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Mohamed VI s’en va en vacances chez l’ennemi

Si le Maroc a un ennemi en Amérique Latine c’est bien Cuba. Or c’est justement dans cet archipel que le roi Mohamed VI a entamé, ce vendredi 7 avril, des vacances en famille. L’information a laissé stupéfaits bon nombre de diplomates qui suivent de près l’actualité politique marocaine.

C’est un journal numérique hispanophone qui se consacre au tourisme dans les Caraïbes, Caribbean News Digital, qui a annoncé la nouvelle le weekend dernier en se trompant un peu sur la date de son arrivée. Le journal en ligne marocain le plus proche du Palais, Le 360, l’a confirmée six jours après. Le souverain, de 53 ans, et sa famille ont quitté Casablanca peu après la prière du vendredi pour se rendre à Cuba.

Mohamed VI ira d’abord à Cayo Santa María, une île paradisiaque de 21 kilomètres carrés. C’est là que la famille royale au complet passera quelques jours à la plage. Le roi est accompagné de son épouse, la princesse Lalla Salma, et de ses deux enfants, le prince héritier Moulay Hassan, presque 14 ans, et sa sœur, la princesse Lalla Khadija, 10 ans. Après Cuba le monarque se déplacera probablement, en visite de travail et sans sa famille, dans un autre pays d’Amérique Latine.

Le 360 laisse entendre que le roi a bien mérité ces vacances car « son agenda a été des plus chargés ». Depuis l’automne il a, en effet, effectué trois longues tournées africaines -la dernière a duré 45 jours- et à son retour, fin mars, il a eu de nombreuses activités au Maroc. Les périples africains ont cependant été émaillés de brefs séjours de repos dans les pays qu’il visitait.

Le 360 et les autres médias marocains qui donnent l’information ne mentionnent pas que le Maroc n’entretient pas de relations diplomatiques avec Cuba depuis 1980. Même du temps ou les deux pays avaient des relations, elles n’étaient pas cordiales à cause, notamment, du soutien diplomatique et militaire que le président Fidel Castro fournit à l’Algérie pendant la guerre des Sables (octobre 1963-février 1964).

Cuba est depuis les années soixante-dix le plus ferme défenseur du Front Polisario en Amérique Latine, devançant le Venezuela, le Nicaragua, la Bolivie ou l’Uruguay. Des milliers des jeunes sahraouis ont étudié dans ses écoles et ses universités ; ses instructeurs militaires et ses médecins sont allés dans les camps du côté de Tindouf pour apprendre le maniement des armes aux recrues ou soigner les réfugiés. Rien, apparemment, n’a changé ces derniers mois dans cet appui indéfectible de La Havane.

C’est bien pour cela que le choix de l’archipel pour les vacances royales étonne. « C’est un peu comme si John Kennedy s’était rendu à Cuba en vacances en pleine crise des missiles », en 1962, se surprend un diplomate occidental qui vient de rentrer du Maroc. « C’est presque comme s’il passait ses vacances en Algérie, encore que Alger et Rabat entretiennent des relations diplomatiques ce qui n’est pas le cas avec Cuba», ajoute-t-il.

Mohamed VI s’était déjà rendu en vacances aux Caraïbes, en République Dominicaine, en décembre 2004 accompagné par 300 personnes. Ana Jiménez, porte-parole à l’époque du Secrétariat au Tourisme, s’était réjouie de sa visite qui contribua à la promotion de l’île. Les autorités cubaines gardent, pour le moment, le silence.

La Havane rassure le Front Polisario

Selon des sources diplomatiques cubaines, Raul Barzaga Navas, l’ambassadeur de Cuba à Alger s’est déplacé la semaine dernière à Tindouf pour y rencontrer le président sahraoui et chef du Polisario Brahim Ghali. Le diplomate cubain a informé Ghali du prochain séjour du souverain marocain à Cuba en lui expliquant que cette visite privée ne signifiait aucunement un changement de position de Cuba sur le dossier sahraoui.

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