Économie

Course aux 30 quintaux de blé : l’apport des fongicides

Dans les champs de blé en Algérie, les opérations de désherbage et d’apport d’engrais se poursuivent. L’heure est à l’application de fongicides contre les maladies du feuillage.

Un moyen efficace de protéger les parcelles et d’atteindre le rendement de 30 quintaux prôné par le président Abdelmadjid Tebboune lors des assises nationales de l’agriculture, tenues mardi 28 février à Alger.

Traditionnellement, les services agricoles algériens mettent l’accent sur l’emploi de semences certifiées, d’utilisation d’engrais et de désherbants. Les traitements fongicides figurent rarement dans ces préconisations.

Pourtant un témoignage recueilli à Annaba montre que l’emploi de fongicides permet d’atteindre des rendements de 40 quintaux même en conditions non irriguées.

Témoignage d’un agriculteur

C’est Hichem Hamdaoui, ingénieur du Comptoir agricole des services et approvisionnements (Casap) au niveau d’Annaba et El Tarf qui publie sur les réseaux sociaux ce témoignage recueilli l’été dernier.

Il s’agit de l’expérience d’un agriculteur d’El Hadjar (Annaba), Ben Rabia Djemai.

Joint par TSA, l’ingénieur explique que cet agriculteur a utilisé un fongicide sur une parcelle de 45 hectares de blé qui présentait des maladies du feuillage durant le  printemps 2022.

L’agriculteur témoigne de l’utilisation d’un fongicide : le Ceriax, conseillé par Hichem Hamdaoui. Il indique que dès son application, « les maladies se sont arrêtées et la parcelle est restée verte durant 40 jours contrairement au blé de mes voisins. »

D’un ton convaincu, il ajoute : « Mon blé était malade et c’est le fongicide qui a stoppé l’avancée de la maladie. »  Il explique : « Ce produit est efficace car il a protégé les feuilles et indirectement l’épi. Car c’est la sève venant des feuilles qui nourrit l’épi. Si les feuilles se dessèchent, il n’y a plus d’épi. »

Il a ainsi pu atteindre un rendement de 40 quintaux : « A la récolte, j’ai procédé à  une première livraison à la CCLS. Ils ont apprécié mon blé. » Interrogé par le l’ingénieur, il ajoute : « Je conseille vivement les agriculteurs d’utiliser un fongicide. »

Les fongicides pour plus de rendement

Dans les zones à haut potentiel, la lutte contre les maladies du feuillage s’avère intéressante afin d’obtenir des rendements plus élevés. La startup algérienne Farm AI a mis au point un système de détection des maladies du blé et notamment de la rouille.

Une maladie à la propagation fulgurante qui peut réduire considérablement le potentiel de rendement en moins de deux semaines.

De sérieuses attaques ont eu lieu en 2004 sur l’axe Guelma-Constantine-Mila-Skikda.

L’application fait appel à l’intelligence artificielle et à des observations par drone. Une fois l’application téléchargée sur son téléphone portable, l’agriculteur peut visualiser l’emplacement des attaques du champignon et décider ou non de la nécessité d’un traitement.

En janvier, cette innovation a décroché la deuxième place lors d’un concours organisé en Chine.

Les firmes présentes en Algérie commercialisent différentes matières actives utilisables contre les maladies du feuillage de blé.

Le Ceirax distribué par le Casap et utilisé par Ben Rabia Djemai présente la particularité d’être accompagné d’un adjuvant qui permet une plus grande rémanence.

Pour sa part, le distributeur Srid basé à Aïn Benian (Alger) propose l’Opus, un fongicide décrit comme polyvalent contre les maladies du blé. Quant à Agrichem, ce distributeur propose le Prosaro, un fongicide qualifié de systémique.

Des essais régionaux

La gamme des produits disponibles à l’emploi en Algérie s’élargit et fait appel  aux mêmes molécules utilisées à l’étranger. C’est cette efficacité qui explique la satisfaction de l’agriculteurs d’El Hadjar.

Reste à élargir les superficies protégées. Si chaque distributeur développe un réseau de commerciaux  qui sillonnent les campagnes, les moyens des instituts techniques du ministère de l’agriculture ne semblent pas leur permettre de réaliser des essais régionaux.

Des essais pourtant indispensables à la vulgarisation de ce type de protection et au  choix des matières actives les plus adaptées.

Production locale de pulvérisateurs

Il existe une industrie locale  de pulvérisateurs qui permet l’équipement des exploitations agricoles à un coût abordable. Cependant, ces engins ont une faible envergure.

Contrairement à la production locale de semoirs qui s’appuie sur le savoir-faire de l’espagnol Sola, de celle des moissonneuses-batteuses qui s’appuie sur le constructeur finlandais Sampo-Rosenlew ou de celle des charrues qui s’appuie sur le constructeur portugais Gallucho, ces pulvérisateurs ne bénéficient pas d’innovations techniques récentes.

Ils méritent une montée en gamme d’autant plus importante qu’il s’agit d’outils polyvalents avec des pulvérisations d’engrais foliaires, d’insecticides, d’herbicides ou de fongicides.

Un atout certain dans la course aux 30 quintaux de blé par hectare que l’Algérie veut atteindre pour réduire sa dépendance  à l’importation de céréales de l’étranger et assurer sa sécurité alimentaire.

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