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Arrestation de Ghannouchi en Tunisie : qui cherche à impliquer l’Algérie ?

Arrestation de Ghannouchi en Tunisie : qui cherche à impliquer l’Algérie ?

L’onde de choc provoquée par l’incarcération de Rached Ghannouchi continue d’ébranler la Tunisie qui fait face à une crise politique et économique sans précédent alors que certaines voix tentent d’associer l’Algérie dans cette affaire.

Rached Ghannouchi, le chef de l’opposition islamiste en Tunisie a été placé sous mandat de dépôt jeudi 20 avril par un juge de Tunis, trois jours après son arrestation lundi.

Rached Ghannouchi, 81 ans, a été arrêté sur la base de déclarations dans lesquelles il avait affirmé que la Tunisie serait menacée d’une « guerre civile » si les partis de gauche ou islamistes comme Ennahdha y étaient éliminés, selon les médias. Cette arrestation a provoqué des réactions un peu partout dans le monde.

Les Etats-Unis ont dénoncé mercredi soir une « escalade inquiétante » et l’Union européenne a exprimé sa « grande inquiétude », mais le président tunisien a rejeté fermement les critiques.

Affaire Rached Ghannouhi : un parti islamiste algérien condamne

« Certaines capitales ont exprimé leur inquiétude. Pourquoi le font-ils alors qu’il s’agit d’un appel à la guerre civile et la loi a été appliquée par des juges honnêtes », a répliqué le président Kaïs Saied dans une vidéo publiée par le Palais de Carthage jeudi soir.

Le président tunisien a qualifié ces critiques d’ « ingérence flagrante » et « inacceptable » dans les affaires de son pays et a rappelé que la Tunisie était « ni un Etat colonisé, ni sous mandat ».

Sans surprise, l’Algérie, fidèle à sa politique de non-ingérence dans les affaires des autres pays, n’a pas réagi à l’incarcération de Rached Ghannouchi, et les réactions à l’arrestation du leader d’Ennahda n’ont pas été nombreuses parmi les classe politique, excepté celles du MSP.

Le parti islamiste s’est inquiété des « graves développements » de la crise politique en Tunisie, qui est entrée dans un « tournant dangereux » avec l’arrestation de Rashid Ghannouchi, la fermeture du siège du mouvement en dehors du cadre de la loi, ainsi que les arrestations opérées parmi des militants politiques de diverses sensibilités dans le pays.

Dans ce contexte de tensions que vit la Tunisie, certaines voix tentent d’associer l’Algérie à la décision des autorités tunisiennes de procéder à l’arrestation de Rached Ghannouni alors que d’autres ont évoqué son impact sur les relations entre Alger et Tunis, avançant que le leader d’Ennahda est proche du pouvoir algérien. Ces deux versions contradictoires illustrent les tentatives de certaines parties d’impliquer l’Algérie dans cette affaire.

Affaire Rached Ghannouchi : peu de réactions en Algérie

Le site Maghrebintelligence est allé jusqu’à affirmer qu’une réunion de très haute importance, avec la participation du président algérien et de responsables de sécurité a été tenue à Alger au sujet de l’arrestation de Rached Ghannouchi. Ce site, réputé proche du palais royal marocain, ajoute que Tunis a sollicité et obtenu l’accord d’Alger pour incarcérer le leader de l’opposition islamiste en Tunisie.

« C’est un mensonge de trop de la part de ce site marocain connu pour son hostilité à l’égard de notre pays et ses fake-news sur l’Algérie. Tout ce qu’il a raconté est faux », affirme une source algérienne à TSA. L’Algérie envisage même de porter plainte contre ce site internet pour diffamation. « Une plainte sera déposée à Paris contre l’auteur de cet article diffamatoire », affirme notre source pour qui l’incarcération de Rached Ghannouchi est une « affaire interne » à la Tunisie. « C’est une affaire tuniso-tunisienne », affirme notre source.

Rached Ghannouchi n’est pas aussi proche du pouvoir algérien, comme le prétendent certains. S’il était régulièrement reçu par l’ex-président Abdelaziz Bouteflika, la donne a changé depuis l’élection d’Abdelmadjid Tebboune à la tête de l’Algérie en décembre 2019. Alger a pris ses distances avec le leader islamiste tunisien, tout en renforçant ses relations politiques, diplomatiques et économiques avec Tunis.

« Rached Ghannouchi n’a jamais été reçu par le président de la République Abdelmadjid Tebboune», remarque notre source. « Rached Ghannouci est un islamiste qui est proche des islamistes. Il avait soutenu l’ex-FIS, ne n’oublions pas », ajoute la même source.

Le chef de l’Etat s’est attelé depuis son arrivée au pouvoir à renforcer l’axe Alger – Tunis et l’Algérie a apporté un soutien important à la Tunisie qui subit les contrecoups économiques de la crise de la pandémie de Covid-19 et de la guerre en Ukraine.

En août 2021, après le coup de force du président Saïed de dissoudre le Parlement qui était présidé par Ghannouchi et de limoger le premier ministre Hicham Mechichi, l’Algérie avait réagi par la voix de son chef de la diplomatie. « Ce qui se passe en Tunisie est une affaire interne. Nous respectons sa souveraineté et nous sommes solidaires avec elle », avait déclaré Ramtane Lamamra, alors ministre algérien des Affaires étrangères.

Le parti Ennahada et son leader étaient les principaux perdants de ce coup de force de Kaïs Saïed qui donne le coup de grâce au parti islamiste avec l’arrestation de Rached Ghannouchi.

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