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Coupe du monde au Qatar : « racisme » ou critiques fondées ?

Coupe du monde au Qatar : « racisme » ou critiques fondées ?

Jamais un mondial de football n’a fait autant parler avant même son début. La pression monte sur le Qatar à l’approche de la coupe du monde de football qu’il s’apprête à organiser à partir du 18 novembre.

Malgré la campagne de critiques, le petit émirat du Golfe compte néanmoins des soutiens, notamment dans le monde arabe.

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L’attribution des éditions 2018 et 2022, respectivement à la Russie et au Qatar, avait été suivie de vives critiques, beaucoup n’ayant pas compris le choix du petit émirat pour abriter un événement d’une telle envergure. C’était en 2010.

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Certaines objections omises étaient fondées. On avait par exemple mis en avant le climat très chaud de la région. Les autorités du Qatar avaient proposé de construire des stades climatisés, avant que la FIFA n’offre une solution au prix d’une concession impensable jusque-là : l’organisation du tournoi en dehors de l’été, pour la première fois depuis sa création il y a près d’un siècle.

Les matchs de la coupe du monde 2022 auront lieu en novembre-décembre. Il s’agit d’une manière de contourner les températures extrêmes, mais sans plus. Les critiques sont toujours là, à cause de l’incohérence de l’organisation d’une compétition populaire en dehors de la période des vacances et des congés. Car cela va poser de sérieux problèmes à tous les fans.

Des soupçons de corruption ont même été émis, notamment après le scandale qui a ébranlé les anciens dirigeants de la FIFA et de l’UEFA, le Suisse Sepp Blatter et le Français Michel Platini.

Pour abriter le Mondial 2022, le Qatar a dépensé sans compter dans la réalisation d’infrastructures et le lobbying, actionnant son vaste soft-power à travers le monde.

La construction de stades ultramodernes a été très coûteuse en argent mais aussi en vies humaines. Le média britannique The Guardian avance le chiffre de 6.500 travailleurs asiatiques morts sur les chantiers des stades qataris depuis 2010. C’est énorme.

La campagne contre la coupe du monde au Qatar est axée sur ce drame à grande échelle que même les autorités qataries ne nient pas. Certes, ce sont des entreprises étrangères, notamment occidentales, qui ont la charge de construire les infrastructures, mais la responsabilité de l’émirat n’est pas écartée à cause de sa législation du travail qui a rendu possibles ces abus.

Outre les accidents de travail mortels, des accusations de mauvais traitements, de conditions de travail extrêmes et de faibles rémunérations sont régulièrement proférées.

Un mondial controversé

Le sujet est devenu un point de fixation des organisations internationales de défense des droits de l’homme, qui réclament des indemnisations pour les ouvriers népalais ou autres morts sur les chantiers de l’émirat gazier.

D’autres atteintes aux droits de l’homme et des minorités, vraies ou supposées, sont mises en avant.

D’où les multiples appels au boycott de la compétition. De nombreuses villes européennes, en France et en Allemagne notamment, ont annoncé qu’elles n’installeront pas les traditionnels écrans géants dans les places publiques.

Des personnalités footballistiques très connues se sont mises de la partie pour appeler au boycott.

Les sommes faramineuses dépensées par le Qatar dans le lobbying et le soft power ne lui ont pas évité les critiques. Dans sa campagne pour obtenir l’organisation de la coupe du monde, il s’est offert par exemple les services de Zinedine Zidane pour une somme qui avait fait jaser à l’époque.

L’émirat a aussi massivement investi dans le championnat français de football, qui n’est pas pourtant le meilleur d’Europe, avec l’achat du Paris Saint-Germain d’abord, puis de joueurs à coup de centaines de millions d’euros, comme Neymar ou Messi.

Le contrat offert à Kylian Mbappe, le plus cher de l’histoire du football, est vivement critiqué. L’Émirat s’est aussi offert l’exclusivité de la diffusion des compétitions les plus prestigieuses à travers ses chaînes Bein Sport.

Malgré tout, la pression ne fait qu’aller crescendo. Les pourfendeurs du Qatar estiment que ce qui est reproché à l’émirat est trop flagrant pour être éclipsé même par les campagnes de communication les plus onéreuses.

Les autorités qataries y voient au contraire l’expression d’un sentiment « raciste » de ceux qui n’admettent pas que la plus prestigieuse compétition sportive mondiale puisse être organisée dans un pays arabe. D’où la solidarité exprimée par les chefs d’État arabes lors de leur récent sommet à Alger.

Quoi qu’il en soit, le Qatar a promis d’organiser la meilleure édition de la coupe du monde de l’histoire. Rien ne permet d’avancer qu’il n’y parviendra pas, mais il aura aussi organisé le mondial le plus controversé.

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