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France – Algérie : le musée de la discorde

France – Algérie : le musée de la discorde

Préconisée par le rapport Stora, la relance du projet du « Musée de l’histoire de la France et de l’Algérie » peine à se concrétiser en raison des contentieux mémoriels entre les deux pays.

Cet ancien projet a été récemment relancé par les autorités françaises, après des années de blocage, dû notamment à la sensibilité politique du dossier de la mémoire.

Ce musée, qui devrait voir le jour à Montpellier dans le Sud de la France, doit sa relance au Rapport Stora, qui l’a préconisé pour concrétiser la volonté affichée du président français Emmanuel Macron d’aller dans le sens de l’apaisement des mémoires avec l’Algérie.

Au départ, cela devait être le musée phare de la réconciliation des mémoires françaises et algériennes liées à l’histoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie. Mais le projet d’un musée sur l’histoire franco-algérienne a cristallisé, dès son origine, les tensions liées aux enjeux des mémoires de la colonisation en France.

Cette idée, née il y a plus de vingt ans, a longtemps été portée par l’ancien maire de Montpellier, Georges Frêche, dont la ville abrite d’importantes communautés de familles rapatriées d’Algérie (pieds noirs, harkis, anciens appelés…).

Toutefois, le maire, réputé proche de ces communautés importantes électoralement, voulait faire un « Musée de la présence française en Algérie » afin de mettre en avant « l’œuvre française en Algérie ». Cela a suscité un tollé, notamment au Parti Socialiste, le parti politique du maire.

Face aux polémiques et à la « guerre des mémoires » qui surviennent, le projet change plusieurs fois de nature, passant de « Musée de l’histoire de la France en Algérie » qui donne la part belle au récit « pied-noir » à « Musée de l’histoire de la France et de l’Algérie » plus inclusif des récits et des mémoires algériennes.

Cependant, avec l’accumulation des difficultés politiques et des controverses mémorielles, le projet est finalement abandonné par le nouveau maire de la ville en 2014.

Musée de l’histoire de la France et de l’Algérie : symbole de la volonté d’apaisement

Arrivé au pouvoir en 2017, Emmanuel Macron érige l’apaisement mémoriel avec l’Algérie comme une des priorités de son mandat, multipliant les signes d’ouverture, comme la reconnaissance de certains crimes de l’armée française pendant la Guerre d’Algérie.

Ce volontarisme s’est concrétisé par la commande à l’historien Benjamin Stora d’un rapport sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie, avec pour mission de suggérer des propositions pour aller dans le sens de l’apaisement entre les deux pays dont les relations sont empoisonnées par le dossier de la mémoire.

Une de ses préconisations du rapport Stora est donc la relance du projet de musée, mais cette fois-ci, il sera piloté directement par l’État et non plus par les pouvoirs et intérêts locaux.

Michaël Delafosse, l’actuel maire de Montpellier, l’assure : « Je souhaite que ce soit un musée piloté par l’État, donc un musée national. Il est important qu’une telle institution s’inscrive dans la politique culturelle de la France. »

Néanmoins, et malgré cette volonté politique, les modalités et la date de l’ouverture de ce musée ne sont pas encore connues. Citée dans le Journal du Dimanche, une conseillère à l’Élysée tempère : « Ce sera très long : ça ne débouchera pas avant 2025, au mieux. »

Le temps, entre autres, de mettre en place la structure et le cadre du musée, mais aussi de récupérer toutes les collections avec les objets, documents, photographies… dispersés après l’abandon du projet.

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