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Hadj Nacer : « Le hirak n’a pas échoué »

Hadj Nacer : « Le hirak n’a pas échoué »

Près de quatre ans après son déclenchement le 21 février 2019 qui a chassé du pouvoir Abdelaziz Bouteflika du pouvoir après 20 ans de règne, la question de la réussite ou de l’échec du hirak se pose toujours. Pour Abderrahmane Hadj Nacer, ancien gouverneur de la Banque d’Algérie, le hirak « n’a pas échoué ».

« Le hirak était un message de la population au pouvoir pour lui dire : vous avez provoqué le hirak, mais nous lui avons donné un autre sens que celui d’être un simple arbitre entre les clans », analyse Hadj Nacer dans un entretien accordé à Berbère Télévision, et pour qui le hirak n’est pas venu spontanément.

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« Nous ne faisons pas d’illusions. Le hirak a été nécessité d’un arbitrage par la rue, devenu impossible au sommet du pouvoir. Mais au lieu de se faire dans la brutalité, cet arbitrage s’est transformé en débordement populaire dans un pacifisme inattendu».

Ce que propose Hadj Nacer

Hadj Nacer explique que le hirak n’a pas réussi pour deux raisons. « D’abord, au sommet, il y avait des gens qui ne voulaient pas entendre parler d’un partage de pouvoir, ce qui montre l’incapacité de comprendre que la population a changé. Ensuite, il y a eu des évènements comme le Covid, la répression. Mais ce n’est pas la répression qui a pesé sur le hirak, c’est plutôt le Covid. Enfin, le discours interne au hirak avec toutes les manipulations de régionalisation, de détournement du sens de l’histoire », analyse encore M. Hadj Nacer.

L’ex-gouverneur de la Banque d’Algérie pense que même s’il n’a pas réussi, le « hirak n’a pas échoué » parce que le pouvoir « n’a toujours pas de légitimité populaire ».

« Le pouvoir n’a que la distribution de la rente », explique-t-il, en soulignant que le « système a détruit tous les corps intermédiaires » depuis les années 1990. « Il n’y a pas de syndicats, pas de partis politiques, pas de journaux dignes de ce nom. Il n’y a rien qui permette au pouvoir et à la population de se parler », pointe-t-il.

Abderrahmane Hadj Nacer estime que le problème réside dans le « manque d’ingénierie politique ». «Nous avons des dirigeants, quelle que soit leur bonne volonté et je ne suis pas en train de les juger, qui ne savent pas comment établir des liens avec la société. Cette impasse ne peut pas se résoudre par des astuces techniques, mais par un échange politique avec la population », explique-t-il.

Hadj Nacer poursuit en détaillant sa vision d’une sortie de crise : « A l’époque, je pensais qu’il valait mieux désigner un groupe qui représente ce qui fait l’essence de notre pays qui est la tajmaat (…) C’est-à-dire trouver des gens dans lesquels la population pourrait se reconnaître et dans lesquels le pouvait avoir confiance ».

« Le hirak n’a désigné personne pour parler en son nom », tacle Hadj Nacer, qui pointe « l’absence du système d’arbitrage » dans le pays. L’écrivain et économiste estime que le pouvoir sait à qui « s’adresser » pour dialoguer avec la population.

« Les mêmes causes produiront les mêmes effets (…) On voit bien que l’absence du système d’arbitrage fait reproduire les mêmes éléments de la crise. Régulièrement, il y a une crise entre les trois composantes principales du pays. La trinité algérienne qu’on connaît ne fonctionne pas positivement parce qu’il n’y a d’anticipation, c’est-à-dire la capacité de voir loin, l’accumulation, c’est-à-dire, le fait de tenir compte de nos erreurs, et l’arbitrage. Il faut un arbitre, un individu ou un groupe. ».

« Si on rétablit l’arbitrage, il va tenir compte de notre passé, de notre avenir et va trouver des solutions », développe-t-il. « (…) il faut trouver un groupe. L’armée doit lui faire confiance, la population aussi », propose Hadj Nacer.

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