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Maroc – Algérie : la stratégie de la tension atteint le sport

Maroc – Algérie : la stratégie de la tension atteint le sport

Le Maroc n’enverra pas son équipe de football des locaux pour participer au CHAN 2022 qu’organise l’Algérie entre le 13 janvier et le 4 février 2023.

Jusqu’à la dernière minute, le suspense est maintenu, tenant en haleine non seulement les organisateurs du tournoi, mais aussi la Confédération africaine de football, les autorités politiques du pays et le public sportif algérien et africain.

Le boycott a été annoncé officiellement, mais certaines sources n’excluaient pas un autre revirement de la FRFM.

Les autorités marocaines, par le biais du président de la Fédération royale de football Faouzi Lekjaa, ont mis une conditions qu’ils savent difficile à satisfaire.

Elles ont exigé que leur équipe puisse faire le déplacement par vol direct de Rabat à Constantine via un vol de la Royal Air Maroc, alors que l’Algérie a fermé son espace aérien aux avions marocains depuis septembre 2021.

| Lire aussi : CHAN 2022 en Algérie : cérémonie grandiose et quelques couacs

Alger a aussi rompu ses relations diplomatiques avec Rabat en août 2021, suite à une série de provocations et d’actes hostiles du Maroc.

Il est évident que toutes les mesures prises par l’Algérie, qui a également fermé le gazoduc Maghreb-Europe (GME) en novembre de la même année, relèvent de sa pleine souveraineté et ne peuvent être levées que sur une décision tout aussi souveraine, en tout cas pas sous la contrainte, les menaces ou le chantage.

D’autant plus que le vol direct n’est pas l’unique moyen pour l’équipe marocaine de se rendre en Algérie.

La plupart des équipes participantes ont rallié Alger ou les autres villes qui accueillent des matchs du CHAN en effectué des escales dans d’autres pays, en l’absence de ligne direct ou de vol disponible vers l’Algérie.

Les Marocains eux-mêmes l’avaient fait et il n’y a pas longtemps.

Pour prendre part à la dernière édition des Jeux méditerranéens, tenue à Oran en juin-juillet derniers, la délégation marocaine n’avait pas pris de vol direct.

Elle pouvait en temps normal s’y rendre même par route, la ville d’Oran n’étant pas loin de la frontière marocaine.

Mais cette dernière est fermée depuis 1994, et avec la fermeture de l’espace aérien, les athlètes marocains ont pris un autre chemin.

Ils ont trouvé un accueil mémorable à l’aéroport et participé aux différentes compétitions dans les meilleures conditions.

Maroc  – Algérie : un remake du Sommet arabe d’Alger 

Il est à se demander si les responsables marocains n’avaient pas l’intention dès le début de boycotter le CHAN avec l’objectif sournois de gâcher la fête et de faire perdre des points à l’Algérie dans la course à l’organisation de la CAN-2025, pour laquelle le Maroc est également candidat.

À moins qu’ils aient fait un mauvais calcul en croyant que l’Algérie allait céder pour sauver le tournoi et offrir au Maroc une victoire symbolique dans le bras de fer politique entre les deux pays.

Cet épisode rappelle celui du dernier Sommet arabe d’Alger (1er et 2 novembre 2022) lorsque le Maroc a maintenu le suspense jusqu’à la dernière minute pour qu’à la fin, le roi Mohammed VI renonce à sa participation.

Le roi aurait donné son accord verbal pour venir à Alger, mais la veille du Sommet, son ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a prétexté des incidents et un mauvais accueil pour rendre les autorités algériennes responsable de la défection de Mohamed VI.

Selon la lecture qui a été faite de ces péripéties par certains observateurs, le souverain marocain n’avait jamais eu l’intention de se déplacer à Alger.

Avec cette deuxième défection en seulement deux mois, les responsables marocains montrent clairement que dans leur stratégie de tension, l’Algérie ne doit pas rayonner en réussissant l’organisation de grands événements internationaux.

Et cela remonte à bien avant la crise en cours.

En 2015, le Maroc avait renoncé volontairement à l’organisation de la coupe d’Afrique des nations à quelques semaines de son début.

L’explication officielle avancée était la crainte de voir l’épidémie d’Ébola atteindre le pays.

Mais ce n’était qu’un prétexte, ont estimé de nombreux observateurs qui y ont plutôt vu une crainte de voir l’équipe d’Algérie, qui sortait d’une excellente Coupe du monde 2014 au Brésil, soulever le trophée africain en terre marocaine.

L’Algérie a pourtant salué à tous les niveaux le parcours de l’équipe du Maroc à la dernière Coupe du monde au Qatar, où elle a atteint les demi-finales, y compris par le président de la République Abdelmadjid Tebboune.

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