Économie

Crise Algérie – Espagne : l’aveu du gouvernement espagnol

Onze mois après le revirement de l’Espagne concernant le conflit au Sahara occidental qui a provoqué une crise majeure avec l’Algérie, le gouvernement espagnol a fait un aveu de taille.

En représailles à l’alignement du gouvernement espagnol sous l’impulsion de son président Pedro Sanchez en faveur du plan marocain d’autonomie pour le Sahara occidental occupé, l’Algérie a rappelé son ambassadeur en mars puis a décidé de suspendre le traité d’amitié et les relations commerciales avec l’Espagne en juin de la même année.

| Lire aussiAlgérie – Espagne : les « patrons espagnols ne sont pas contents »

Le gouvernement espagnol a reconnu ne pas avoir pris la mesure des conséquences de sa décision sur le Sahara Occidental, révèle le journal El Independiente ce mardi 14 février.

L’aveu a été fait par de hauts cadres du ministère espagnol de l’Industrie, du Commerce et du Tourisme lors d’une réunion avec des opérateurs économiques qui ont des liens avec l’Algérie, selon la même source.

Selon les représentants de ce ministère, il n’était « pas possible de connaître ni de prévoir les conséquences » de la décision de considérer le plan d’autonomie marocain au Sahara occidental comme « une base sérieuse, réaliste et crédible ».

L’Espagne a choisi le Maroc au détriment de l’Algérie

D’après un entrepreneur présent durant cette réunion, cité par El Independiente, le revirement de Madrid était une décision politique prise pour « satisfaire » le Maroc « sans prendre en compte les préjudices que cela pourrait causer » à la relation avec l’Algérie.

| Lire aussiEspagne : Pedro Sanchez « humilié » par le Maroc, critiqué par ses alliés

Pour les entreprises espagnoles implantées en Algérie, les pertes accumulées depuis la décision de Pedro Sanchez s’élèvent à 600 millions d’euros en 2022, selon El Independiente.

Pour se justifier d’avoir soutenu le plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental, en plus de la lutte contre l’immigration clandestine en provenance du royaume, le gouvernement espagnol met en avant le fait que les exportations espagnoles vers l’Algérie étaient à 2,7 milliards d’euros en 2021 alors qu’elles avaient atteint 9,5 milliards vers le Maroc la même année.

Entre l’Algérie et le Maroc, Pedro Sanchez a donc fait son choix. Le socialiste, dont le mandat sera remis en jeu au plus tard fin 2023, a misé sur le Maroc.

En contrepartie, il espère rafler des projets économiques importants en faveur d’entreprises espagnoles. À titre d’exemple, les entreprises ibériques Talgo y Construcciones y Auxiliar de Ferrocarriles (CAF) ont montré leur intérêt pour fournir au Maroc 80 à 100 trains à grande vitesse à court terme, indique El Independiente.

L’Espagne espère voir ses entreprises construire l’autoroute entre Kenitra et Marrakech bien que la concurrence sera rude vu que des opérateurs français et chinois sont sur le coup, ajoute la même source.

Algérie – Espagne : Madrid justifie son choix

Les arguments du gouvernement basés sur les chiffres des échanges avec l’Algérie et le Maroc ne sont pas convaincants aux yeux des opérateurs affectés par la crise avec l’Algérie.

Les opérateurs espagnols mettent en avant les effets de la crise sanitaire ainsi que le changement au sommet du pouvoir algérien pour expliquer le recul des exportations de l’Espagne vers l’Algérie, rapporte El Independiente.

Ils précisent également que les chiffres des exportations vers le Maroc comprennent également les reventes de gaz dont le pourcentage n’est pas déclaré.

Le gouvernement espagnol tient à sa nouvelle position considérant que les intérêts économiques avec le Maroc sont plus importants que ceux qu’avec l’Algérie et suggère aux opérateurs de « changer de pays », ajoute la même source.

La relation entre l’Algérie et l’Espagne est au point mort. « Il n’existe aucune sorte de négociation », selon El Independiente qui cite l’ambassade de l’Espagne à Alger.

Les plus lus