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Israël : Netanyahou, un sérieux test pour la normalisation

Plus de deux ans après avoir réussi à normaliser ses relations avec quatre pays arabes supplémentaires, Israël se dote d’un gouvernement qualifié de plus à droite de son histoire.

Le nouveau cabinet est dirigé par Benyamin Netanyahou, qui ne s’est pas fait une réputation de colombe lors de ses nombreux passages au poste de Premier ministre depuis le milieu des années 1990. Netanyahou a prêté serment jeudi dernier.

| Lire aussi : Normalisation : l’Arabie saoudite, objectif primordial d’Israël

En 2020, les Emirats arabes unis, le Bahreïn, le Maroc et le Soudan ont normalisé leurs relations avec Israël, dans le cadre des « accords d’Abraham » négociés et signés sous l’égide du président américain de l’époque, Donald Trump. L’Egypte et la Jordanie étaient les premières nations arabes à établir des relations diplomatiques formelles avec Israël, en 1978 et en 1994 respectivement.

Le plan de paix arabe de 2002, initié par l’Arabie Saoudite, avait prévu la reconnaissance d’Israël par tous les États de la Ligue arabe en échange du retrait d’Israël des territoires palestiniens occupés, la proclamation d’un État palestinien dans les frontières d’avant 1967 et le retour des réfugiés palestiniens. Le plan a été adopté à l’unanimité au sommet arabe de Beyrouth en 2006, mais il a été rejeté par Israël.

Moins de deux décennies plus tard, plusieurs pays arabes ont franchi le pas de la normalisation individuellement et sans contrepartie, du moins pour la cause palestinienne. Le seul dividende connu, car officiellement annoncé, est celui obtenu par le Maroc, à savoir la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté du royaume sur le territoire du Sahara occidental.

Pour la cause palestinienne, au contraire, elle n’a jamais autant reculé qu’au moment de la signature des « accords d’Abraham », par la faute des gouvernements de droite qui se sont succédé à Tel-Aviv.

La Bande de Gaza vit sous blocus depuis une quinzaine d’années avec des agressions sporadiques israéliennes particulièrement meurtrières, les territoires de la Cisjordanie sont grignotés par la colonisation jusqu’à rendre presque impossible la perspective de création d’un État palestinien viable, les Palestiniens sont quotidiennement arrêtés et tués et leurs lieux saints bafoués. C’est, incompréhensiblement, dans un tel contexte que des pays arabes ont décidé de reconnaître Israël, tandis que d’autres sont annoncés sur la liste.

Inquiétudes

La situation des Palestiniens et de leur cause peut encore empirer sous le nouveau gouvernement israélien, auquel participent des formations de la droite religieuse extrémiste. C’est à juste titre que le cabinet formé par Benyamin Netanyahou est qualifié comme le plus à droite en 75 ans d’existence d’Israël.

La crainte partagée dans le monde arabe et en Occident est de voir Netanyahou poursuivre la politique de colonisation qui rend chaque jour illusoire la solution à deux États.

Le cas échéant, quelle serait la réaction des pays arabes qui ont franchi le pas d’une normalisation déjà largement rejetée par leurs opinions publiques respectives ? Le Maroc avait par exemple expliqué que la normalisation ne signifiait pas l’abandon de la cause palestinienne, rappelant à chaque fois que le roi Mohammed VI était et reste le président du comité Al Qods.

Le président égyptien Abdelfattah Sissi a appelé le Premier ministre israélien immédiatement après sa prestation de serment pour l’exhorter à éviter toute action susceptible d’ « attiser les tensions régionales », selon le journal Times of Israël.

Abdallah II de Jordanie a appelé Netanyahou dès le lendemain des élections législatives en novembre et l’a invité récemment à ne pas « franchir les lignes rouges  jordaniennes » concernant les lieux saints musulmans de Jérusalem.

L’inquiétude est réelle et la survenue d’un gouvernement où siègent des partis extrémistes en Israël met dans l’embarras les dirigeants arabes ayant signé les accords de normalisation. Même l’administration américaine a signifié implicitement au Premier ministre israélien qu’il sera tenu pour responsable de toute dégradation de la situation que provoqueraient les petits partis extrémistes qui composent son cabinet.

Mais Netanyahou vise encore plus haut et fait de la normalisation avec l’Arabie Saoudite sa priorité. « C’est un objectif très important, car si nous faisons la paix avec l’Arabie Saoudite, nous allons définitivement mettre fin au conflit israélo-arabe », a-t-il déclaré récemment.

Selon le quotidien Yediot Aharonot, des pourparlers secrets seraient déjà engagés avec les Saoudiens auprès desquels Netanyahou se serait engagé à ne pas annexer de territoires supplémentaires en Cisjordanie. Un engagement qu’il lui sera difficile de tenir sans faire voler en éclat la coalition extrémiste qu’il dirige.

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