Économie

Le PDG d’Alliance Assurances dénonce les « pratiques scandaleuses » de la BEA

La Banque extérieure d’Algérie (BEA) favorise-t-elle les assureurs publics ? Dans un document en notre possession, la banque publique exige des entreprises de s’assurer auprès des compagnies publiques, y compris AXA Algérie, pour pouvoir bénéficier d’un crédit bancaire dont le montant est supérieur à 500 millions de dinars.

Les cinq assureurs à capitaux publics sélectionnés sont la SAA, la CAAR, la Cash, la CAAT, la CNMA et AXA Algérie, qui est détenue à 51% par l’État et 15% par la BEA. Leur seuil de couverture du risque est « illimité. »

Pour les compagnies privées (CIAR, Alliance Assurances, Assurance 2A, Cardiff, Salama et Trust Algérie), elles sont considérées comme des assureurs de seconde zone, et leurs assurances est valable pour des crédits compris entre 100 millions DA et 500 millions DA.

Pratiques scandaleuses

Contacté, le PDG d’Alliance Assurances Hassen Khelifati a qualifié les pratiques de la BEA de « scandaleuses, inacceptables et discriminatoires ».

Il affirme avoir pris contact avec les autres assureurs privés pour une action commune à partir de la semaine prochaine, notamment une saisine du PDG de la BEA, du ministère des Finances, la Banque d’Algérie, ainsi que l’Association des banques et établissements financiers (ABEF).

Khelifati dit ne pas vouloir saisir le Conseil de la concurrence car il n’est pas « sûr de son impartialité et sa capacité d’agir et d’imposer la loi ».

Pour le patron d’Alliance Assurances, le document de la BEA est une preuve irréfutable de la discrimination à l’égard des assureurs privés. « C’est la première fois qu’un document révèle que des instructions existent pour privilégier les entreprises publiques », dénonce Khelifati.

Pour lui, cette discrimination vise à « maintenir le monopole » des sociétés publiques et éviter que les compagnies privées « ne prennent du poids » sur le marché des assurances.

« Il n’existe aucun critère technique de réassurance ou de capacité managériale sur lesquels la BEA peut s’appuyer pour justifier cette exclusion dont sont victimes les assureurs privés », note M. Khelifati.

D’autant plus que « les capacités financières et de réassurance des entreprises privées peuvent aller au minimum jusqu’à 5 milliard de DA et par risque », se défend le patron de l’unique compagnie d’assurance cotée à la Bourse d’Alger. « Nous sommes dans une économie de marché, ces pratiques récurrentes sont anti-constitutionnelles et créent une distorsion dans le traitement des deux secteurs », déplore-t-il.

Ce n’est pas la première fois que les assureurs privés dénoncent la discrimination dont ils font l’objet sur le marché des assurances. En décembre dernier, ils avaient écrit une lettre au premier ministre Ahmed Ouyahia pour dénoncer les « pratiques anticoncurrentielles » dont ils sont victimes au profit des assureurs publics.

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