Économie

Maroc : nouvelle polémique autour des dattes algériennes

Les dattes algériennes sont à nouveau au cœur d’une polémique au Maroc. Comme il y a une année à l’approche du Ramadan, les appels à boycotter les dattes en provenance d’Algérie se multiplient sur les réseaux sociaux, dans un contexte de tensions entre les deux pays.

Au total, 500 kilogrammes de dattes en provenance d’Algérie ont été détruites après avoir été saisies au niveau d’un entrepôt situé dans le quartier de Derb Soltan à Casablanca, indique le site marocain Ya Biladi.

Ces dattes seraient entrées au Maroc de manière illégale puisqu’elles n’ont pas été soumises aux contrôles des autorités, ajoute la même source.

L’importateur n’a pas pu fournir les documents ni les autorisations pour démontrer que les quantités de dattes ont été importées dans le respect de la loi.

Cette importante saisie intervient à dix jours du début du mois de Ramadan où les dattes sont très consommées au Maroc comme dans tous les pays musulmans.

La circulation de dattes provenant d’Algérie et de Tunisie fait jaser les professionnels du secteur au Maroc qui réclament la protection du produit marocain.

L’inondation du marché des dattes par des produits provenant de Tunisie mais surtout d’Algérie a suscité une certaine polémique dans laquelle se sont impliqués des partis politiques.

Il y a quelques jours, le Parti du progrès et du socialisme (PPS) a appelé à «valoriser le produit national des dattes et le protéger de la concurrence déloyale».

Les dattes algériennes au menu du Parlement marocain

La polémique a atteint le parlement marocain. Selon le site le 360.ma citant le quotidien Assabah, des députés de l’opposition ont interpellé le ministre de l’Industrie et du commerce, Ryad Mezzour, pour qu’il ferme « toutes les issues devant l’importation des dattes algériennes » qu’elle soit faite de manière légale via l’Europe ou illégale via la contrebande.

La raison évoquée est la présence des matières cancérigènes à cause du recours excessif aux pesticides d’après les députés.

Le député Addi Chagiri a cité nommément «le produit algérien importé en contrebande via le Mali et la Mauritanie, par le passage d’El Guerguerat et qui ne respecte pas les normes minimales de sécurité et de santé».

Les élus ont appelé les autorités marocaines à poursuivre en justice tout vendeur de dattes algériennes qui dissimule leurs origines.

Une campagne bien rodée

La polémique sur les dattes algériennes est visiblement devenue une tradition au Maroc durant la période juste avant le début du mois de Ramadan.

L’année passée à la même période, on a assisté aux mêmes réactions hostiles envers les dattes algériennes au Maroc. C’était également le cas en avril 2021 qui coïncidait avec le mois de Ramadan.

En 2022, une large campagne de boycott des dattes provenant d’Algérie avait été menée sur les réseaux sociaux.

La campagne a refait surface bizarrement cette année sur les réseaux sociaux. Un Hashtag de boycott des dattes algériennes cancérigènes est lancé depuis quelques jours.

Pour ce qu’on peut appeler l’édition 2023 de la campagne anti-dattes algériennes au Maroc, l’argument utilisé est la présence de matières cancérigènes, les années précédentes on évoquait le fait que les dattes avaient été cultivées dans des terres ayant subi des irradiations nucléaires au Sahara en Algérie tandis que d’autres parlaient de produits « frelaté ».

Loin de la propagande marocaine

En réalité, les dattes algériennes figurent parmi les meilleures au monde. Elles s’exportent partout dans le monde.

Selon les chiffres de l’organisation onusienne pour l’alimentation et l’agriculture, l’Algérie a produit 1,2 million de tonnes de dattes en 2021, ce qui la place au quatrième rang des pays producteurs derrière l’Egypte avec 1,7 million de tonnes, l’Arabie Saoudite et l’Iran avec respectivement 1,5 et 1,3 millions de tonnes.

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