Économie

Hausse des prix alimentaires en Algérie : quelles solutions ?

Chaque année à l’approche du mois de Ramadan, les prix des produits alimentaires connaissent une flambée en Algérie.

Le débat sur les prix des fruits et légumes et la disponibilité des viandes rouges en quantités suffisantes et à des tarifs raisonnables a commencé très tôt.

Cette année, la hausse des prix a été constatée un peu plus à l’avance que d’habitude. Les œufs, le poulet, les viandes rouges, les fruits et certains légumes ont déjà pris l’ascenseur. Dans les marchés, les prix des fruits et légumes restent élevés alors que le mois de Ramadan n’intervient que dans un mois.

Si les prix sont élevés à ce point à l’heure actuelle, qu’en sera-t-il durant le mois de Ramadan ? Les Algériens, dont le pouvoir d’achat a été laminé par l’inflation et les hausses successives des prix des produits alimentaires, ont de quoi s’inquiéter.

Des fruits et légumes à des prix élevés

Contacté par TSA ce mercredi 22 février, Hazab Benchohra, secrétaire générale de l’Union générale des commerçants et artisans algériens note que le problème de la hausse des prix alimentaires persiste depuis plusieurs années.

« La crise couve depuis longtemps. Ça ne date pas d’aujourd’hui. L’absence de facturation, plus de la moitié de commerçants activent dans l’informel sans payer des impôts ni disposer de couverture sociale etc. Il est difficile de résoudre des problèmes qui s’accumulent depuis longtemps », analyse Hazab Benchohra.

Ne se limitant pas au constat, le secrétaire général de l’UGCAA propose de relancer les coopératives pour « permettre aux agriculteurs d’acheter ce qui leur faut pour leurs cultures à des prix réglementés ».

« Ce n’est pas possible de plafonner les prix. C’est le marché qui fixe les prix. Néanmoins, il faudrait aider les agriculteurs. J’ai appris qu’un engrais qui coûtait 5.000 dinars se vend actuellement à 40.000 dinars. L’agriculteur est laissé à l’abandon et les fournisseurs privés sucent son sang. Il faut suivre le produit depuis le début pour que le consommateur puisse l’avoir à un prix raisonnable », ajoute Benchohra.

De son côté, le président de l’association des consommateurs, Apoce, Mustapha Zebdi, note le timing de la flambée pour l’année 2023. « D’habitude, les prix montent quand le mois sacré approche. Là, on est à un mois et on est déjà sur des prix plus élevés que ceux constatés pendant le Ramadan l’année passée », remarque-t-il.

Pour le président de l’Apoce, il faudrait instaurer des prix de référence pour les fruits et légumes. « Il faut que le prix de référence soit discuté autour d’une table entre l’agriculteur, les commerçants et les consommateurs. Il ne s’agit pas de plafonner les prix mais de plafonner la marge de bénéfice tout en ayant la capacité de modifier le prix en cas de changement dans les données de production », propose M. Zebdi.

Viandes rouges : l’importation, une solution viable ?

Il n’y a pas que les légumes et surtout les fruits qui sont intouchables à un mois du Ramadan, les viandes rouges se vendent jusqu’à 2800 dinars le kilo chez certaines boucheries d’Alger.

Pour casser les prix, l’Algérie prévoit d’importer des viandes rouges de Colombie notamment. Est-ce que l’importation suffira pour régler le problème des prix des viandes rouges ?

Pour Hazab Benchohra, « le problème va être réglé mais de manière temporaire seulement ». « L’interdiction de l’importation de la viande congelée prise en 2020 a fait que l’Algérie a consommé une grande partie de son cheptel. Actuellement, il n’y a pas de chiffres exacts sur l’état du cheptel algérien. Pour ces raisons, nous proposons de maintenir l’importation pour quelques années afin d’organiser la filière locale et mieux maîtriser le marché », suggère-t-il.

Pour sa part, Mustapha Zebdi, l’importation de la viande rouge peut être une solution si les quantités ramenées de l’étranger sont bien gérées. « Il faut mettre les quantités suffisantes de viandes rouges sur le marché assez à l’avance pour qu’elles puissent stabiliser le marché. Si on vient les mettre à la dernière minute comme l’année dernière, cela n’aura pas d’effet », prévient-il.

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