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Entretien avec James Heappey, ministre des Forces armées britanniques

Entretien avec James Heappey, ministre des Forces armées britanniques

James Heappey,, ministre des Forces armées britanniques (Tous droits réservés)

James Heappey, ministre d’Etat, chargé des Forces armées britanniques, a effectué dimanche 26 février une visite en Algérie. Il a été reçu par le général d’armée Said Chanegriha, chef d’état-major de l’ANP.

Dans cet entretien, il revient sur cette visite, les relations militaires entre l’Algérie et le Royaume-Uni, la guerre en Ukraine, la Russie…

Votre visite en Algérie intervient un peu plus d’un mois après celle du conseiller britannique à la défense pour la région MENA. S’agit-il d’un regain d’intérêt pour toute la région ou d’un intérêt particulier pour la coopération militaire entre le Royaume-Uni et l’Algérie ?

L’Afrique du Nord est une région d’une importance vitale pour le Royaume-Uni ; nous partageons les mêmes intérêts dans le maintien de la sécurité maritime et de la liberté de navigation, ainsi que dans la protection de nos nations contre les menaces du terrorisme et des formes graves de la criminalité organisée. Je suis venu en Algérie pour renforcer notre relation bilatérale.

Pourquoi un tel intérêt pour cette situation spécifique ? Plus clairement, quel est le but de votre visite en Algérie ?

Le Royaume-Uni et l’Algérie entretiennent une relation de défense de grande envergure, fondée sur le respect mutuel et le partenariat, pour relever les défis de sécurité régionaux et internationaux communs.

Je suis venu en Algérie pour approfondir et renforcer nos relations, en m’appuyant sur les précédentes visites de haut niveau en Algérie ; celles de Lord Ahmed et Lord Risby en 2022.

Nous voulons bien comprendre la position de l’Algérie, en tant qu’acteur majeur en Afrique du Nord, sur les questions clés de sécurité régionale, y compris les menaces émanant du Sahel, de la Libye et du Mali et enfin identifier comment nous pouvons continuer à coopérer sur ces défis communs.

Dans ses déclarations à Alger, le conseiller à la défense, l’Air Marshal Martin Elliott Sampson, a beaucoup parlé de la formation comme segment de la coopération militaire entre les deux pays. Y a-t-il d’autres segments que les deux parties souhaiteraient développer, comme les achats d’armes, les manœuvres militaires conjointes ?

Le Royaume-Uni est attaché à sa relation de défense mutuellement bénéfique avec l’Algérie, notamment par le biais d’échanges d’expériences et de coopération en matière d’industrialisation de la défense.

La visite de la RFA Argus à Alger en novembre dernier, au cours de laquelle les Royal Marines britanniques ont participé aux côtés du personnel algérien à des exercices conjoints axés sur les opérations d’abordage, en est un bon exemple.

Au-delà des échanges d’expériences, le Royaume-Uni est ouvert et désireux de coopérer avec l’Algérie en matière d’industrialisation de la défense. Il y a d’énormes avantages à travailler avec des pays qui utilisent les mêmes équipements et le Royaume-Uni est prêt à soutenir ce processus chaque fois qu’il le peut.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, on constate un intérêt croissant des pays occidentaux pour l’Algérie. De nombreux hauts responsables militaires de ces pays se sont rendus en Algérie. Comment expliquer cet intérêt ? Est-ce la position de l’Algérie ou les craintes de la voir rejoindre le camp adverse ?

Pour le Royaume-Uni, cette visite s’inscrit dans le cadre d’une coopération de longue date entre le Royaume-Uni et l’Algérie sur des défis et des intérêts communs, tels que la protection de nos nations contre les menaces du terrorisme et de la grande criminalité organisée, ainsi que sur des questions clés de sécurité régionale.

Cela inclut l’impact de la guerre en Ukraine sur l’économie et la sécurité mondiales, ainsi que les menaces émanant du Sahel, de la Libye et du Mali.

Des pays comme l’Algérie, en tant que leader régional, ont un rôle unique à jouer pour assurer la sécurité et la stabilité en Afrique du Nord et au Sahel.

Pour le Royaume-Uni, il est important que la communauté internationale et nous-mêmes continuions à jouer un rôle constructif pour soutenir les initiatives locales et régionales.

L’Algérie a des relations historiques avec la Russie, qui est son principal fournisseur d’armes. En même temps, elle a des traditions de non-alignement. Comment le Royaume-Uni juge-t-il la position de l’Algérie vis-à-vis de ce qui se passe en Ukraine ? Dès le début de la guerre en Ukraine, les pays occidentaux se sont rangés du côté de l’Ukraine, lui apportant une aide financière et militaire. Pourquoi le Royaume-Uni et les Occidentaux en général n’ont-ils pas la même position ailleurs, dans d’autres zones de conflit, comme en Palestine ?

Le Royaume-Uni reconnaît et respecte la relation longue et historique de l’Algérie avec la Russie et sa position de principe de non-alignement.

Le Royaume-Uni est résolu à aider l’Ukraine à atteindre les résultats souhaités, décidés par son peuple et son gouvernement démocratiquement élu.

Nous travaillons sur une base respectueuse et coopérative avec l’Algérie sur la guerre en Ukraine. Par exemple, nous cherchons à faire part régulièrement à l’Algérie de nos préoccupations concernant les actions russes en Ukraine et nous aidons l’Algérie à diversifier son équipement en termes de capacités de défense.

Le Royaume-Uni a un intérêt stratégique de sécurité dans la stabilité européenne. Mais notre priorité de manière plus large est un retour sur la voie de la sécurité et de la prospérité mondiales. Cette guerre affecte les pays du monde entier, nuit à l’économie mondiale et menace la stabilité mondiale.

Le débat en Occident concerne la livraison d’armes lourdes (chars, avions) à l’Ukraine. Ces armes sont-elles déterminantes pour l’issue de la guerre ? Le risque d’une troisième guerre mondiale dévastatrice est-il réel ? Le règlement du conflit par les armes, c’est-à-dire par la défaite de l’un ou l’autre camp, est-il possible ?

Le Royaume-Uni fournit à l’Ukraine les moyens de se défendre – à la demande de son gouvernement – contre une attaque brutale et injustifiée de la Russie. Poutine et son régime sont les seuls responsables de la guerre en Ukraine.

Le Kremlin peut mettre fin à cette guerre immédiatement s’il le souhaite. Une fin de la guerre aux conditions ukrainiennes est la voie la plus rapide vers la stabilité. C’est pourquoi le Royaume-Uni et nos partenaires soutiennent l’Ukraine tout en étant plus proactifs dans notre soutien militaire et en aidant à construire une Ukraine forte pour garantir une paix prospère.

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