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France -Algérie : nouvelle polémique sur la question mémorielle

France -Algérie : nouvelle polémique sur la question mémorielle

La question mémorielle, qui empoisonne les relations franco-algériennes, a été au cœur de la récente visite (25-27 août) du président français Emmanuel Macron en Algérie.

A Alger, les deux présidents algérien et français ont confié le dossier à une commission mixte d’historiens, avec l’objectif de le traiter « sous l’angle historique et non politique », a déclaré le chef de l’Etat Abdelmadjid Tebboune.

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Cette visite est qualifiée de « très réussie » par les deux présidents, mais inévitablement, elle a été accompagnée de polémiques, ce qui dénote de la complexité de la question mémorielle, notamment en France où elle est devenue plus que jamais un enjeu de politique interne.

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C’est un fait rare pour être souligné. Le journal Le Monde a retiré une tribune consacrée aux propos de Macron sur la question mémorielle. La tribune est signée du chercheur Paul Max Morin et intitulée : « Réduire la colonisation en Algérie à une histoire d’amour confirme la droitisation de Macron sur la question mémorielle ».

Macron a en effet parlé au cours de son séjour à Alger d’ « histoire d’amour qui a sa part de tragique ».

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La tribune a été publiée jeudi matin puis retirée le jour même dans l’après-midi, avec les excuses du grand quotidien à ses lecteurs et au président.

Le Monde est aussitôt accusé de censure, y compris par des hommes politiques, dont Jean-Luc Mélenchon.

« Retirer un texte est une pratique anormale et incompréhensible », a d’abord réagi l’auteur, Paul Max Morin.

Jean-Luc Mélenchon, leader de la France Insoumise, a dénoncé « l’affaissement d’une presse autrefois référence ».

« Sidérante censure. Le Monde présente ses excuses au président de la République en supprimant la tribune ci-dessous qui critique la vision macronienne des relations franco-algériennes comme ‘une histoire d’amour qui a sa part de tragique », a écrit sur le même réseau social le directeur et fondateur de Mediapart, Edwy Plenel, lui-même un ancien du Monde.

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Le journal Le Monde s’est défendu face à ces accusations de censure et s’est expliqué sur son attitude.

« Quand on commet des erreurs qui sont de notre fait, c’est normal de s’excuser auprès des personnes à qui ça a pu porter préjudice, à commencer par nos lecteurs », a indiqué vendredi le directeur du Monde, Jérôme Fenoglio.

Au-delà de cet incident, c’est toute la complexité du dossier mémoriel qui remonte à la surface. Depuis son élection en avril 2017, Emmanuel Macron tente de faire avancer le dossier, mais les déclarations sur le sujet donnent régulièrement lieu à des polémiques et même à des crises entre les deux pays.

En accusant, en septembre 2021, les autorités algériennes d’entretenir la « rente mémorielle », le président français a provoqué une crise d’une gravité inédite avec Alger.

En interne, la question déchaîne les passions, et pas seulement chez les différentes communautés de descendants de la guerre d’Algérie. L’extrême-droite particulièrement maintient la pression sur Emmanuel Macron pour le dissuader de faire des « concessions » notables à la partie algérienne.

Cette fois, c’est la gauche qui exprime sa désapprobation des propos tenus par Macron à Alger, l’accusant de banaliser la colonisation en parlant d’histoire d’amour. Outre Jean-Luc Mélenchon, Plusieurs responsables politiques de gauche ont noté ce qu’ils qualifient de contradiction avec les propos que Macron a tenu à Alger lors de sa première.

Campagne électorale, en 2017, lorsqu’il avait qualifié le colonialisme de « crime contre l’humanité ». Sandrine Rousseau, député écologiste, y voit une « escroquerie permanente de l’Algérie ».

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