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Apport des immigrés : la France aux antipodes du modèle américain

Apport des immigrés : la France aux antipodes du modèle américain

La question de l’immigration en France est abordée suivant une approche qui a mené tout récemment à l’adoption d’une loi très restrictive après un deal entre le gouvernement d’Emmanuel Macron et la droite dure.

L’adoption, le 19 décembre, de cette loi par le Parlement a été précédée d’une vaste campagne de l’extrême droite et de la droite sur les méfaits de l’immigration en France. L’apport positif des personnes d’origine étrangère a été occulté.

Les partisans du durcissement ont présenté la France comme étant un pays envahi par les immigrés, surtout Maghrébins, notamment Algériens. La droite et l’extrême droite ont réclamé la dénonciation de l’accord de 1968 qui régit l’immigration algérienne en France.

Et pour justifier l’adoption de la nouvelle loi immigration, le président Emmanuel Macron a parlé d’un bouclier qui manquait à la France. Si les partisans du durcissement ont occupé bruyamment le terrain médiatique, d’autres voix en France se sont élevées pour remettre en cause ce qui a été dit sur l’immigration.

Dans d’autres pays occidentaux, l’immigration est au contraire vue comme une richesse et un apport inestimable pour le développement et l’innovation. Chiffres et études scientifiques à l’appui, un éditorialiste de BFM Business a démontré que la grandeur des États-Unis continue à se faire en partie grâce à l’immigration tandis que la France est en train de dilapider le potentiel de ses étrangers.

Tout est question d’approche : en France, l’immigré est perçu comme une source de menace de laquelle il faut se protéger, et comme quelqu’un qui est seulement attiré par les avantages que confère la politique sociale de l’État français.

Cela s’est encore vérifié lors des débats sur la loi immigration où les aspects liés à la compétitivité de la France et aux besoins de son économie ont été complètement occultés au profit du seul impératif du contrôle des flux migratoires et des restrictions. Cela a été dénoncé notamment par Patrick Martin, président du Medef, le premier syndicat de patrons en France.

Pourtant, l’immigration peut beaucoup apporter à la France comme elle le fait pour d’autres pays. C’est le cas notamment des États-Unis où, souligne Emmanuel Lechypre, éditorialiste à BFM Business, les immigrés contribuent à « l’innovation, à l’entrepreneuriat, à la création de richesses, à la prospérité des entreprises ».

Des études ont démontré, ajoute-t-il, que « ce ne sont pas des gens ordinaires, ils se caractérisent par leur capacité à prendre des risques, à saisir des opportunités économiques et à investir dans des méthodes de production nouvelles ».

Immigration en France : les étudiants étrangers injustement pénalisés ?

En chiffres, ce sont 36 % des entreprises américaines qui comptent au moins un immigré parmi leurs fondateurs (44 % pour les entreprises high-tech de la Silicon Valley).

Alors que les immigrés ne représentent que 13 % de la population américaine, ils constituent 26 % de l’ensemble des entrepreneurs et ont déposé 24 % des brevets de 1940 à 2000. En France, par contre, seuls 10 % des brevets émanent de personnes d’origine étrangère, soit bien moins que des pays comme les États-Unis, le Canada, les Pays-Bas ou le Royaume-Uni.

« Les émigrés que la France attire s’engagent moins fréquemment dans les parcours propices à l’innovation », souligne Lechypre qui pointe aussi l’incapacité du pays à retenir les étudiants étrangers après la fin de leurs études.

« Il serait bien de mettre en place des politiques qui essayent de les attirer plutôt que de les faire fuir », suggère-t-il.

Or, c’est tout le contraire qui a été fait avec la nouvelle loi immigration qui impose aux étudiants étrangers, entre autres restrictions, une caution de retour qui va rendre encore plus onéreuses les études en France. Les défenseurs de cette loi justifient ces restrictions par leur volonté d’obliger les étudiants étrangers de retourner dans leur pays après la fin de leurs études universitaires en France.

« Les étudiants étrangers restent moins qu’en France qu’ailleurs. Les immigrés que la France attire s’engagent moins fréquemment dans les parcours propices à l’innovation », pointe l’éditorialiste de BFMTV, une chaîne pourtant proche de l’extrême droite qui a inspiré la nouvelle loi immigration en France.

Les mesures restrictives visant les étudiants étrangers ont été dénoncées par de nombreux présidents d’universités françaises qui ont mis en garde contre leurs répercussions fâcheuses sur la compétitivité internationale de la France.

« Ce texte nous pousse à faire une croix sur l’apport de ces talents », ont écrit dans une tribune publiée dans Le Parisien les présidents de trois grandes écoles (HEC Paris, ESSEC Business School et ESCP Business School).

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