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Mariages en Algérie : reprise sous le signe de l’austérité

Mariages en Algérie : reprise sous le signe de l’austérité

En Algérie, les mariages repartent à la hausse, après deux ans de restrictions à cause du Covid-19 ; mais cette reprise se fait sous le signe de l’austérité, en raison de la crise économique qui frappe le pays.

Il y a ceux qui ont convolé en justes noces durant la pandémie du Covid sans frais ni fanfares. Et il y a les autres ! Ceux qui ont patienté pour pouvoir fêter leurs épousailles, inviter leurs proches et faire de ce jour un souvenir mémorable.

Mais avant d’envoyer les cartons d’invitation, mieux vaut s’assurer que le bas de laine est bien rempli. Célébrer un mariage en Algérie coûte les yeux de la tête. Un tour au salon du mariage qui se tient aux Palais des expositions des Pins Maritimes (Alger) du 25 au 31 juillet donne le ton.

De nos échanges avec les exposants qui proposent différentes prestations, il ressort que les mariages sont de retour en force après l’épisode Covid mais que les mariés ne mettent plus autant d’argent qu’avant pour la fête.

L’inflation actuelle et la chute du pouvoir d’achat des Algériens a obligé les couples à réduire la facture du mariage. Trois gâteaux au lieu de huit, deux tenues au lieu de sept, réduction dans la liste des invités, etc.

De leur côté, certains prestataires de service tentent de faire des offres alléchantes afin de retenir les clients et tirer leur épingle du jeu.

La salle des fête Zaccar de l’Hôtel Holiday Inn (Alger) tente une opération séduction envers les visiteurs : «  Toute réservation ouvre droit à la gratuité d’une chambre pour la nuit de noces dans cet hôtel », nous lance Malia Zerguie, la commerciale.

Deux formules sont proposées par cette salle des fêtes. La première à 6200 dinars algériens par invitée avec un menu traditionnel (entrée, plat, dessert et boissons).

Le menu « occidental » est à 5800 dinars algériens par personne. On peut aussi opter pour la formule « prestige ». Il faut alors débourser 490 000 DA pour 100 personnes.

Pas de robe blanche cette année !

Du côté des tenues, il faut aussi casser sa tirelire pour être sur son 31 le jour J. Selena Fashion House propose des karakous, caftans, et autres robes « princesse ».

Mohamed Bali, styliste et propriétaire de l’atelier qui réalise ses robes haute couture à Rouiba nous révèle : « Je n’ai pas augmenté mes prix pour cet été. La pandémie a plombé mon business à l’instar d’autres collègues du secteur mais là les affaires reprennent. La demande reste toutefois inférieure par rapport aux années avant Covid à cause du pouvoir d’achat qui a pris un sérieux coup sur la tête. » « Les mariées ont réduit le nombre de tenues de la ‘tasdira’. D’une dizaine, elles sont passées à deux ou trois robes », ajoute-t-il.

Dans cette enseigne, il faut débourser entre 120 000 et 600 000 dinars algériens pour un caftan, entre 98 000 DA et 400 000 DA pour un karakou et autour de 150 000 DA pour une blouza oranaise.

Pour limiter la casse, de nombreuses mariées ont recours à la location. « Robe Blanche Maria », une enseigne située à Belcourt est présente au Salon du mariage d’Alger.

« Nous proposons des robes blanches et des karakous à la location. Il faut compter entre 15 000 da et 20 000 da et laisser une caution de 7000 da », nous informe Aicha Brakiia, la patronne de l’enseigne.

« Les mariées limitent leurs dépenses à cause de la cherté de la vie actuelle. Dans le temps, elles louaient robe blanche et karakou. Signe des temps : certaines de mes clientes sacrifient même la robe blanche !  Une hérésie par rapport aux années précédentes ! L’inflation dicte sa loi et chacun fait comme il peut. »

Des gâteaux traditionnels pour les invités

En Algérie, une fête de mariage sans gâteaux, n’en serait pas une. Plusieurs exposants pressentent leur savoir-faire dans ce domaine à travers des plateaux qui donnent l’eau à la bouche.

Halte chez « Les Délices de Mika ». Amina Mokdad et ses deux filles, Karima et Leila, sont spécialistes dans la préparation des gâteaux de fêtes. Une dégustation est offerte aux visiteurs. Baklawa, m’khabaz, makrout, cigare, m’hancha, mignardises : des gourmandises qui ont un prix.

« Cela commence à 50 da pièce pour les sablés jusqu’à 200 da la m’hanche ou le m’khabaz’ », détaille Amina. « Les prix des ingrédients ont fortement augmentés ces derniers temps. La tendance en ce moment est de réduire le nombre de gâteaux offerts aux invités. Fini les 8 ou 10 pièces ! Quatre gâteaux en moyenne font l’affaire ! »

Photos, vidéos, roses et coiffures

Célébrer son mariage c’est aussi immortaliser ce jour. Pour ce faire, les mariées sollicitent des photographes. Studio Ayoub offre ses services durant le salon du mariage.

Ayoub Djoumadi, le patron propose des vidéos de l’avant mariage et de la cérémonie, au prix de 65 000 da. « Nous filmons la mariée chez la coiffeuse et pendant qu’elle se prépare à se rendre à la salle des fêtes », confie-t-il. Quant à l’album  photo, les prix démarrent à 25 000 da » ajoute-t-il.

L’une des plus belles présentations de ce salon est incontestablement Lovely Flower, une enseigne spécialisée dans la décoration florale, dont la boutique se trouve dans le quartier d’El Mouradia à Alger.

Une petite camionnette fleurie attire des nuées de visiteurs. Lynda Si Mohand, la propriétaire, s’est lancée dans ce créneau il y a trois ans.

« Je vends des bouquets pour la mariée et m’occupe de la décoration des salles de fête (scène, table d’honneur, jardins et chapiteaux, chambre de la nuit de noces et même voitures des mariés. Les fêtes ont heureusement repris après deux ans de stagnation. On retrouve enfin le sourire », conclut-elle.

Quant aux prix, il faut compter 150 da la rose locale et entre 250 DA et 300 DA pour celle d’importation.

La Bourgeoise, institut de beauté (Kouba) propose trois packs aux mariées. Classique à 35 000 Da ;  Premium : 45 000 da et VIP : 70 000 da.

« Pour attirer la clientèle, nous offrons la location de la robe blanche ou d’une tenue gratuitement » nous apprend Wissem Guerid, la gérante.

La 10e édition du salon du mariage s’achève dimanche 31 juillet. En ces temps de vaches maigres, les futurs mariés tentent, par tous les moyens, de réduire au maximum la facture. Un exercice de haute voltige vue l’augmentation des prix de toutes les prestations.

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