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Elle fonce sur 1000 DA le kilo : les raisons de la flambée de la banane

Elle fonce sur 1000 DA le kilo : les raisons de la flambée de la banane

L’accalmie n’aura pas duré longtemps. Les prix de la banane flambent de nouveau sur le marché algérien. De 800 dinars le kilogramme début avril, le prix du fruit jaune a baissé jusqu’à 300 dinars, voire moins, pendant quelques semaines avant de remonter à nouveau.

Il est actuellement à 600-650 dinars le kilogramme et risque de flamber encore dans les jours et semaines à venir, préviennent les professionnels qui n’excluent pas de voir la banane atteindre et dépasser le seuil psychologique de 1000 dinars le kilo très prochainement.

Il y a comme un gros paradoxe dans la situation. Il est connu qu’il y a moins de demande sur la banane pendant cette période de l’année à cause de la disponibilité et de l’accessibilité de nombreux fruits de saison.

 « Toute l’inquiétude est là. Si la banane est inaccessible pendant l’été, qu’en sera-t-il quand il y aura moins de pastèque, de melon, de pêche et de raisin sur le marché ? Si les choses ne changent pas, la banane va atteindre des prix inimaginables », met en garde un importateur, dans la filière depuis plusieurs années. Autrement dit, si l’Algérien lambda n’achète pas la banane pendant l’été, ce n’est pas pendant les autres mois de l’année qu’il pourra se la permettre.

Notre interlocuteur a son explication à cette dérégulation du marché de la banane qu’il impute à deux principaux facteurs : la bureaucratie et la spéculation.

D’emblée, il exclut tout impact de la conjoncture internationale, soulignant que les prix dans les pays d’origine n’ont pas bougé.

Durant la flambée du printemps dernier, certains importateurs avaient pointé du doigt le ministère de l’Agriculture qui, selon eux, délivrait les autorisations d’importation avec parcimonie. Cette fois, ce département semble hors de cause. Du moins à en croire notre interlocuteur, les autorisations sont délivrées et en quotas suffisants pour couvrir largement les besoins du marché, estimés à entre 500 à 600 tonnes par jour.

Spéculation

Le problème se situerait au niveau d’Algex, l’agence algérienne de promotion du commerce extérieur, qui, semble-t-il, ne signe pas les autorisations avec la même célérité. Depuis avril dernier, toutes les opérations d’importation de produits destinés à la revente en l’état sont assujetties à l’accord d’Algex qui délivre un document attestant que la marchandise à importer n’est pas produite localement.

Cette nouvelle disposition a été critiquée par plusieurs filières, ce qui a contraint le gouvernement à apporter plusieurs ajustements et clarifications, exemptant notamment les médicaments et les intrants agricoles.

« Nous avons obtenu les autorisations du ministère de l’Agriculture et nous attendons toujours celles d’Algex pour entamer les opérations d’importation », assure le même importateur.

Mais il n’y a pas que lui et ses collègues qui scrutent le moindre geste de cette agence étatique qui dépend du ministère du Commerce. Les spéculateurs sont aussi aux aguets et c’est la raison principale de la dérégulation en cours.

 » Il y a de la banane dans les entrepôts, celle qui a été importée ces dernières semaines, mais les spéculateurs ne veulent pas la mettre sur le marché, ou le font au compte-goutte. Certains ont de vastes espaces de stockage. Ils sont au courant de ce qui se passe. Ils savent que tant qu’Algex ne signe pas les autorisations d’importation, les prix ne feront qu’augmenter et ils vendront comme ils veulent. Et c’est ce qui est en train de se produire », explique l’opérateur, qui prévoit aussi l’entrée en scène des contrebandiers pour acheminer de la banane à partir de la Tunisie.

La spéculation a été pointée du doigt, y compris par le président de la République, comme étant le facteur principal derrière les pénuries et tensions qui ont touché plusieurs produits ces deux dernières années en Algérie.

Fin 2021, une loi dédiée à la lutte contre la spéculation a été promulguée, prévoyant des peines pouvant aller jusqu’à la prison à vie à l’encontre des spéculateurs.

C’est conformément aux dispositions de cette nouvelle loi qu’un individu pris en flagrant délit de spéculation, autour de la banane justement, a été condamné en avril dernier à 3 ans de prison ferme par le tribunal de Boufarik (Blida). Une opération de contrôle des entrepôts par la police avait permis la saisie d’importantes quantités de bananes destinées à la spéculation, dont 1243 à Blida.

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