Économie

Flambée du cours du concentré de jus d’orange : quel impact sur l’Algérie ?

Les cours mondiaux du concentré de jus d’orange flambent, ce qui suscite des inquiétudes sur la hausse des boissons à base de ce produit en Algérie, notamment à l’approche du ramadan.

Cette flambée des cours du concentré du jus d’orange est due aux tempêtes qui ont touché les Caraïbes et la Floride, le plus important producteur mondial après le Brésil.

A cela s’ajoute les maladies cryptogamiques qui ont affecté les vergers agrumicoles. Aussi, le prix du concentré de  jus d’orange importé a bondi de 19% atteignant 2,44 dollars le kg. Dans ces conditions, on peut se demander quelles seraient les répercussions possibles sur le marché national à l’approche du mois de ramadan.

Contacté par TSA, le président de l’Association des producteurs algériens des boissons (APAB), Ali Hamani, a donné un aperçu sur la flambée mondiale des cours du concentré de  jus d’orange et son point de vue pour plus d’intégration de matière première locale dans les produits de la filière.

Enfin, il a tenu à évoquer les efforts des industriels algériens qu’il représente dans le processus de réduction du taux de sucre ajoutés dans les boissons fabriquées en Algérie.

Pour rappel, l’association des producteurs algériens de boissons possède une solide tradition de représentation de la profession.

En témoigne le fait qu’elle soit aujourd’hui un interlocuteur reconnu de différents ministères sur les questions d’organisation du marché. Un sérieux qui a récemment amené le secteur des laiteries produisant le lait stérilisé UHT et les produits laitiers à rejoindre l’APAB.

Flambée du jus d’orange : quel impact sur l’Algérie ?

Pour Ali Hamani, l’actuelle crise sur le marché mondial du jus d’orange ne devrait pas se traduire par des ruptures d’approvisionnement en Algérie notamment lors du prochain Ramadan.

Il note cependant que le prix du concentré de jus d’orange reste élevé de même que le coût du fret maritime. Aussi craint-il plus l’effet conjugué de ces deux paramètres que d’éventuelles ruptures d’approvisionnement. Reste que le « coût rendu est élevé », précise-t-il.

Un verger d’orangers de bouche

Interrogé sur la possibilité d’une substitution même partielle de la production locale de jus aux importations, il indique qu’il s’agit de réunir certaines conditions.

La première est de produire des oranges pour la transformation industrielle destinée expressément à la production de jus. Or lesvergers agrumicoles nationaux sont surtout constitués d’oranges de bouche.

Quant aux autres fruits produits en Algérie, il rappelle le succès d’antan du jus d’abricots de marque N’gaous. Un produit qui a eu une grande renommée auprès du public dans les années 1980. A l’époque, « Le produit faisait fureur car il s’agissait d’un pur jus », explique-t-il. Cependant l’unité de production a n’est plus en activité.

Parmi les autres conditions figure la question des relations entre industriels et agriculteurs. Pour Ali Hamani, l’approvisionnement des industriels algériens en oranges passe par la signature de conventions avec les agriculteurs. Des conventions qui méritent d’être respectées notamment par les producteurs.

En la matière, il existe des réussites et donne en exemple des vinificateurs  de la société « Les Grands Crus de l’Ouest (GCO) qui a signé un millier de conventions avec des vignerons pour l’approvisionnement des chais de l’entreprise en raisin. Un approvisionnement en produit selon le respect d’un cahier des charges précis. »

La production vitivinicole reste à parfaire

Enfin une dernière condition indique-t-il réside dans le soutien des pouvoirs publics : « Jusqu’à il y a peu de temps, il n’était pas accordé l’importance nécessaire à ce marché industriel. Notamment en matière d’attribution de terres sous forme de concessions agricoles. » Il reconnaît cependant des avancées : « les pouvoirs publics mettent actuellement le paquet. »

Dans ce cadre, les échanges avec les pouvoirs publics sont réguliers notamment concernant la question de la réduction des importations de poudre de lait pour la sous-filière des laits et produits laitiers.

A ce propos, il confie à TSA que  «lors de l’inauguration de la foire de la production nationale et de la visite du stand de l’entreprise Soummam, le président Abdelmadjid Tebboune avait donné les assurances quant à l’affectation de terres agricoles au sud du pays pour produire les fourrages au cheptel bovin laitier de la société.

Des industriels ont eu l’occasion d’informer qu’ils n’avaient bénéficié d’aucune attribution de concessions agricoles malgré plusieurs demandes. »

Le patron de l’APAB note que « pour relever le défi de la production, les autorités ont pris conscience de la situation et ont promis l’attribution de concessions agricoles pour favoriser une production locale de lait. »

Cette initiative de facilitation à la concession de  parcelles de terres est également attendue par les industriels de la fière des boissons, des transformateurs de fruits et légumes.

L’APAB en pointe concernant la réduction du sucre

A propos de la réduction du taux de sucre dans les boissons produits en Algérie, Ali Hamani rappelle qu’il existe deux arrêtés  interministériels concernant respectivement  les jus de fruits, nectar et boissons au jus de fruits ainsi que les boissons rafraîchissantes, qui encadrent cette activité et les normes requises. Pour rappel ces textes limitent le taux de sucre ajoutés à 105 gr/L dans ce genre de boissons, à l’exception du jus qui ne doit pas en contenir, sachant qu’il est naturel.

Il a précisé que  « les industriels ont répondu présent avant même que les textes ne soient publiés au journal officiel ».

Il indique que le consommateur algérien, compte tenu du modèle de consommation, aime malheureusement  le sucre.

L’association a mené des études et sondages sur les moyens d’arriver à réduire les taux de sucre dans les denrées alimentaires d’une manière générale et ne pas se limiter aux boissons.

Ali Hamani indique que les industriels algériens,dans le but d’habituer le palet du consommateur,sont arrivés à « une baisse graduelle du taux de sucre dans les boissons sans que le consommateur ne soit gêné par cette évolution. »

Mais questionne-t-il : « Et pour les autres produits alimentaires ? Ils doivent aussi participer à cette évolution. »

Il demande : « savez-vous combien l’industrie des boissons représentent en matière de consommationnationale de sucre ? Seulement 9 à 10% de la consommation totale. » Et d’énumérer les produits en cause : « Il y a également les confiseries, le chocolat, la confiture, les clients dans les cafés. Sans parler de la consommation des ménages. »

Pour le président de l’Apab, « les efforts de sensibilisation  sont à fournir d’abord par les industriels puis par les associations deconsommateurs ainsi que par  les parents au sein de la famille et pourquoi pas au niveau des écoles. »

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