobre 2022 par le ministre de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab, l’Algérie exporte chaque année 7 millions de tonnes d’engrais phosphatés par an, dont 3 millions de tonnes d’urée, 2 millions de tonnes de phosphate traité et 2 millions de tonnes d’ammoniac.

Le seul projet de Tébessa devait permettre de traiter 10 millions de tonnes de phosphate brut et de mettre sur le marché 6 millions de tonnes d’engrais supplémentaires annuellement, ce qui fera de l’Algérie un acteur majeur dans la filière.

Les ambitions de l’Algérie et ses potentialités bousculent sérieusement le Maroc dont le phosphate est l’une des rares ressources naturelles génératrices de devises. Le royaume est un important producteur et exportateur de phosphate vers l’Afrique et le reste du monde.

L’arrivée de l’Algérie avec ses projets intégrés, ses investissements colossaux, sa stratégie qui privilégie les produits finis et ses avantages que le Maroc n’a pas, comme le gaz, devrait rebattre les cartes.

Dans cette compétition, l’Algérie a un autre atout sur le Maroc. Il s’agit du fait que le royaume exploite et exporte illégalement du phosphate produit au Sahara occidental occupé. Un argument de poids qui peut peser dans les décisions des pays africains d’opter pour les engrais algériens ou marocains.

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