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France – Maroc : la nomination de Stéphane Séjourné inquiète Rabat

La nomination en France de Stéphane Séjourné comme ministre des Affaires étrangères est une nouvelle qui ne réjouit pas au Maroc.

Des critiques et des inquiétudes sont exprimées dans la presse du royaume au lendemain de l’annonce de la composante du nouveau gouvernement français.

Les relations entre Rabat et Paris traversent une période de froid qui risque de se prolonger.

La crise entre les deux capitales est à la fois due à l’implication des services marocains dans l’espionnage du téléphone du président français via le logiciel israélien Pegasus et au refus de la France de céder aux pressions marocaines pour reconnaître la « marocanité » du Sahara occidental.

Le royaume est resté sans ambassadeur à Paris de janvier à octobre 2023.

En juin, l’écrivain marocain proche du palais royal Tahar Ben Djelloun a révélé que le président Emmanuel Macron a « manqué de respect » au roi Mohamed VI au cours d’une discussion qu’ils ont eue sur l’affaire Pegasus.

La nomination de Samira Sitail comme ambassadrice à Paris en octobre dernier avait laissé penser à un début de dégel de la relation bilatérale.

Mais le remaniement gouvernemental en France, effectué jeudi 12 janvier 2024, est perçu à Rabat comme susceptible de « freiner » le rapprochement entre la France et le Maroc.

En cause, la nomination de Stéphane Séjourné comme ministre des Affaires étrangères.

Une nomination qui éclipse presque celle de la franco-marocaine Rachida Dati comme ministre de la Culture.

Rachida Dati, ancienne ministre de la Justice, très proche de l’ancien président Nicolas Sarkozy, « un ami du Maroc », est connue pour avoir toujours défendu publiquement les intérêts de son pays d’origine.

Avec Eric Ciotti qu’elle a accompagné en mai dernier au Maroc, elle a plaidé pour un rééquilibrage de la politique maghrébine de la France, jugée favorable à l’Algérie, et pour la reconnaissance de « la souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental.

La nomination de Stéphane Séjourné comme chef de la diplomatie française critiquée au Maroc

Si son retour au gouvernement réjouit la presse marocaine proche du palais, c’est toutefois sur la nomination de Stéphane Séjourné aux Affaires étrangères que s’attardent les commentateurs marocains.

Unanimement, les journaux du royaume rappellent le rôle de cet homme dans l’adoption par le Parlement européen de deux résolutions défavorables au Maroc en janvier et février 2023.

La première, votée le 19 janvier 2023, critiquait les atteintes à la liberté de la presse au Maroc et la seconde, adoptée le 16 février, condamnait le Maroc pour son rôle dans le scandale de corruption de députés européens dévoilé en décembre 2022 par la justice belge.

Alors que le royaume était considéré jusque-là comme « l’enfant gâté de l’Europe », cette double condamnation en moins d’un mois a été interprétée à Rabat comme une machination de la France dans un contexte de tensions entre les deux pays.

Et pour cause, les députés européens du parti Renaissance d’Emmanuel Macron ont voté les deux résolutions défendues par le groupe Renew, présidé par Stéphane Séjourné.

L’ancien diplomate marocain Ahmed Faouzi a accusé, dans une analyse sur le site Médias 24, le nouveau ministre français des Affaires étrangères d’avoir utilisé le groupe Renew « pour contrer les intérêts du Maroc à partir du Parlement européen » et d’être « le maître de cérémonie pour monter le PE contre le royaume ».

« Au lieu d’éteindre l’incendie, il s’est totalement employé à l’attiser », et son « activisme débordant a marqué les esprits au Maroc », rappelle le diplomate.

Celui-ci dit attendre les actes du nouveau ministre, qu’il faudra « observer à la loupe », notamment sa première visite hors de l’UE qui « déterminera les priorités qu’il se donnera vis-à-vis du Maghreb ».

Quoi qu’il en soit, « son passé de militant contre les intérêts du Maroc lui restera collé à la peau », estime Ahmed Faouzi.

Le journal Tel Quel qualifie pour sa part Stéphane Séjourné d’ « architecte des deux résolutions » anti-Maroc au Parlement européen et s’interroge si sa nomination comme chef de la diplomatie française ne va pas « freiner les prémices de rapprochement entre le royaume et l’Hexagone ».

« Désormais, le nouveau ministre des Affaires étrangères est dirigé par une personnalité perçue comme hostile au Maroc », écrit l’Opinion.ma qui qualifie Séjourné de « cheville ouvrière » des deux résolutions du Parlement européen, estimant qu’il a, en tant que tel, « exacerbé la crise entre le Maroc et la France ».

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