Économie

Hausse du prix du gaz : Sonatrach confirme et met en garde

Le groupe Sonatrach a annoncé ce dimanche une hausse substantielle de ses recettes et évoqué la révision des prix ou encore la destination du gaz algérien exporté vers l’Espagne.

Les bonnes performances de Sonatrach pendant l’année 2021 et depuis le début de l’année en cours ont été exprimées en chiffres par l’encadrement du groupe pétrolier public algérien ce dimanche 3 juillet.

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S’exprimant en conférence de presse au siège de l’entreprise à Alger, le PDG Tewfik Hakkar et ses collaborateurs ont fait état d’une augmentation substantielle des recettes grâce à la hausse des cours et de la production, non sans évoquer les questions liées à l’approvisionnement de l’Europe, la révision des prix ou encore la destination du gaz algérien exporté vers l’Espagne.

Le directeur de la gestion de la performance, Mohamed Rochdi Boutaleb, a révélé que le chiffre d’affaires à l’export de Sonatrach a été de 35,4 milliards de dollars en 2021, en hausse de 75 % par rapport à l’année 2020.

Durant les 5 premiers mois de 2022, les recettes se sont élevées à 21,5 milliards de dollars, soit hausse de 70 % par rapport à la même période de 2021.

Le PDG de Sonatrach, Toufik Hakkar, a de son côté fait savoir que la compagnie pétrolière nationale prévoit des recettes de 54 milliards de dollars à la fin de l’année en cours. Une précédente prévision tablait sur des recettes de 50 milliards de dollars alors que le FMI prévoit une cagnotte de 58 milliards de dollars.

La hausse des cours a contribué à 76 % dans la performance de 2021 et du début 2022, contre 13 % pour l’augmentation des volumes, a détaillé M. Rochdi, soulignant que la moyenne des prix était de 72,3 dollars le baril en 2021 et de 41,9 dollars/baril en 2020.

La nouvelle carte énergétique mondiale induite par la guerre en Ukraine a été aussi très bénéfique pour l’Algérie qui a vu ses exportations par gazoduc augmenter de 54 % et celles par bateaux (GNL) de 13 %.

Toufik Hakkar était très attendu  sur cette question de livraison de gaz, essentiellement vers l’Europe qui cherche à réduire sa dépendance vis-à-vis du gaz russe depuis le déclenchement de l’opération militaire en Ukraine.

Le numéro 1 de Sonatrach a confirmé l’augmentation des commandes car, a-t-il expliqué, les pays européens voient en l’Algérie un fournisseur fiable.

Sonatrach réitère ses menaces

La flambée des prix du gaz sur les marchés internationaux est plus significative que celle du pétrole, mais l’Algérie n’en profite pas suffisamment car une grande partie de ses livraisons se font sur la base de contrats longs ou moyens termes signés avant la conjoncture actuelle de hausse des prix.

Plusieurs sources ont fait état ces dernières semaines de la volonté de l’Algérie de revoir sa tarification pour pouvoir tirer profit de la tendance haussière du prix du gaz.

Toufik Hakkar a confirmé l’existence de négociations avec les partenaires de l’Algérie afin de parvenir à une révision des prix, indiquant que ces négociations sont à « un stade avancé ».

L’agence Reuters a révélé la semaine passée que les négociations sont menées essentiellement avec les clients desservis par le gazoduc Medgaz reliant l’Algérie à l’Espagne et concernent notamment trois entreprises espagnoles, une portugaise et une autre française.

L’Algérie avait menacé l’Espagne de suspendre les livraisons en cas d’alimentation du Maroc en gaz algérien. Ce que l’Espagne s’est engagée à ne pas faire.

Interrogé sur la question, le PDG de Sonatrach a indiqué ne pas avoir eu connaissance d’un changement de destination du gaz algérien livré à l’Espagne, soulignant que si cela survenait, Sonatrach sera dans son droit de prendre toutes les mesures légales appropriées.

Cette mise en garde survient dans un climat de tensions entre Alger et Madrid alors que l’Espagne a commencé à exporter du gaz vers le Maroc via le gazoduc GME qui transportait du gaz de l’Algérie vers la péninsule ibérique via le royaume. Selon la presse marocaine, ce gaz provient des États-Unis, le deuxième plus gros fournisseur de l’Espagne de cette énergie, après l’Algérie.

Le 1er novembre dernier, l’Algérie, qui a rompu ses relations avec le Maroc en août 2021, a cessé d’exporter du gaz vers l’Espagne via le gazoduc GME, ce qui a privé le Maroc de quantités de gaz nécessaires pour la production d’une partie de son électricité.

Le PDG de Sonatrach a également abordé le projet du gazoduc transsaharien entre l’Algérie et le Nigeria via le Niger. Pour lui, ce projet ne peut être comparé à celui que le Maroc tente d’initier avec le Nigéria. « Le projet de gazoduc transsaharien entre l’Algérie, le Niger et le Nigeria n’est pas comparable » avec celui qui traverse 12 pays, a déclaré Taoufik Hakkar. « Son coût et le prix du gaz seront élevés, ce qui donne la préférence au projet algérien », a-t-il dit.

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