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L’affaire RS Berkane – USM Alger vue de l’étranger

L’affaire RS Berkane – USM Alger vue de l’étranger

Vue de l’étranger – excepté le Maroc où le soutien à la carte controversé est total, l’affaire RS Berkane – USMA dévoile la mainmise marocaine sur la CAF ainsi que sur l’incapacité de cette dernière à tenir ses compétitions loin des enjeux politiques du moment.

Comme le match aller, la rencontre retour de demi-finale de la Coupe de la Confédération africaine de football, devant opposer dimanche soir la RS Berkane et l’USM Alger, n’a pas eu lieu. Cette fois ce sont les Algériens qui ont refusé d’entrer sur le terrain.

En cause, la même carte de la discorde, celle du Maroc incluant le Sahara occidental occupé, arborée par les joueurs de l’équipe marocaine sur leurs maillots. Pour de nombreux observateurs africains, la CAF est en train de se planter une balle dans le pied en mettant en péril sa crédibilité et celle de ses compétitions.

Après l’annulation de la manche aller, prévue dimanche 22 avril à Alger, la CAF a rendu un verdict favorable à la RS Berkane, déclarée vainqueur par 3 buts à zéro. L’instance continentale ne s’est pas encore prononcée sur cette manche retour, mais il ne subsiste pas le moindre doute qu’elle déclarera le représentant du Maroc qualifié pour la finale.

L’USMA peut toutefois toujours espérer une décision différente du Tribunal arbitral du sport (TAS) de Lausanne qui a été saisi vendredi dernier par la Fédération algérienne de football.

Le dossier algérien est solide car il s’appuie sur les règlements de la CAF et de la Fédération internationale FIFA qui interdisent formellement l’usage de slogans politiques dans les rencontres de football.

La carte floquée sur le maillot de la RS Berkane rentre parfaitement dans cette case car elle inclue un territoire contesté reconnu par le droit international comme étant « non autonome » et en voie de décolonisation.

Le règlement de la FIFA relatif à l’équipement est d’une grande clarté par rapport au cas de la carte arborée sur le maillot des joueurs marocains. Il stipule dans son article 10.3.6 que les éléments décoratifs ne doivent pas « représenter le visage ou l’identité d’une personne, la forme d’un pays ou d’un territoire ou en donner l’impression ».

En dépit d’une telle clarté, la CAF assume avoir elle-même validé le maillot controversé du club marocain avant le début de la compétition.

Dans son verdict du match aller, elle a aussi piétiné son propre règlement qui exige que les publicités sur les maillots ne doivent pas être en contradiction avec la législation du pays hôte et que les équipes visiteuses doivent se munir d’une deuxième tenue sans aucune publicité. Ce que n’ont pas fait les Marocains lors de leur déplacement à Alger.

Affaire USM Alger – RS Berkane : la CAF met en péril ses compétitions

L’USM Alger a donc des chances de se voir rétablie dans ses droits par le TAS. Néanmoins, même si ce n’est pas le cas, la CAF aura perdu gros dans cette affaire.

À ce niveau, l’annulation de deux matchs d’un tour aussi avancé d’une grande compétition continentale ne restera pas sans conséquences sur le plan pécuniaire, de l’image et de la crédibilité. C’est surtout sous cet angle qu’est analysé dans le reste de l’Afrique ce bras de fer.

Gary Al-Smith est un journaliste ghanéen spécialiste du football africain. Il travaille pour de nombreux grands médias internationaux tels la BBC, The Guardian, CNN ou le New-York Times. Naturellement, il a bien suivi les péripéties de l’annulation de cette double confrontation algéro-marocaine.

Il retient surtout que « c’est très mauvais pour le football africain et pour la commercialisation de nos meilleures compétitions ».

« Ne vous y trompez pas », écrit-il sur X à l’adresse sans doute de ceux qui croient avoir déjà gagné. L’enjeu est en effet ailleurs que dans la qualification de l’une ou l’autre des deux équipes.

« Quel sponsor souhaite participer à une compétition dont le régulateur ne peut pas garantir que des bêtises politiques évitables entre deux pays gênent une demi-finale ? », s’interroge le journaliste qui estime que s’il y a quelqu’un à blâmer dans cette histoire, c’est bien la CAF pour avoir autorisé dès le début de la compétition l’équipe marocaine à porter un maillot avec un tel slogan politique.

Ce journaliste va plus loin et relève que cette affaire renforce les soupçons sur la mainmise marocaine sur les décisions de l’instance africaine. L’allusion est à Fouzi Lekjaa, président de la Fédération royale de football et membre du comité exécutif de la CAF où il est soupçonné de faire la pluie et le beau temps.

« Fouzi Lekjaa fait ce que bon lui semble dans les arcanes de la CAF », a confirmé pour sa part le journaliste égyptien Ouail Ibrahim qui, sur le plateau de Nile Sport, a démontré point par point le parti pris flagrant de la Confédération africaine dans cette affaire, au mépris de ses propres règlements.

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