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Les promesses de Bouteflika déjà contredites ?

Les promesses de Bouteflika déjà contredites ?

Si la promesse est une « dette » qu’il ne faut pas contracter si elle n’est pas « juste et possible » comme le recommande Confucius, il n’en est pas ainsi en politique. Et c’est une grande figure française qui le dit avec un cynisme assumé. Reconnaissons-lui sa sincérité. « Les promesses n’engagent que ceux qui y croient », disait Jacques Chirac.

En campagne, l’homme politique est comme un fiancé avant les noces. Et ce n’est pas le président Bouteflika qui aura l’impertinence de contredire son ami corrézien, lui aussi victime d’un AVC en septembre 2005 qui avait produit des troubles visuels rapidement estompés. Mais il n’a pas eu la force de défier la maladie et a fait le choix de renoncer à la politique et de cesser de faire des promesses.

Ce qui n’est pas le cas de Bouteflika qui continue de prendre des engagements, de surcroît écrits. Mais à peine énoncés ils sont déjà démentis. A moins de considérer que la décision frappant les groupes de médias Chourouk et El Bilad ne tient pas de promesses du 5e mandat. Ou n’émane pas de la présidence.

Assimilés pourtant à des médias plutôt conciliants avec les autorités, les deux groupes ont fini la journée d’hier avec le sentiment d’avoir été punis. L’ANEP, dont la mission est d’acheter la docilité des médias par le biais de la publicité des administrations et des entreprises publiques, les a privés de leur part de la manne. Motif supposé : les chaînes éponymes ont couvert la dernière grande manifestation contre le 5e mandat après avoir occulté la précédente, suscitant le mécontentement de leurs téléspectateurs.

Dans sa lettre aux Algériens adossée à son dossier de candidature, M. Bouteflika a fait « le serment » de « ne laisser aucune force détourner le destin et les richesses de notre Nation au profit d’intérêts personnes ou de groupes occultes ». La lettre contient six engagements, dont le dernier est la tenue d’une élection présidentielle anticipée à laquelle il ne serait pas candidat.

Cet engagement donne au cinquième mandat annoncé les allures d’une prolongation du quatrième. Ce n’est plus un secret: ce projet a bien été à l’ordre du jour, avant d’être retiré. Il donne l’avantage de garder la présidence sans les contraintes liées à une élection. Il s’agit notamment du dépôt de dossier de candidature qui a donné lieu à une bataillé juridique censée avoir été déjà réglé par le Conseil constitutionnel.

Autre contrainte, plus dure encore: la cérémonie d’investiture qui doit se dérouler en public avec prestation de serment. En 2014, elle fut achevée dans la précipitation. Qu’en sera-t-il cette fois alors que l’état de santé du candidat semble plus dégradé encore. L’obstination à garder le palais dans ces conditions malgré des manifestations qui suscitent l’admiration du monde cache peut-être des « promesses » non contenues dans la lettre aux Algériens. Ou peut-être des engagements que les nécessités biologiques ne peuvent retarder très longtemps.

Pour rendre un peu crédibles les engagements, il faut peut-être des gages immédiats avant même la tenue de l’élection du 18 avril. Ça commencera par le renvoi des figures qui ont incarné les 20 ans du règne. Ce sera déjà une manière d’absorber la colère qui continue de monter contre le 5e mandat.

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