Économie

Commerce électronique en Algérie : les principales arnaques à éviter

Le commerce électronique se développe petit à petit en Algérie et s’accompagne parfois d’arnaques. D’où la diffusion d’un guide par les autorités pour un usage sécurisé de ce nouveau type de commerce.

Pour citer la dernière statistique disponible, le marché algérien, tous secteurs confondus, a enregistré au premier semestre 2023, 1,7 million d’opérations de paiement électronique pour une valeur totale de 14 milliards de dinars.

Selon le Groupement d’intérêt économique monétique (GIE Monétique), le nombre de TPE (terminal de paiement électronique) fonctionnels à la même période en Algérie était d’un peu moins de 50.000.

Les opérations sur Internet ont été plus significatives pendant la même période en nombre mais pas en valeur : 5,5 millions d’opérations pour seulement 12,3 milliards de dinars.

Le gros des opérations a été enregistré dans le secteur des télécoms. Selon le GIE, 370 web marchands sont adhérents au système de paiement interbancaire, parmi lesquels les grands groupes publics Algérie Télécom, Sonelgaz et l’Algérienne des eaux (ADE).

Les transactions représentent donc en grande partie le règlement des factures des services d’eau, d’électricité et de téléphonie/Internet.

Les paiements mobiles ont été aussi plus nombreux mais avec une moindre valeur : 16,6 millions d’opérations pour 11,7 milliards de dinars. Pour le transfert d’argent, 85 milliards de dinars ont été transférés au cours de 6,6 millions d’opérations.

Tous ces chiffres ne reflètent toutefois pas la réalité du commerce en ligne en Algérie qui brasse sans doute des montants plus élevés mais difficiles à quantifier avec précision.

Pour la simple raison que les opérations ne sont pas tout à fait numérisées. C’est le mode de paiement cash à la livraison qui est utilisé pour le règlement de la plupart des opérations de vente.

La prolifération de ce type de commerce est inévitablement accompagnée par des risques d’escroquerie, malgré la mise en place d’un cadre juridique à travers la promulgation d’une loi sur le commerce électronique en 2018, comme l’explique le ministère de la Poste et des Télécommunications dans un guide destiné aux clients.

Le guide, élaboré avec les ministères du Commerce et des Finances ainsi que la Gendarmerie nationale, la Sûreté nationale, Algérie Poste et le GIE Monétique, liste les types d’escroquerie éventuels et livre des conseils pour les éviter et les démarches à suivre en cas de fraude.

Parmi les principaux risques auxquels s’exposent les acheteurs algériens en ligne, le vol de leurs données personnelles et le piratage de leurs cartes de paiement par de faux sites web, des applications ou des logiciels douteux, l’importation de marchandises prohibées en Algérie, la difficulté d’identifier le vendeur en cas de dépôt de plainte.

Commerce électronique en Algérie : ce qu’il ne faut jamais faire

Le guide rappelle que la loi 18-05 relative au commerce électronique interdit la vente en ligne des tabacs, boissons alcoolisées, jeux de hasard, produits pharmaceutiques et toute marchandise prohibée par la réglementation, ainsi que tout produit ou service sensible ou pouvant porter atteinte aux intérêts de la défense nationale et à l’ordre public.

Pour exercer une activité de commerce électronique, en vertu du même texte, il est exigé une inscription au registre du commerce et de disposer d’un site Internet hébergé en Algérie avec l’obtention du nom de domaine en extension «.dz ».

Toute transaction doit être précédée d’un contrat électronique validé par le client qui peut demander son annulation avec l’obtention de dommages et intérêts en cas de son non-respect par le e-commerçant.

Le fournisseur doit en outre accompagner son offre de toutes les coordonnées permettant de l’identifier, les caractéristiques et le prix de la marchandise, les modalités, frais et délais de livraison, les modalités de paiement, les conditions de garantie et de service après-vente, les modes du retour du produit et du remboursement…

Le e-fournisseur est tenu en outre d’établir une facture de vente comme pour toute autre transaction commerciale ordinaire.

La loi garantit au client le droit de recevoir une copie électronique du contrat de vente et une facture, ainsi qu’un produit conforme à la commande et la possibilité de réexpédier le produit non conforme.

Il est tenu en revanche de régler le paiement dû et de signer l’accusé de réception dès la remise de la commande.

Pour éviter toute mauvaise surprise, le guide du ministère de la Poste conseille aux clients d’utiliser des logiciels antivirus, des applications sécurisées et des mots de passe fiables, d’activer la double authentification, de ne pas partager leurs données personnelles, d’être prudents quant aux emails et communications publicitaires, de consulter les conditions d’utilisation des sites marchands et leur politique de confidentialité et de vérifier minutieusement la nature du produit à acheter.

Il leur est aussi recommandé d’éviter de sauvegarder sur ordinateur le code secret de leur carte bancaire, de l’envoyer par mail ou de le partager même avec les employés de la poste ou de la banque.

Le guide conseille par ailleurs l’activation des notifications par SMS ou email des opérations qui s’effectuent sur leur compte bancaire et des processus de paiement électronique.

Les arnaques à la vente en ligne sont aussi nombreuses. De faux e-commerçants proposent des remises attractives, encaissent une avance et n’envoient pas au client le produit commandé.

Pour cela, ils imitent des sites web existants, font croire que l’offre est limitée en quantité et dans le temps, procèdent à la manipulation émotionnelle des clients ou imitent les messages d’Algérie Poste.

Le guide explique en outre ce que c’est que la « triple fraude ». Il s’agit d’intermédiaires qui se mettent, sur les réseaux sociaux, entre le fournisseur réel et le client. Après avoir encaissé le montant de la transaction, ils bloquent le client sur leurs pages et le laissent impliqué avec le fournisseur réel.

En cas de fraude, le guide conseille de bloquer sa carte monétique, de recueillir le maximum d’informations sur la transaction et d’informer les services de sécurité, l’association de protection des consommateurs ou les services du ministère du Commerce.

Il est aussi demandé aux victimes de signaler sur les pages et sites des services de sécurité les sites, pages ou comptes frauduleux afin d’éviter d’autres fraudes.

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