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Comment l’Algérie peut lutter contre les déserts médicaux

Comment l’Algérie peut lutter contre les déserts médicaux

Les médecins algériens boudent les régions de l’intérieur du pays. Dans les grandes villes qui sont très convoitées, il est difficile d’obtenir un agrément pour ouvrir un cabinet médical.

Le Dr Mohamed Bekkat Berkani, président de l’Ordre des médecins, a émis une série de recommandations afin de faire face aux déserts médicaux prenant place dans des régions déshéritées sur le territoire national.

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« Pour aller à l’intérieur du pays, il y a un certain nombre de contraintes. Des contraintes climatiques, d’ordre social, d’ordre financier aussi. Nous pensons que le service civil pour essayer d’avoir des médecins sur place dans des régions déshéritées est un mauvais système. Il a montré ses limites et a été décrié par le chef de l’État lui-même », estime le Dr Bekkat Berkani dans un entretien accordé à TSA.

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« Il faudrait qu’il y ait des mesures d’incitation. Par exemple, pour essayer de s’installer, que les médecins puissent trouver un endroit d’accueil, qu’ils trouvent des facilités au niveau des collectivités locales », préconise le président de l’Ordre des médecins, qui cite l’exemple d’un ophtalmologue souhaitant s’installer dans une wilaya déshéritée.

« Il faudrait que les autorités locales puissent essayer de faciliter l’obtention d’un local professionnel à un médecin. Il faudrait aussi sur le plan financier, exonérer d’impôts pendant deux ou trois ans celui qui s’installe dans des territoires déshérités », soutient le Dr Bekkat Berkani, qui considère qu’à ce moment-là, « on pourra commencer à voir pas mal de nos jeunes confrères qui seraient intéressés de ce type de mesures et qui petit à petit peupleraient ces régions qui sont dépourvues de médecine privée ».

Mohamed Bekkat Berkani estime que les mêmes mécanismes pourraient également mettre en place pour les zones en manque de pharmacies.

« Les pharmacies peuvent obéir certainement à ce genre de situation. Si je suis président d’APC et que je n’ai pas de pharmacie, ça handicape fortement les administrés. Pour avoir la pharmacie, il faudrait lui trouver un local, l’aider dans son installation et lui octroyer des mesures financières incitatives », recommande-t-il.

« Le service a montré ses limites »

« Ce sont des procédés qui existent dans tous les pays du monde. Je ne vois pas pourquoi en Algérie on ferait l’impasse pour essayer d’équilibrer l’installation des médecins, des pharmaciens, des chirurgiens-dentistes, des sages-femmes et voire même des infirmiers libéraux », estime le Dr Bekkat Berkani.

« Je pense qu’il faudrait du temps et de la réflexion pour essayer de remplacer ce système complètement embouteillé qui ne marche pas par un système autre toujours dans le cadre de l’incitation par rapport à nos confrères », préconise-t-il.

Le président de l’Ordre des médecins a également appelé à établir une réflexion afin de mettre fin au service civil et le remplacer par un système plus efficace, notamment par des mesures incitatives en faveur des médecins dans le service public.

« Il s’agirait dans ce cas-là du secteur public, d’un système d’incitation financière, un endroit où on pourrait leur garantir de refaire des formations continues et un certain nombre d’avantages pour ceux qui s’installeraient dans ces régions déshéritées », affirme le Dr Bekkat Berkani.

« On ferait ainsi notre deuil de ce service civil qui n’a donné aucun fruit et que toutes les administrations précédentes se sont acharnées à le garder pour avoir des statistiques alors que le rendement médical n’était pas à la hauteur », conclut-il.

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