Économie

Flambée des prix des œufs en Algérie : hausse des coûts ou spéculation ?

Les prix des œufs connaissent une flambée sans précédent en Algérie. Le prix du plateau de 30 œufs a augmenté d’environ 200 dinars par rapport à l’année dernière.

Les œufs sont quasiment devenus un produit de luxe pour les petites bourses, dont le pouvoir d’achat est durement affecté par l’inflation. Les petites et moyennes bourses ne peuvent pas se permettre un plateau d’œufs à 600 dinars.

Les œufs sont très consommés en Algérie. La demande est très importante tant par les ménages que par les opérateurs dont les fabricants de gâteaux, de mayonnaise ainsi que les pâtisseries et les pizzérias. La hausse des prix des œufs devrait se répercuter sur d’autres produits.

Sur les réseaux sociaux, des appels au boycott des œufs sont lancés dans les pages et les groupes pour tenter d’influer sur les prix. « Les poules ont accouché dans une clinique privée », ironisent les Algériens sur les raisons de la flambée des prix des œufs.

« L’éleveur livré à lui-même »

Comment expliquer la hausse vertigineuse des prix des œufs en Algérie ? Contacté par TSA ce mardi 17 janvier, Hazab Benchohra, secrétaire générale de l’Union générale des commerçants et artisans algériens, a dressé un constat alarmant, en évoquant une filière laissée à l’abandon par les pouvoirs publics. « L’éleveur est livré à lui-même », a-t-il affirmé.

Selon M. Benchohra, beaucoup d’éleveurs ont abandonné la filière car ne pouvant faire face à la hausse des prix des aliments et des poussins également. « L’offre est inférieure à la demande. Il est tout à fait normal que les prix augmentent car le produit n’est pas suffisamment disponible et il n’y a pas de concurrence », ajoute-t-il.

Comme solutions, M. Benchohra préconise une intervention directe des pouvoirs publics par le biais de la subvention des prix des aliments et poussins et des médicaments utilisés dans le processus d’élevage. « Les œufs sont nécessaires dans la vie quotidienne des Algériens. L’État doit intervenir pour réguler les prix des aliments, des poussins et des médicaments », soutient le SG de L’UGCAA.

De son côté, le président de l’Association de protection des consommateurs (Apoce), Mustapha Zebdi, partage en partie le constat dressé par M. Benchohra avec des nuances évidentes.

Flambée des œufs : le constat de l’Apoce

Le président de l’Apoce explique que la filière d’élevage des poules et la production des œufs souffre d’un problème d’organisation qui dure depuis plusieurs années.

Pour Zebdi, il y a des raisons objectives qui ont fait que les prix des œufs atteignent ces seuils mais elles ne peuvent pas tout expliquer. « Il y a eu la grippe aviaire certes. Les éleveurs ont perdu des millions de poules pondeuses. Il est tout à fait normal que le producteur cherche à amortir ses pertes sur les prix des œufs. Oui il y a des raisons logiques mais il y a aussi une entente horizontale entre les éleveurs sur les prix », a-t-il expliqué.

Mustapha Zebdi estime que le fait que les éleveurs s’entendent sur un prix, c’est de « la spéculation qui doit être punie par la loi » tout en reconnaissant une hausse des prix des œufs au niveau mondial en raison de la grippe aviaire.

« Les organes de régulation doivent agir. Les prix montent en flèche sans que personne ne puisse contrôler. Il est temps de réguler la filière », poursuit Zebdi.

Entre les difficultés de la filière aviaire et la spéculation sur les prix des œufs, le consommateur algérien continue de payer un produit de première nécessité au prix fort en attendant que des solutions soient trouvées puisque les constats sont faits. Pendant ce temps, le gouvernement garde le silence.

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