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Légalisation du cannabis : le Maroc franchit une nouvelle étape

Légalisation du cannabis : le Maroc franchit une nouvelle étape

Le Maroc, d’où provient l’essentiel du kif traité saisi et consommé en Algérie, a fait un nouveau pas sur la voie de la légalisation du cannabis, dont il est le principal producteur mondial. Le gouvernement marocain étudie en effet la possibilité de légaliser l’utilisation du cannabis lorsqu’il est destiné à des fins thérapeutiques, selon plusieurs médias dont Radio France International (RFI).

Un projet de loi « relatif à l’usage légal du cannabis » est ainsi actuellement à l’étude depuis jeudi. Le texte devrait être complété et approuvé lors du prochain conseil des ministres.

Selon les dispositions de ce projet de loi, une agence marocaine de régulation des activités liées au cannabis serait créée et aurait pour mission de « développer un circuit agricole et industriel » dans les régions « autorisées à produire » la plante de cannabis.

Le projet de loi légaliserait également l’usage thérapeutique du cannabis, limitant la production aux volumes « nécessaires pour l’aspect médical, pharmaceutique et industriel ». Il serait également exigé des cultivateurs agréés de cannabis d’intégrer des coopératives agricoles et de vendre exclusivement leur production à des sociétés autorisées.

Une note ministère de l’Intérieur marocain estime qu’une telle loi permettrait d’ « améliorer les conditions de vie des cultivateurs et de les protéger des réseaux de trafics de drogue ».

Le débat sur la légalisation du cannabis n’est pas nouveau au Maroc. Cette demande est particulièrement portée depuis des années par le Parti authenticité et modernité (PAM) qui est fortement implanté dans la région du Rif au nord du Maroc où les agriculteurs locaux vivent de cette culture. En septembre dernier, une députée de ce parti avait proposé un projet de loi pour la légalisation de la culture du cannabis.

Jusqu’à présent, le Maroc interdit strictement la culture, la vente et la consommation de cannabis. Cependant, dans les faits, la consommation de ce produit est tolérée dans le nord du pays et sa production ferait vivre jusqu’à 140 000 personnes, précise la même source.

Le Maroc principal « fournisseur » du cannabis à l’Algérie

La production annuelle de cannabis du Maroc est évaluée à plus de 700 tonnes, représentant une valeur de 23 milliards de dollars. La commission des stupéfiants de l’Onu a retiré en décembre dernier le cannabis de sa liste des drogues les plus dangereuses, pavant la voie à la reconnaissance du potentiel médicinal et thérapeutique de cette plante illégale dans nombre de pays à travers le monde.

Selon les données de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), le royaume a produit 35 652 tonnes d’herbe de cannabis et 713 tonnes de résine de cannabis durant l’année 2016. L’ONUDC a indiqué que le Maroc disposait en 2016 de 47 000 hectares de terres dédiées à la culture de cannabis, dont seulement 395 hectares ont été éradiqués cette année-là. 46 605 hectares de terres dédiées au cannabis étaient donc cultivables en 2016.

En Algérie, la possession et la consommation de cannabis sont illégales, avec des peines de prison encourues en cas de prise en flagrant délit. Plus de 88 tonnes de résine de cannabis ont été saisies par les autorités algériennes durant l’année 2020, dont 55,52 % dans l’Ouest du pays et 41,08 % dans le sud du pays, selon les données du de l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLDT).

Le Maroc est le premier et plus important fournisseur de cannabis à l’Algérie, en vertu de sa proximité géographique et de sa place parmi les plus exportateurs de ce produit dans le monde. Une situation qui avait entraîné une dénonciation publique de la part du gouvernement algérien en 2018.

« Concernant la question du Maroc et de la drogue, ce n’est pas un commentaire venant de moi (…) Tout le monde sait où se trouve le haschisch en Afrique du nord. Il ne nous vient pas d’Afghanistan, qui est trop loin de nous », avait affirmé le Premier ministre de l’époque, Ahmed Ouyahia, qui avait également fustigé sans nommer « tous ceux qui de l’extérieur tentent de noyer l’Algérie sous un énorme flux de haschisch et de cocaïne ».

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