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Crise au FLN : le compte à rebours a-t-il commencé pour Ould Abbes ?

Crise au FLN : le compte à rebours a-t-il commencé pour Ould Abbes ?

Le FLN, parti du président et de la majorité parlementaire, entre dans un nouveau cycle de crise interne à quelques mois de l’élection présidentielle. Des membres du bureau politique ont publié, lundi 18 juin, un communiqué pour dénoncer la décision de les exclure de cette instance de direction et pour signifier qu’ils ne quittent pas leurs postes.

La publication de ce communiqué est intervenue presque vingt jours après la mesure prise par Djamel Ould Abbes, secrétaire général du parti. Pourquoi ont-ils gardé le silence durant toute cette période ? À cause du Ramadan ? Ou pour prendre le temps de se concerter, voire obtenir des soutiens ?

Sur les douze membres mis à l’écart, seuls huit ont signé le texte pour évoquer « un grave précédent dans l’Histoire du parti » et pour défier Ould Abbes, ce qui est assez rares dans les annales du FLN. Les signataires reprochent au SG du FLN d’avoir confisqué les prérogatives du Comité central (CC) qui est l’instance la plus haute entre deux congrès.

Statutairement, c’est le CC qui approuve la composante du BP après proposition du secrétaire général. Ould Abbes, qui n’a pas convoqué une session extraordinaire du CC pour annoncer sa décision, a déclaré avoir consulté « les hautes autorités » du pays avant d’écarter les douze membres du BP. Il n’a, par contre, donné aucune explication politique à cette décision.

Éviter la sortie par la petite porte

Rachid Assas, un des membres exclus du BP, a, dans une interview accordée ce mardi 19 juin à El Khabar, émis des doutes sur les dires de Ould Abbes. « Il désigne le président de la République en parlant des « hautes autorités ». C’est de l’abus. Le président de la République est le gardien de la Constitution et des lois de la République, ne peut pas prendre des décisions comme celles de Ould Abbes. Le président de la République ne permet pas le viol du règlement intérieur et du statut du parti. Un statut qui précise clairement les prérogatives du secrétaire général. Ce qu’a fait Ould Abbes est un dépassement de toutes les lignes », a accusé Rachid Assas.

Ould Abbes a-t-il réellement consulté le chef de l’État dans sa décision d’écarter les membres du BP en les remplaçant par d’autres ? Certains militants du FLN, qui connaissent parfaitement les coulisses du vieux parti, en doutent. Pour eux, Ould Abbes devait quitter la direction après les élections locales de l’automne 2017 « parce qu’il a cumulé beaucoup d’erreurs ».

Mais, le premier responsable du FLN travaille pour éviter le sort réservé à son prédécesseur Amar Saâdani. Les adversaires de Ould Abbes lui reprochent de repousser la réunion du Comité central, qui devait se rassembler au printemps dernier, pour ne pas avoir à rendre des comptes.

Le SG du FLN réplique, de son côté, en disant qu’il prend tout le temps nécessaire pour établir le bilan de vingt ans du président Bouteflika et pour « répondre à ceux qui s’interrogent où ont été dépensés les 1000 milliards de dollars », d’après ses dires.

Neutraliser les opposants

Ce projet est visiblement mis de côté pour l’instant. Dans l’attente, Ould Abbes, qui n’évoque plus publiquement la question du 5e mandat pour Abdelaziz Bouteflika, travaille, selon ses proches, à « assainir » les rangs du parti. De qui ? Pas très clair pour l’instant. Certains évoquent la volonté de l’actuel SG de « rajeunir » la composante du parti et de « rafraîchir » son encadrement. D’autres chuchotent que Ould Abbes veut neutraliser ses opposants qui se recrutent dans l’entourage de Abderrahmane Belayat, qui rêve toujours de changer la direction actuelle de l’ex-parti unique, et de Amar Saâdani.

Ould Abbes entend s’appuyer complètement sur le projet de faire campagne pour un autre mandat pour Bouteflika avec l’idée-clef de « la continuité ». « La sagesse est de dire au président de poursuivre son action », a-t-il confié à Tizi Ouzou. « Le nouveau départ, c’est à partir d’ici », a-t-il appuyé en évoquant le rôle de la Kabylie durant la Guerre de libération nationale.

La mise à l’écart des douze membres du BP s’inscrit donc dans cette logique de « nouveau départ ». Ould Abbes réussira-t-il à convaincre les membres du CC de cette démarche lors de la prochaine réunion ? Ou va-t-il tirer profit de la période estivale pour mûrir la réflexion ? Abderrahmane Belayat a, lui, lancé un appel pour le président Bouteflika pour sauver le FLN de… Ould Abbes avant la prochaine rentrée sociale.

Ce qui est déjà sûr est que le FLN, qui peine à se doter d’un programme politique clair et autonome, sera un « territoire » où se déroulera la principale bataille, la mère des batailles, de la présidentielle de 2019, avec ou sans Djamel Ould Abbes.

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