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Lait : la vente concomitante, une pratique illégale qui reste monnaie courante

Lait : la vente concomitante, une pratique illégale qui reste monnaie courante

En matière de pratiques commerciales, certains opérateurs ne reculent devant rien. Pour ne prendre que l’exemple du lait subventionné en sachet, qui fait parler de lui ces derniers jours, les commerçants s’adonnent à la vente concomitante. Elle consiste à obliger le client qui souhaite acheter du lait subventionné à acheter également du lait de vache.

Ce qui n’arrange pas les affaires des clients, souvent avec des revenus modestes. Beaucoup de clients refusent d’acheter le lait de vache soit pour sa cherté (60 dinars le litre) ou tout simplement parce qu’ils ne le consomment pas habituellement.

« Si on fait le calcul, 4 sachets de lait pasteurisé reviennent à 100 DA, à raison de 25 DA le sachet, si on ajoute le sachet de 100% lait de vache à 60 DA, le total est de 160 DA. C’est cher et en plus c’est du gaspillage, puisque ni moi ni mes enfants et leur maman n’en consommons », fulmine Rachid, rencontré ce jeudi devant une épicerie à Meissonnier.

Cette pratique, de plus en plus courante, donne souvent lieu à des altercations entre clients et commerçants. « Il m’arrive souvent de m’accrocher avec des clients qui n’aiment pas le 100% lait de vache en raison de son goût. Le prix devient secondaire. Mais que voulez-vous que je fasse, on me l’a imposé à moi aussi, autrement je perds dans l’affaire », témoigne Merouane gérant d’une mini-supérette à Alger-centre.

« Il faut tout d’abord savoir que la vente concomitante est illégale et interdite par la réglementation algérienne dans tous les secteurs et pour toutes les transactions commerciales (produits ou services). Quand on voit un simple commerçant exiger de prendre un sachet de lait avec un sachet l’ben (lait caillé) ou du lait de vache, il faut savoir que cette pratique a été imposée au commerçant détaillant par les distributeurs qui, eux-mêmes, se sont vu imposer ce produit par certaines laiteries », explique à TSA Mustapha Zebdi président de l’Association de protection et d’orientation du consommateur (APOCE).

« Puisque la vente du lait en sachet pasteurisé est garantie, certaines laiteries obligent les distributeurs à prendre du lait de vache sinon ce sera une récolte à perte », précise-t-il.

« A chaque fois, nous interpellons les commerçants et les distributeurs et leur demandons de dénoncer ceux qui les obligent à prendre un autre produit avec le lait pasteurisé en sachet. Malheureusement, personne ne réagit, tant que chacun y trouve son compte et que le seul perdant dans cette histoire c’est bien le consommateur », relève-t-il.

Cependant, selon Zebdi, les choses commencent à changer. « Actuellement, nous recevons des requêtes de commerçants et de distributeurs qui se sont réveillés, après les décisions du ministère Commerce. La sensibilisation ne les a pas fait réagir. Aujourd’hui, la force de la loi les oblige à dénoncer et c’est tant mieux », explique-t-il.

Le président de l’Association des commerçants et artisans algériens (ANCA), Hadj Tahar Boulenouar relève également le caractère illégal de cette pratique de vente concomitante. « On ne doit pas imposer à un client d’acheter un produit en plus d’un autre », estime-t-il, tout en pointant du doigt les laiteries.

« Les transformateurs disent à leurs clients (les distributeurs) qu’ils ne peuvent pas leur vendre uniquement du lait pasteurisé au risque de voir les autres produits, tel que le lait caillé, leur rester sur les bras. Pour une quantité donnée de lait pasteurisé, donc, le transformateur ajoute une quantité d’autres produits. De son côté, le distributeur applique la même méthode avec le commerçant. Ce qui revient à dire que le commerçant est tout aussi victime que le client », relève Boulenouar.

Cette situation pousse des commerçants à arrêter définitivement la vente de lait, observe-t-il. Selon Boulenouar, les autorités doivent agir en amont, c’est-à-dire au niveau des laiteries. « Le contrôle ne doit pas se limiter uniquement au niveau du détaillant. Les services compétents doivent sanctionner les producteurs qui obligent les distributeurs et par conséquent les commerçants à prendre d’autres produits que le lait pasteurisé », recommande-t-il.

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