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Feux de forêt : la nouvelle menace qui pèse sur l’Algérie

Feux de forêt : la nouvelle menace qui pèse sur l’Algérie

Avant même le début de l’été, qui ne commence que le 21 juin, l’Algérie enregistre les premiers feux de forêt dévastateurs, avec deux morts à Skikda.

D’où l’interrogation sur la préparation des services concernés à faire face à d’éventuels incendies de grande ampleur.

Le changement climatique et sans doute des défaillances dans la prévention et les méthodes de lutte font que de plus en plus de feux ravagent les forêts algériennes, ou ce qu’il en reste, chaque année. L’année 2021 a été la plus désastreuse avec des incendies qui ont ravagé des régions entières du pays.

Début juillet 2021, des incendies simultanés avaient frappé les régions de Ain Mimoun, Chelia et Bouhmama, dans la wilaya de Khenchela. Pendant près de deux semaines, les feux avaient tout ravagé, brousses, forêts et vergers.

Au total, 2600 hectares sont partis en fumée, dans une partie des vergers de pommiers qui font la réputation de Bouhmama. Les dégâts auraient été peut-être plus considérables sans les jeunes de la région qui ont prêté main forte aux éléments de la Protection civile. Des volontaires étaient venus de tous les Aurès, des wilayas limitrophes et de toutes les régions du pays.

Toute l’Algérie retient ce bel épisode de solidarité, mais la suite sera plus dramatique. En août, des dizaines d’incendies simultanés se déclarent en Kabylie.

La wilaya de Tizi-Ouzou est la plus durement touchée, notamment les localités de la Haute-Kabylie à très forte densité démographique. On parle de 25 000 hectares de broussailles et de forêts partis en fumée.

Les feux ont atteint les villages et le bilan humain est très lourd. Selon diverses sources, au moins 200 personnes ont trouvé la mort, parmi lesquelles des militaires.

Là aussi, toute l’Algérie a accouru pour secourir la population touchée et participer à l’effort de lutte contre les incendies. Cet épisode a été marqué par la mort dramatique de Djamel Bensmail, venu pour aider mais pris par la foule pour un pyromane.

Ce meurtre avait failli plonger l’Algérie dans l’irréparable.

Même si des responsables à tous les niveaux ont déclaré que les incendies étaient d’origine criminelle, cela ne signifie pas que l’éventualité de leur réédition, en Kabylie ou d’autres régions, était écartée. L’Algérie était devant une épreuve qu’elle n’avait pas connue auparavant et il fallait en tirer des leçons pour l’avenir.

Les hydravions efficaces, mais insuffisants

La première, et la plus évidente sans doute, est qu’il ne faut plus attendre qu’un incendie se déclenche pour chercher les moyens pour l’éteindre.

Alors que la Kabylie brûlait, les pays européens qui disposent d’avions bombardiers d’eau n’ont pas pu les mettre à la disposition de l’Algérie car ils étaient en mission dans d’autres pays du pourtour méditerranéen qui faisaient face également à de gigantesques incendies. La France enverra quelques avions, mais c’était presque après coup.

Les incendies n’étaient pas totalement éteints lorsqu’on a commencé à évoquer l’acquisition d’avions bombardiers d’eau. Dès la mi-août, le ministère de la Défense nationale a annoncé avoir passé commande auprès de la Russie pour l’acquisition de 4 bombardiers neufs de type Beriev B-200.

Ces avions ne sont toujours pas livrés et le président de la République a mis à profit sa présence la semaine passée au pavillon des États-Unis à la foire internationale d’Alger, pour exprimer le besoin « urgent » d’acquérir des avions bombardiers d’eau américains.

« C’est urgent, l’acquisition peut se conclure sur-le-champ », a indiqué Abdelmadjid Tebboune à ses interlocuteurs au stand du constructeur américain Lockheed Martin.

Abdelmadjid Tebboune a évoqué une urgence car les premiers incendies sont déjà enregistrés et nul ne sait de quoi sera fait l’été. A Skikda, des feux gigantesques ont fait deux morts et un bombardier russe a été affrété pour participer à l’effort de leur extinction. L’avion a effectué ses premières opérations ce week-end.

Sans doute que les Beriev B-200 commandés à la Russie ou ceux sollicités auprès des États-Unis finiront par arriver, cet été ou après, mais est-ce pour autant la solution miracle contre les feux de forêt ?

Ils ne doivent en tout cas pas faire oublier aux autorités concernées leur mission essentielle de prévention, de sensibilisation et d’organisation des moyens d’intervention existants.

L’hydravion n’est qu’un moyen de lutte supplémentaire, certes efficace, mais insuffisant, puisque quasiment tous les pays du sud de l’Europe qui en disposent connaissent régulièrement des incendies ravageurs.

Surtout, le bombardier d’eau est inopérant dans certaines zones en Algérie, comme celles à forte densité de population, comme il a été expliqué l’année passée lors des incendies de Kabylie.

Le gros du travail doit se faire en amont, en menant des campagnes de sensibilisation contre certains comportements dangereux et une prévention permanente par des actions de défrichage et d’ouverture de pistes et le renforcement de la surveillance.

Les moyens de la Protection civile doivent aussi être renforcés et réorganisés pour optimiser leur utilisation et leur efficacité afin de faire face à cette menace qui pèse sérieusement sur l’Algérie, comme l’ont montré ceux de l’été 2021.

Les incendies menacent non seulement le couvert végétal, la faune mais aussi et surtout les populations. La lutte contre les incendies de forêt n’est pas une action ponctuelle, mais un travail continu de tous les jours.

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