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Foule au centre de visas à Alger : le Canada fascine les Algériens

Foule au centre de visas à Alger : le Canada fascine les Algériens

Des images prises mardi 9 mai devant le centre VFS Global de réception des dossiers de demande de visa pour le Canada qui est situé dans le centre d’Alger sont largement partagées sur les réseaux sociaux.

Elles montrent une foule compacte se bousculer pour déposer une demande ou retirer un visa pour le Canada, désormais deuxième destination de l’émigration algérienne après la France.

La scène est doublement significative. Elle révèle d’abord l’intérêt grandissant que portent les Algériens pour la destination Canada et, surtout, elle rappelle l’ampleur du désir d’émigrer chez de nombreux jeunes algériens.

Les Algériens n’ont véritablement découvert la piste canadienne qu’à partir des années 1990. Depuis, leur nombre dans ce pays nord-américain ne cesse de grossir. Ils sont aujourd’hui plus de 100 000  à s’y être installés.

Selon une thèse de doctorat réalisée par un étudiant algérien à l’université du Québec, Yasser Belmezaoud, le nombre d’Algériens recensés au Canada en 2016 était précisément de 104 000, dont la majorité, 80%, vivaient dans les alentours de Montréal, la principale ville de la province francophone du Québec.

L’immigration algérienne a évolué à un rythme moyen de près de 4500 nouveaux immigrants par an entre 2007 et 2011 et de près de 3500 entre 2011 et 2016.

L’attractivité du Canada trouve son explication par les opportunités qu’offre ce vaste pays sous-peuplé et en manque de main d’œuvre qualifiée, ainsi que son système d’immigration qui sélectionne les candidats en fonction de leur employabilité et qui assure un accompagnement social ainsi qu’un recyclage aux nouveaux arrivés.

Elle peut aussi s’expliquer par le détournement d’une partie des Algériens des pistes traditionnelles d’émigration, à cause des restrictions imposées et les stigmatisations qui ciblent les étrangers en France et en Europe.

Pour l’Algérie, les flux de diplômés qui partent chaque année au Canada constituent une véritable saignée. Les critères de sélection sont rigoureux et les diplômés, notamment universitaires, sont ceux qui ont le plus de chances d’être acceptés.

Selon la même étude, 65 % des Algériens de plus de 25 ans vivant dans les environs de Montréal sont des diplômés universitaires (chiffres de 2016). La proportion des non-diplômés était de seulement 23%, contre 41% pour l’ensemble de la population de la région.

Quand l’élite algérienne veut tenter sa chance ailleurs

Il est donc certain que ceux qui ont été filmés mardi devant le centre de visas sont dans leur grande majorité des universitaires.

Le Canada n’est néanmoins pas l’unique destination de l’élite algérienne. Malgré les restrictions introduites en France et en Europe, certains profils sont toujours recherchés et les Algériens s’y installent par milliers chaque année.

En février 2022, 1200 médecins algériens ont été autorisés par les autorités sanitaires françaises à exercer dans les hôpitaux de ce pays.

Des évaluations concordantes estiment le nombre de médecins algériens exerçant en France à 15 000. Les informaticiens, très recherchés dans tous les pays développés, ne restent plus en Algérie.

Selon l’expert en sécurité informatique, Abdelaziz Derdouri, 80 % des ingénieurs en informatique que forme l’Algérie finissent à l’étranger.

Le chômage, les salaires bas, les mauvaises conditions de travail, le peu de perspectives d’évolution, le cadre de vie et l’attrait de découvrir d’autres pays ainsi que les possibilités d’évolution dans des entreprises de taille mondiale sont autant de facteurs qui incitent les diplômés algériens à tenter leur chance sous d’autres cieux.

Les scènes de mardi 10 mai, qu’il faut relativiser en raison de l’exiguïté du centre de réception des demandes de visa pour le Canada, rappellent celles d’octobre 2017, lorsque des milliers d’étudiants algériens se sont retrouvés devant la porte du Centre culturel français pour le passage du test de maîtrise de la langue française, indispensable pour l’obtention d’un visa d’études, l’un des derniers procédés, avec le regroupement familial, qui permet l’installation légale en France pour les Algériens.

Selon les chiffres de la Première ministre française Elisabeth Borne, 5000 visas d’études ont été délivrés entre janvier et août 2022 aux demandeurs algériens par les trois consulats de France en Algérie.

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