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Maroc – PE : nouvelles révélations sur l’espion à l’origine du scandale

Maroc – PE : nouvelles révélations sur l’espion à l’origine du scandale

Le Maroc est empêtré depuis décembre dernier dans un grave scandale en Europe après le démantèlement par la justice belge d’un réseau de corruption de députés européens par des États étrangers.

Plusieurs mois après le début des investigations, les révélations se poursuivent et accablent chaque jour davantage le royaume.

Les dernières en date concernent l’espion qui a joué un rôle central dans la mise en place du réseau.

De « Qatargate », l’affaire est devenue pour la presse mondiale le « Moroccogate » car les enquêteurs ont conclu que l’émirat du Golfe n’a fait qu’utiliser à son compte la machine à corrompre mise en place par le royaume maghrébin.

Des preuves matérielles et des aveux ont permis d’établir que les services marocains ont remis de l’argent à des élus européens moyennant le soutien aux positions et aux intérêts du Maroc.

Une somme de 1,5 million d’euros en liquide a été retrouvée dans l’appartement du député italien Pier Antonio Panzeri.

Les écoutes et les aveux d’autres suspects, dont Giorgi, assistant parlementaire et compagnon de la vice-présidente du PE, la Grecque Eva Kali  – incarcérée elle aussi – ont fait ressortir que cet argent provenait du Maroc.

Il était remis régulièrement par Abderrahim Atmoun, ambassadeur du Maroc en Pologne. Il a été aussi établi que les suspects ont multiplié les séjours au Maroc aux frais de cet État.

Derrière tout cela, se trouvait la DGED (Direction générale des études et de la documentation), les services de renseignement extérieur marocains, à travers l’un de ses officiers, Mahamed Belahreche.

Une nouvelle enquête du média français Le Journal du Dimanche (JDD) dévoile plus de détails sur son identité et ses méthodes.

Le journal lui prête une « discrétion » et « une force de persuasion » qui lui ont permis de « tromper son monde pendant des années ».

Mais on ne peut pas tromper tout le monde tout le temps. D’autant plus que beaucoup de maladresses ont été commises par les services marocains dans cette affaire, jusqu’à susciter l’ire du roi Mohamed VI qui ne semble pas apprécier l’amateurisme de ses services qui a fini par coûter très cher au royaume.

Des bruits courent au Maroc sur la disgrâce et un éventuel limogeage du patron de la DGED, Mohamed Yacine Mansouri, ami de longue date du roi.

Début avril, la presse marocaine avait relevé l’absence énigmatique de Mansouri lors de la visite au Maroc du directeur de la CIA américaine, William Burns.

Depuis l’éclatement du scandale, le Maroc a perdu son « immunité » au PE et a fait l’objet de deux résolutions défavorables en une semaine, une première.

Mohamed Belahreche, l’espion qui a mouillé le Maroc et ses services

Pour revenir à Belachreche, le JDD dévoile que son matricule au sein de la DGED est « M118 » et que, dans la biographie qui lui a été « inventée », il est indiqué qu’il est né il y a 58 ans à Nador, dans le nord du Maroc.

Les enquêteurs ont établi que Belahreche était l’officier traitant d’un diplomate surnommé « le Géant ». Pour la presse belge, dont le quotidien Le Soir, « le Géant » n’est autre que l’ambassadeur Atmoun.

Aussi « discret » soit-il, Belahreche a fini par être rattrapé par toutes ses manigances en Europe, dont certaines ont été dévoilées en leur temps par la presse et donné lieu à l’engagement de poursuites.

Le JDD cite son rôle dans l’infiltration en 2013 de mosquées fréquentées par des ressortissants marocains en Espagne et surtout l’affaire de la corruption d’un officier de la police des frontières françaises.

Les faits se sont déroulés en 2016 et ont été révélés en 2017 par Libération. Belahreche avait obtenu d’un capitaine de la PAF en poste à l’aéroport d’Orly, toujours moyennant argent liquide et voyages gratuits au Maroc, une liste de 200 personnes fichées S (islamistes radicaux) ainsi que des renseignements sur les déplacements de responsables algériens en France.

En décembre 2021, le journal Le Point a révélé un autre scandale impliquant Belahreche.

Ce dernier a tenté d’infiltrer les institutions représentatives des musulmans de France, notamment le Conseil français du culte musulman (CFCM) dirigé par le Marocain Mohamed Moussaoui.

Belahreche avait alors été décrit par Le Point comme étant « plus qu’un simple agent », mais un « un rouage essentiel » de la DGED.

Les services marocains sont « très intrusifs » partout dans le monde où il y a une forte communauté marocaine, indique un spécialiste du renseignement, cité par le JDD.

Belahreche fait l’objet lui-même d’un fichage « », en sa qualité d’agent étranger à surveiller.

Il n’est pas un inconnu pour les services français, mais la justice, qui le poursuit dans le cadre de l’affaire de corruption de l’officier de la PAF, peine à établir sa véritable identité.

Il est aussi introuvable à l’adresse qu’il a fournie (à Bischheim, près de Strasbourg) lorsqu’il a obtenu un titre de séjour de dix ans en 2010.

À sa place, les enquêteurs ont trouvé un certain Fouad D. qui n’est autre que le gérant d’une société en charge de la construction d’une mosquée à Strasbourg, financée par le Maroc.

Poursuivi pour « corruption » et « recel de biens provenant de la violation de secret professionnel », Mohamed B. a fait l’objet d’un mandat d’arrêt émis en 2018.

Son procès devant le tribunal de Créteil est prévu le 9 novembre prochain. Mais les chances de le voir à la barre sont quasiment nulles.

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