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Inflation et pénuries : « L’Algérien n’est pas un tube digestif »

Inflation et pénuries : « L’Algérien n’est pas un tube digestif »

Le Premier ministre Aïmene Benabderrahmane était ce week-end devant le Parlement pour répondre aux remarques et questions des députés sur la déclaration de politique générale du gouvernement.

Dans leurs interventions, de nombreux élus se sont attardés sur la situation socio-économique du pays, axant particulièrement sur la dégradation du pouvoir d’achat et les tensions successives sur de nombreux produits de large consommation.

Dans sa réponse, le Premier ministre s’est montré rassurant, indiquant que le gouvernement a réglé une partie des pénuries et s’engage à prendre en charge ce qu’il reste. M. Benabderrahmane s’est même fixé une échéance pour mettre fin à toutes les tensions, soit avant la fin de l’année en cours.

L’Algérie a fait face à de nombreuses pénuries et à la hausse des prix des produits de large consommation depuis le début de la crise sanitaire en mars 2020.

Semoule, lait subventionné, huile de table, viandes blanches et rouges et légumes secs ont tour à tour fait l’objet de tension en manquant sur les étals ou en voyant leurs prix flamber.

Ces tensions sont survenues concomitamment avec l’inflation mondiale induite par la pandémie puis la guerre en Ukraine. En Algérie, le taux d’inflation annuel a été 9,7 % en août 2023.

Le gouvernement a dû lutter sur plusieurs fronts pour venir à bout des pénuries : maintien des subventions publiques dont la révision ne semble plus à l’ordre du jour, inondation du marché et lutte implacable contre la spéculation.

Toutes les mesures ont été prises pour la maîtrise des réseaux de distribution des produits de large consommation, soit 12 produits alimentaires de base avec la promesse d’ « éliminer les perturbations » avant le 31 décembre, a rappelé et promis Benabderrahmane.

Malgré tous ces efforts menés sur plusieurs fronts, le Premier ministre a toutefois minimisé l’ampleur des perturbations et de l’inflation, indiquant que celle-ci est « conjoncturelle ».

M. Benabderrahmane a surtout dit qu’il refusait de « défoncer les portes ouvertes » et de « réduire l’Algérien à un tube digestif ».

Les produits alimentaires portent l’inflation en Algérie

Les questions liées au pouvoir d’achat et aux pénuries ont pris une part importante de l’action du gouvernement et ont constitué la première préoccupation de l’opinion publique ces dernières années.

Plusieurs mesures successives ont été prises depuis 2020, dont l’augmentation du salaire minimum, la suppression de l’impôt sur le revenu pour les bas salaires, l’institution d’une allocation chômage pour les jeunes de moins de 40 ans, l’augmentation progressive des salaires des fonctionnaires pour atteindre 47 % en 2024.

Cela, parallèlement à l’abandon du projet de révision du système des subventions, l’encouragement de certaines filières agricoles comme la céréaliculture et les cultures de légumineuses…

Le gouvernement s’est montré encore plus « généreux » après l’embellie des cours des hydrocarbures, une « générosité » qu’il s’apprête à entériner à travers la Loi de finances rectificative 2023.
Néanmoins, le taux d’inflation est presque à deux chiffres et, s’il ne s’annihile pas, il réduit la portée de l’effort consenti par l’État en mesures sociales.

Selon l’Office national des statistiques (ONS), le rythme annuel de l’inflation a été de 9,7 % en août dernier, contre 9,3 % au même mois de 2022.

Et si on parle tant des produits alimentaires jusqu’à ce que le Premier ministre refuse que le citoyen algérien soit pris pour un « tube digestif », c’est parce que cette forte inflation est presque exclusivement portée par ce type de produits.

En août dernier, les légumes frais ont augmenté par rapport à juillet de 13,8 %, les fruits de 28,1 % et la viande de poulet de 20,1 %, selon l’ONS. Le même organisme a fait un comparatif avec l’année 2021, faisant ressortir qu’en un peu plus de 20 ans, les prix de certains produits alimentaires ont quintuplé, voire décuplé.

Plusieurs facteurs expliquent la hausse des prix et les pénuries de ces dernières années, dont la conjoncture mondiale bien sûr, mais aussi la désorganisation du marché interne, les mauvaises performances de la production nationale, la sécheresse qui sévit en Algérie depuis des années et la canicule de cet été ainsi que la mauvaise interprétation de l’orientation des pouvoirs publics pour la rationalisation des importations.

Le président de la République Abdelmadjid Tebboune a dû monter plusieurs fois au créneau pour rappeler que le contrôle des importations ne doit déboucher en aucun cas sur la privation du citoyen de ses besoins essentiels.
Plusieurs mesures ont du reste été prises récemment pour la levée du gel sur l’importation ou l’assouplissement des procédures par le recours à la numérisation.

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