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Disparitions d’enfants : « On n’attend pas plusieurs jours pour lancer un appel à témoin »

Disparitions d’enfants : « On n’attend pas plusieurs jours pour lancer un appel à témoin »

Pr Mostefa Khiati, président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem)

Dans cet entretien, le Pr Mostefa Khiati revient sur ce phénomène des disparitions d’enfants en Algérie, la responsabilité des parents, des services de sécurité, le dispositif alerte enlèvement…

Le fléau des disparitions mystérieuses d’enfants revient de nouveau. Trois filles âgées entre 11 et 14 ans sont portées disparues, respectivement à Remchi et à Alger. Quelle analyse en faites-vous ?

Pr Mostefa Khiati président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem) : Tout d’abord il y a lieu de distinguer entre disparitions et enlèvements. Les disparitions sont relativement fréquentes puisque l’Algérie, ces 15 dernières années, il y a eu en moyenne entre 10 et 150 disparitions par an. Ce sont des phénomènes qui touchent généralement des adolescents de moins de 15 ans, qui quittent le domicile familial pour différentes raisons. Parce qu’il y a eu un conflit familial, ou que l’enfant a peur de remontrances ou a subi des violences…Par contre, les enlèvements d’enfants sont relativement rares, puisque durant les vingt dernières années, les chiffres sont de moins de 2 cas par an. Ce sont les chiffres de la police judiciaire (DGSN). Ce sont des chiffres officiels, confirmés avec enquêtes. Dans les cas que vous venez de citer, les informations ne sont pas confirmées, les données sont interprétées par les journalistes mais il n’y a pas de données officielles de la part de la police judiciaire. On est encore au stade des supputations.

Qu’en est-il du dispositif « alerte enlèvements » ?

Celui-ci n’a pas été déclenché dans tous ces cas précités. Je pense qu’il n’y a pas eu suffisamment de sensibilisation du public sur ce dispositif, notamment au niveau de l’intérieur du pays. Or, il faut le faire. Et surtout vérifier que ce dispositif est toujours actif et peut être déclenché à tout moment. Dans le cas de la deuxième fille de Tlemcen (Malak, 11 ans originaire de la commune de Remchi, Ndlr) qui aurait été signalée à Oran, si le dispositif avait été déclenché dans l’heure qui a suivi (la disparition), on n’aurait pas eu de problèmes. L’enfant ne va pas à l’école, il aurait été loisible pour sa famille de la signaler tout de suite.

Où se situe justement la responsabilité des parents ?

La responsabilité des parents est grande. D’abord parce que nous sommes dans une situation exceptionnelle (Covid), il y a encore un confinement partiel. Normalement un enfant qui sort de la maison doit tout de suite attirer l’attention de ses parents. Il faut s’en inquiéter au bout de 10 minutes à un quart d’heure. Là, la réaction a été relativement tardive. D’un autre côté, on n’attend pas plusieurs jours pour lancer un appel à témoin, ça devrait se faire dans les 24 heures qui suivent la disparition. On ne peut pas attendre. Il faut une célérité importante et je pense que l’ONPPE (Office national de promotion et de protection des enfants) devrait s’intéresser d’un peu plus près à ce problème-là et de proposer les conduites à tenir.

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