Économie

L’Algérie veut le lancer : le dinar numérique, de quoi s’agit-il ?

Au moment où le paiement numérique en Algérie traîne le pas, le Premier ministre a fait part de l’existence d’un projet de lancement du dinar numérique algérien.

S’exprimant lundi 26 décembre au cours d’une conférence organisée par la Banque d’Algérie, Aïmene Benabderrahmane a indiqué qu’un atelier a été ouvert par la banque centrale pour la numérisation des paiements « en s’orientant vers l’adoption d’une forme numérique de monnaie ».

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La nouvelle forme de monnaie s’appellera le « dinar numérique algérien » et la Banque d’Algérie aura la charge de son émission, sa gestion et son contrôle. Il est attendu qu’elle constitue un soutien à « la forme physique de la monnaie fiduciaire ».

Aïmene Benabderrahmane a évoqué le besoin de renforcer la sécurité des systèmes de paiements à l’ère de la numérisation, mais il ne s’est pas plus étalé sur la question.

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D’où une certaine incompréhension quant à la nature exacte de la monnaie annoncée. S’agit-il d’une cryptomonnaie algérienne, comme le Bitcoin, ou simplement d’un projet de numérisation des paiements ? « J’avoue que je ne comprends pas ce que ça signifie », reconnaît un spécialiste des questions monétaires, contacté par TSA.

Si l’Algérie envisage réellement de lancer une cryptomonnaie comme le Bitcoin, le spécialiste souligne que cela nécessite du temps, une grande préparation et une transparence absolue.

Aucune banque centrale n’a encore émis sa cryptomonnaie

« La cryptomonnaie, on sait ce que c’est. Mais son lancement nécessite des équipes de travail qui réfléchissent sur la manière d’organiser la blockchain dans le cadre d’une banque centrale », explique-t-il.

Selon notre interlocuteur, la cryptomonnaie est une monnaie qui obéit à sa propre logique. Pour le Bitcoin, qui est la monnaie virtuelle la plus solide, il n’y a pas de banque centrale qui garantit un minimum de supervision par une entité connue.

Les gens sont obligés de faire confiance à la partie qui l’émet sans la connaître, explique-il encore, ajoutant que la cryptomonnaie « c’est une très grande transparence ». « Est-ce qu’on est prêts en Algérie pour une transparence absolue ? », s’interroge-t-il.

Le spécialiste des questions monétaires révèle en outre qu’aucune banque centrale dans le monde n’a encore mis en place de monnaie numérique.

« Celles de la Chine et de la FED (États-Unis) ne sont pas encore prêtes et cela fait longtemps que les Européens réfléchissent à ça. Si à la Banque d’Algérie on a réfléchi au projet, j’aimerais bien savoir », indique-il.

L’autre possible interprétation du Premier ministre c’est la mise en place d’un support numérique, comme par exemple l’utilisation du téléphone pour les paiements.

« Mais cela, ça ne nécessite pas un changement de loi, il suffit d’une instruction de la banque centrale », estime notre interlocuteur.

« Il s’agit juste d’un instrument immatériel pour dématérialiser une monnaie, mais ce n’est pas une monnaie », conclut-il.

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