Économie

Investissement en Algérie : ce que souhaitent les patrons français

Une délégation du Mouvement des entreprises de France (Medef), principale organisation patronale française, est en visite lundi et mardi 24 mai en Algérie.

Elle est conduite par le président de l’organisation, Geoffroy Roux de Bézieux. La visite s’apparente à une tentative de redéploiement des entreprises françaises en Algérie, après le recul significatif de leur présence depuis au moins trois ans, sur fond de crise politique entre les deux pays.

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Le recul des entreprises françaises en Algérie, avec les départs de Suez, de la RATP, la fermeture de l’usine Renault d’Oran ainsi que l’arrêt des importations de voitures, a profité aux opérateurs d’autres nations, notamment les Turcs et les  Chinois, considérés comme plus entreprenants que leurs homologues français.

Le président du Medef a fait part de la « disposition des opérateurs français à continuer à accélérer les échanges quel que soit le climat politique entre les deux pays », mais la qualité de la relation politique est primordiale. Cette visite n’est intervenue qu’après le réchauffement des relations entre Alger et Paris, après plusieurs mois de brouille sans précédent.

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Elle survient aussi dans un contexte interne en Algérie marqué par la remontée des prix des hydrocarbures, synonyme d’un possible retour de la commande publique à des niveaux élevés, et l’engagement effectif du chantier des réformes économiques. Après une longue attente, le nouveau code des investissements est adopté en conseil des ministres jeudi 19 mai et devrait entrer en vigueur dans une vingtaine de jours, comme l’a annoncé le chef de l’Etat lors de sa visite en Turquie.

Geoffroy Roux de Bézieux a longuement évoqué le climat des investissements en Algérie au cours d’un point de presse animé lundi 23 mai en marge d’un forum d’affaires avec la Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC).

« Nous avons besoin de stabilité fiscale et juridique pour investir (…) Les entreprises françaises souhaitent et sont prêtes à co-localiser. Le seul bémol, c’est que nous avons besoin de nous inscrire dans la durée et cette durée a besoin d’un cadre législatif clair. Nous avons besoin d’avoir la certitude que quand une loi dit une chose, la loi suivante de l’année d’après ne la changera pas. Je dis cela à la fois pour l’Algérie et la France où n’importe quel autre pays. Nous avons besoin de stabilité législative et fiscale », a-t-il expliqué.

« Un bon signe »

Outre les raisons politiques qui ont peut-être influé sur la présence économique française, le climat des affaires jugé défavorable et particulièrement les changements intempestifs de la législation ont aussi pesé sur le flux des IDE, français ou autres, vers l’Algérie.

Pour le président du Medef, « l’évolution du cadre législatif est un critère important de promotion de l’investissement », assurant qu’ « un gouvernement qui donne des signes d’ouverture à l’extérieur va attirer des investisseurs dans la durée et dans la co-localisation et la co-production ».

L’Algérie vient de faire un grand pas dans ce sens avec l’élaboration d’un nouveau code des investissements, malgré quelques critiques qui ciblent déjà le nouveau texte. Même s’il reconnaît qu’il n’a pas lu le projet de loi dans son intégralité, le patron des patrons français le juge comme un « bon signe ».

« C’est vraiment un très bon signal. Ce dont nous avons besoin, c’est de savoir le niveau de fiscalité, quels sont les secteurs stratégiques, où est-ce qu’on peut être majoritaire ou en partenariat majoritaire. Il faut simplement que les règles soient connues d’avance » et qu’elles « ne changent pas en fonction de l’arbitre »,  a-t-il plaidé.

Le président Abdelmadjid Tebboune a indiqué vouloir une loi qui restera valable au moins dix ans, et parmi les garanties introduites dans le nouveau code des investissements concernant la stabilité juridique, les éventuels  futurs amendements de ses dispositions ne s’appliqueront pas aux investissements déjà lancés sans l’accord explicite de leurs promoteurs.

Cette garantie, et toutes les autres ainsi que les mesures incitatives contenues dans le texte sont destinées à tous les investisseurs étrangers, nonobstant leur nationalité.

Les opérateurs français, même s’ils ont perdu du terrain ces dernières années, ont en revanche cet avantage supplémentaire de ne pas être en terrain inconnu, la France ayant été pendant longtemps le premier partenaire économique de l’Algérie.

Ils peuvent aussi pouvoir compter sur d’autres facteurs comme la proximité géographique et culturelle ainsi que le poids de la dimension humaine dans la relation franco-algérienne.

L’intérêt des Français pour un retour en force sur le marché algérien est en tout cas palpable. La visite de la délégation du Medef est le deuxième événement économique du genre en seulement deux mois, après les « Rencontres Algérie » organisées en mars dernier par Business France.

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