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Changements à la police et à la gendarmerie : à quoi obéissent-ils ?

Changements à la police et à la gendarmerie : à quoi obéissent-ils ?

MDN
Le général Ghali Beleksir, nouveau patron de la Gendarmerie nationale installé le 04 juillet 2018

Après le départ surprenant du chef de la police, celui de la gendarmerie lui emboîte le pas. En une semaine, les deux principaux services de sécurité du pays ont changé de tête sur décision du président de la République, en plus de la Protection civile qui a vu son directeur nommé dans la précipitation à la DGSN.

Quelle lecture peut-on en faire ? Retombée inéluctable de l’affaire de la cocaïne saisie à Oran ? Il s’agirait bien de cela si l’on s’en tient aux seuls faits avérés et connus de tous.

Une quantité hallucinante de drogues dures est découverte sur un bateau dans un port du pays, l’enquête est confiée à un corps de sécurité, des fuites organisées ou pas mettent en cause l’entourage du premier responsable d’un autre corps, celui-ci réplique violemment et en guise de sanction logique, il est brutalement relevé de ses fonctions ainsi que le chef du corps en charge de l’enquête qui, au moins, n’a pas pu prévenir et empêcher les dites fuites.

Le topo est d’une simplicité infantile en effet et l’opinion publique se serait volontiers contentée d’une telle explication si tout cela ne serait pas intervenu dans un contexte tendu et une situation politique pour le moins vaporeuse, avec en toile de fond le prochain scrutin présidentiel de 2019.

L’on ne sait quel crédit accorder aux rumeurs qui veulent que cette vague de remplacements touchera dans les prochains jours et semaines d’autres institutions sensibles, mais il semble bien qu’on est devant un feuilleton qui ne fait que commencer.

Le lendemain même du remplacement du général-major Abdelghani Hamel à la tête de la DGSN par Mustapha Lehbiri, le commandant de la gendarmerie nationale, le général-major Menad Nouba était donné partant au plus tard le 5 juillet pour laisser sa place à un autre officier de même grade, Ghali Belkecir.

Cela s’est confirmé ce mercredi 4 juillet et l’annonce officielle de l’information a au moins le mérite d’éloigner l’idée que Hamel fut limogé pour l’implication supposée de son entourage dans l’affaire de la cocaïne, puisque son homologue de la gendarmerie a fini par subir le même sort sans que de tels soupçons aient pesé sur lui ou ses proches.

Le nouveau chef de la police a mis son grain de sel en procédant, le jour-même du départ de son homologue de la gendarmerie, au limogeage du chef de la Sûreté de la wilaya d’Alger, l’inamovible commissaire Berrachedi.

Il s’agit à ne pas douter de bien plus que des retombées d’une affaire délictuelle, quand bien même elle ne serait pas banale au vu de l’importance du trafic sur lequel elle porte et des ramifications internationales qu’elle suppose.

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À quoi rime donc tout ce remue-ménage ? Autant de têtes qui tombent simultanément au sein d’institutions parmi les plus sensibles de la République, c’est du jamais vu dans l’histoire du pays et suscite légitimement des interrogations.

Cela suppose au moins une redistribution de cartes en cours ou à venir en prévision le l’élection charnière de l’année prochaine. L’évocation de cette échéance n’est pas fortuite puisque de nombreux acteurs des événements de ces derniers jours sont régulièrement cités, à tort ou à raison, parmi les personnalités ayant l’ambition de jouer un rôle crucial ou au moins de peser sur l’issue du scrutin, à l’image de Abdelghani Hamel.

Quoi qu’il en soit, toutes ces péripéties renforcent la position d’au moins deux personnages clés. D’abord, le président de la République, dont le silence quant à ses intentions concernant son avenir à la tête de l’État pourrait bien avoir réveillé quelques ambitions, vient de signifier à tout le monde que la décision lui revient, qu’il choisisse de continuer ou de passer la main, et qu’il reste le seul arbitre en vertu de ses prérogatives constitutionnelle de premier magistrat du pays et de chef suprême des armées.

Ahmed-Gaïd Salah, patron de l’armée et fidèle parmi les fidèles du chef de l’État, en sort lui aussi plus que jamais renforcé, si l’on accorde du crédit aux bruits qui lui prêtent des rapports tendus avec les deux responsables sécuritaires remerciés. La voie semble devenir chaque jour un peu plus libre pour tous les scénarios. À Bouteflika de décider…

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