Économie

L’épisode des scandales de corruption continue de peser sur Sonatrach

Le chiffre fait froid dans le dos : la compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach, a perdu pas moins de 10.000 cadres ces dernières années, a révélé ce lundi le patron du groupe, Abdelmoumen Ould Kaddour.

Outre le départ en retraite anticipée, des cadres ont préféré rejoindre des groupes internationaux en raison des avantages financiers qu’ils offrent. À cela s’ajoute, les conséquences des scandales qui ont éclaboussé la compagnie confinant les cadres à la peur, a expliqué Ould Kaddour lors d’une conférence sur la transition énergétique et la diversification économique de l’Algérie, organisée par le Conseil de la Nation.

« Nous n’avons pas les capacités de les retenir. Pour le faire, il faut de l’argent et rien d’autre », a affirmé Ould Kaddour. Il soutient que Sonatrach s’attèle à motiver ses compétences à travers leur implication dans la gestion et le développement de la compagnie. Selon ses chiffres, le groupe qu’il dirige a perdu 10.000 employés au cours des dernières années, dont une partie dans le cadre de la retraite anticipée et aussi pour toucher de meilleurs salaires ailleurs.

| LIRE AUSSI : Sonatrach se vide de ses cadres, selon Ould Kaddour

Le groupe a pâti des scandales

Récemment, Ould Kaddour, histoire de rassurer les travailleurs, a lancé un appel pour faire de Sonatrach une entreprise commerciale libérée de la bureaucratie. Dans ce contexte, il déploré les conséquences des scandales de corruption qui avaient éclaboussé la compagnie et qui ont fait qu’ « aucun Algérien, travaillant pour le groupe, ne prenait de décision ».

« Les gens du groupe ont été psychologiquement détruits. Ils se disaient pourquoi prendre une décision pour se retrouver par la suite en prison », a-t-il déploré. « C’est dans ce sens que nous avions lancé cet appel pour que les gens travaillent en se sentant protégés dans un pays où il y a la loi », a-t-il expliqué.

Selon lui, certains effectifs de Sonatrach étaient partis parce qu’ils « ne se sentaient plus en sécurité ». « Si les gens restent sur leurs chaises et ne prennent plus de décision, nous serons appelés à disparaitre dans quelques années », a-t-il mis en garde.

Par ailleurs, à une question des sénateurs sur l’accès des entreprises locales au marché du secteur de l’énergie, le PDG de Sonatrach a expliqué que la contribution au développement des entreprises locales était placée au cœur de la nouvelle stratégie du groupe à l’horizon 2030. « Faire travailler les entreprises locales est un objectif fondamental pour Sonatrach. Nous sommes tous fiers de voir des entreprises nationales travailler avec nous. Et ça c’est le rôle fondamental de Sonatrach qui ambitionne d’être la locomotive de l’économie nationale et du développement de l’outil de production national », a-t-il affirmé.

Dans ce cadre, il a annoncé l’organisation les 24 et 25 juin prochain à Alger d’une rencontre avec des entreprises locales visant à mettre sur pied des projets communs. D’autre part, il a révélé que la Loi accordant la priorité au recrutement des jeunes des régions du Sud dans le cadre des projets de la compagnie est toujours en vigueur « mais ne constitue pas une solution définitive ». Il a plaidé pour la formation dans les métiers de l’industrie pétrolière, gazière et pétrochimique, à travers la création de centres, comme celui envisagé à Illizi.

| LIRE AUSSI : Le fiasco du rachat d’une raffinerie en Sicile par Sonatrach

Les plus lus