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Flambée du covid-19, pass vaccinal : entretien avec Bekkat Berkani

Flambée du covid-19, pass vaccinal : entretien avec Bekkat Berkani

Le Dr Mohamed Bekkat Berkani explique dans cet entretien les raisons de la flambée du covid-19 en Algérie. Il appelle à accélérer la campagne de vaccination anti-covid, se disant favorable à un pass sanitaire à condition que tous les citoyens aient accès au vaccin.

L’Algérie a enregistré vendredi un nouveau record des contaminations au covid-19 avec près de 1200 cas en 24 heures. Le précédent record de 1133 cas a été enregistré en novembre 2020. Qu’est-ce que cela signifie ?

Nous sommes carrément entrés dans la 3e vague. On le redoutait à un moment donné mais en même temps, on l’attendait aussi.

Et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord virologique, c’est-à-dire le variant Delta qui a probablement pris le dessus sur la souche originelle dans notre pays.

Il a les caractéristiques d’être plus virulent et plus contagieux que le variant originel. Cela pourrait expliquer en partie l’explosion des chiffres.

Il y a aussi le comportement de la population qui a décidé d’elle-même de la fin de l’épidémie et d’en finir avec les gestes barrières.

Alors, on a assisté à des mariages, les regroupements en tous genres, sans masque. Tout le monde se comporte de façon totalement normale.

On a tendance à accabler la population –certes insouciante à bien des égards- mais les protocoles sanitaires édictés au début de la pandémie sont toujours valables et les sanctions qui vont avec. D’un autre côté, n’y a-t-il pas un problème d’application de la loi ?

Bien sûr, il y a un certain laxisme de la part des autorités quant à appliquer la loi. Quand on voit un transport public passer devant l’autorité publique avec aucun passager qui porte le masque y compris le chauffeur, là il y a un problème d’application de la loi.

Que faut-il faire à votre avis ?

On avait dit qu’il fallait du temps durant la période « faste » (accalmie) pour accélérer la vaccination. Le report des vaccinations fait que toute la population est pratiquement sans protection aucune.

Aujourd’hui, on s’est rendu compte qu’il fallait accélérer la vaccination, et plus on avance dans la vaccination plus on s’avance vers l’immunité collective. Si l’on veut abandonner les gestes barrières, il faut relever ce challenge de vacciner au maximum.

Une certaine prise de conscience a été ressentie s’agissant de la vaccination. Un bon présage ?

On voit qu’on vaccine un peu partout, dans des chapiteaux, etc. Mais encore une fois, il aurait été préférable que les vaccinodromes soient centralisés, nous avons des espaces qui pourraient être dédiés à cela.

Il faut communiquer avec les Algériens qui sont aujourd’hui poussés par la peur de la maladie vers la vaccination. Automatiquement, il y a foule.

Il aurait sans doute fallu un plan de communication pour expliquer comment en finir avec la pandémie dans notre pays ; qu’il fallait aller vers les vaccins qui ne sont pas dangereux.

Surtout, il fallait en finir avec les rumeurs mettant en cause l’efficacité des vaccins. Sur les réseaux sociaux, les gens s’en donnent à cœur joie y compris des personnes venant du secteur de la santé.

Le Dr Djamel Fourar, porte-parole du Comité scientifique a évoqué la possibilité d’instaurer un pass sanitaire ou vaccinal. Vous y êtes favorable ?

Nous y arriverons dans les endroits publics. Mais encore faut-il qu’il y ait un maximum de personnes en capacité de se faire vacciner.

Quand la vaccination sera disponible pour tout le monde, à ce moment-là l’application du pass sanitaire est possible, et les personnes non vaccinées ne pourraient pas participer à des regroupements, accéder aux stades de football, les restaurants, voyager, etc.

Alors oui, le pass sanitaire est une bonne idée à condition que la campagne de vaccination de masse atteigne sa vitesse de croisière. Pour cela, il faut profiter de l’engouement populaire pour la vaccination.

Les services du Premier ministère ont annoncé samedi que trois catégories de voyageurs sont désormais exemptées de la quarantaine à leur arrivée en Algérie. Il s’agit des personnes (ascendant, descendant, collatéral direct) accompagnant une dépouille à enterrer en Algérie ; les voyageurs ayant subi une intervention chirurgicale ou atteint d’une maladie nécessitant une assistance familiale permanente et les personnes âgées de plus de 80 ans. Une bonne mesure ? 

Personnellement, j’ai toujours plaidé pour le fait que les voyageurs qui disposent d’un pass vaccinal avec une RT PCR négative puissent rentrer au pays sans le besoin d’un confinement.

Parce que ce n’est pas par là qu’est venu le variant et qu’on a eu la 3e vague. Alors ce n’est que justice que cette obligation soit levée.

Je suis pour l’extension de la mesure à toutes les personnes munies d’un pass vaccinal et d’une RT PCR négative de moins de 36 h, avec un test antigénique à l’arrivée. Je pense que sur le plan épidémiologique, cela suffit amplement.

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