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Maroc : vives critiques contre la France et l’Algérie

Maroc : vives critiques contre la France et l’Algérie

Mis de nouveau au pilori par le Parlement européen sur la question des libertés, le Maroc s’en prend à l’Algérie et à la France.

Le Parlement européen a voté jeudi dernier une résolution condamnant fermement les atteintes aux droits de l’homme au Maroc, notamment l’emprisonnement de journalistes poursuivis pour de fallacieuses accusations de crimes sexuels.

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Le PE a aussi condamné la corruption de certains de ses membres par le Maroc afin d’influencer la politique étrangère de l’Europe, comme l’a démontré une enquête de la justice belge.

La résolution a fait très mal au royaume, comme on peut le voir à travers les commentaires de responsables, observateurs et journalistes locaux. Signe de la gravité de la situation, les deux chambres du parlement marocain se sont réunies exceptionnellement en congrès et décidé de « reconsidérer » les relations avec le Parlement européen.

La France et l’Algérie sont, par ailleurs, unanimement désignées comme les responsables de cette condamnation retentissante. Le site 360.ma rapporte les réactions du président français Emmanuel Macron et du président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez, fustigeant la « gêne » du premier et saluant la « clarté » du second.

Macron aurait refusé de commenter la résolution au nom du principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des États. Le journal fait remarquer que la résolution est en elle-même une « ingérence ».

Sanchez, en revanche, a rejeté la résolution du parlement de Strasbourg, et salué les « excellentes » relations entre l’Espagne et le Maroc. Les députés européens de son parti, le PSOE, ont d’ailleurs voté contre le texte.

« Ce sont les macronistes qui ont voté »

Le politologue Driss Aissaoui, cité par Hespress, reconnaît que cette mise au pilori a été « très très mal reçue par les politiques » au Maroc. Lui aussi, il accuse le président français en notant que ce sont les « macronistes » qui ont voté pour la résolution ainsi que ceux qui « travaillent en étroite coopération avec le voisin algérien ».

Alors que le Moroccogate éclabousse gravement le Maroc et les preuves de son implication directe dans la corruption de députés européens n’en finissent pas de fuiter, le politologue prend le risque de se ridiculiser en accusant les autorités algériennes d’avoir « mis beaucoup d’argent » dans le « lobbying » afin d’ « infléchir l’autorité du Maroc ».

Faute d’arguments à même de battre en brèche les accusations qui accablent son pays, Driss Aissaoui tente la diversion en invitant l’Europe à regarder du côté de l’Algérie.

« On se demande bien pourquoi la France ou encore l’Europe ne remet pas en cause la stabilité ni le caractère, disons, incongru du pouvoir algérien », dit-il.

Pour lui, c’est sa place en Afrique qui  « crée des problèmes » pour le Maroc avec la France qui a « perdu pied » sur le continent. Or, tout le monde sait que le froid entre les deux pays est du en partie à un autre grave dérapage dont s’est rendu coupable le royaume, soit l’espionnage du téléphone du président français via le logiciel israélien Pegasus.

Si la résolution du Parlement européen a, à ce point sonné les dirigeants marocains, c’est aussi parce qu’ils viennent de constater que leur stratégie a produit le contraire de l’effet escompté.

Ces dernières années, leurs relais et lobbyistes se sont attelés à lui attribuer le beau rôle de la monarchie constitutionnelle et démocratique, tout en accablant l’Algérie de tous les attributs de l’autoritarisme.

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